Benoît Sicart : « Le MHR devient de plus en plus ambitieux »
Benoît Sicart vient de passer professionnel au MHR. Jeune arrière de 23 ans formé au club et révélation de la saison dernière, il commence à s’imposer dans l’effectif dirigé par Fabien Galthié. Le Nouveau Montpellier l’a rencontré et a recueilli en exclusivité ses impressions sur les ambitions de son équipe, sur les joueurs cadres, sur la star René Ranger ou encore sur la formation française. Entretien.
Le Nouveau Montpellier : Rappelle-nous un peu ton parcours ?
Benoît Sicart : C’est la première année que je suis professionnel, mais ça fait cinq ans que je suis au club et que je joue en espoir. À la base, je viens de Narbonne et je suis arrivé à Montpellier à l’âge de 18 ans. J’ai été formé au MHR mais j’ai également suivi le cursus fédéral, c’est-à-dire le pôle espoir et le pôle France avec lesquels j’ai eu quelques sélections en équipes de France jeunes.
Comment se passe ton début de saison ?
Jusque-là, tout s’est bien passé. J’ai beaucoup enchaîné de matchs et globalement je suis assez satisfait. Après, c’est vrai qu’on veut toujours plus jouer. Si je pouvais avoir encore plus de temps de jeu, j’en serais plus heureux.
Tu partages le poste d’arrière avec Anthony Floch et Pierre Bérard et tu as été titulaire à peu près la moitié des matches. As-tu gagné la confiance de Fabien Galthié ?
Gagner sa confiance, c’est un bien grand mot (rires). Honnêtement, je ne sais pas. Il faut faire ses preuves et ça passe par le temps de jeu. On a pas mal partagé les matches avec Anthony (Floch), et maintenant Pierre (Bérard) est revenu de blessure et devient candidat à l’arrière. Maintenant, on est trois sur le poste, donc ça va être plus compliqué…
Et comment vas-tu appréhender cette situation ?
Il faut que je continue à travailler. Je sais sur quoi je dois bosser, après il faut que les coachs me fassent confiance. On verra bien au fil des matches.

Benoit Sîcart et les espoirs du MHR, champions de France en 2011
Crédit Photo : © compte Facebook de Benoit Sîcart
Quels sont les objectifs du MHR cette saison en championnat ?
On ne va pas se le cacher : cette saison, on a un gros effectif et une équipe ambitieuse avec toutes les recrues qui sont arrivées. On n’a quand même pas le projet d’être champion de France cette année, mais plus de se projeter sur les phases finales. On vise les barrages voire les demi-finales si c’est possible. Mais le principal objectif est de rester dans les six premiers du classement.
Et en H-Cup ?
Cette année, on s’est vraiment compromis les chances de qualification avec la défaite à domicile contre l’Ulster. Maintenant il faut aller gagner à Leicester, champion d’Angleterre, et battre l’Ulster chez eux. On va voir, on va prendre les matches les uns après les autres. Après le match de ce week-end contre le Racing Métro, on va en Angleterre, on va bien voir ce qu’il va se passer.
Vous n’avez donc pas fait une croix sur la Coupe d’Europe pour vous concentrer sur le Top 14…
Non, pas du tout. On veut prouver qu’on n’est pas une équipe tombée en H-Cup par hasard.
Cette année, le MHR a recruté de très bons joueurs et a réussi à faire prolonger certains de ses cadres comme François Trinh-Duc et Fulgence Ouedraogo. Le club a-t-il changé de dimension par rapport aux années précédentes ?
Le club de Montpellier est parti de presque rien et a beaucoup grandi pour arriver là où il est à l’heure actuelle. Le recrutement a été ambitieux et les prolongations de notre capitaine Fufu (Ouedraogo), de notre capitaine par intérim François (Trinh-Duc) ainsi que des trois coachs sont une bonne chose. On s’inscrit dans la continuité et la sérénité pour les saisons futures. Le club va maintenant pouvoir voir de l’avant avec l’installation de fondations solides. Montpellier grandit et devient de plus en plus ambitieux.
En parlant de recrues de poids, parlons un peu du Néo-Zélandais René Ranger (ailier international All Black). Pour un jeune joueur comme toi, être aligné avec un joueur de ce niveau est-il un bon moyen de progresser ?
Bien sûr. Lui, on sait que c’est la star, il l’a prouvé sur les matchs internationaux avec les All Blacks. Malheureusement, je n’ai pas encore eu la chance de jouer avec lui. Mais il me tarde d’être à ses côtés, lui à l’aile et moi à l’arrière. C’est un joueur qui apporte énormément, on l’a vu le week-end dernier contre Castres, il n’a pas fait un match sensationnel mais dès qu’il touche un ballon, il fait avancer et il a la volonté de faire jouer après lui. Dans les prochains matchs, plus il va acquérir de confiance et d’automatismes, plus il va progresser au fil de ses matchs.

Benoit Sîcart face à Antonie Claassen lors du match MHR – Castres
Crédit Photo : © site officiel du MHR
Tu as 23 ans et tu commences à avoir de plus en plus de temps de jeu. Dans d’autres pays comme l’Angleterre ou encore la Nouvelle-Zélande, de nombreux joueurs de ton âge sont déjà titulaires avec leur club. Les coachs du Top 14 ont-ils du mal à faire confiance aux jeunes issus de la formation à certains postes clés ?
C’est facile de regarder à l’étranger. Si l’on regarde chez nous par exemple, le 15 de l’équipe de France c’est Brice Dulin et on a le même âge. Je ne pense pas que les entraîneurs ne veulent pas faire jouer de jeunes. Nous, à Montpellier, on le voit, il y a beaucoup de jeunes qui ont au moins fait une feuille de match. Cependant, les joueurs internationaux sont plus sollicités. Après, on a la chance d’être considérés comme JIFF (Jeunes Issus de la Formation Française) et qu’avec la nouvelle loi (un nombre minimum de 12 JIFF sur chaque feuille de match dès 2017, ndlr), ça va nous favoriser et ça va faire jouer un peu plus de jeunes en Top 14 et Pro D2.
En Top 14, 48% des joueurs sont étrangers. Y a-t-il un problème de niveau dans la formation française ?
Le Top 14 est pour moi le plus dur au monde et c’est pour ça que toutes les plus grandes stars viennent y jouer. Du coup, ça ramène beaucoup de Britanniques et de rugbymen originaires de l’hémisphère sud, ce qui fait élever le niveau du championnat de France. Et pour les jeunes, il faut maintenant se faire sa place aux côtés des Ranger, des Wilkinson… et c’est compliqué.
Ça ne vous fait pas peur de passer après les joueurs étrangers ?
On est dans un sport qui est professionnel et il faut du rendement. Le côté économique est devenu très important aujourd’hui. Le rugby est un sport spectacle, il faut qu’il attire du monde, du coup on va recruter des joueurs avec des grands palmarès et nous, à côté, on passe un peu en second plan. Malgré tout, il y a des jeunes joueurs au fil des matchs qui arrivent à faire leur trou et à s’imposer, mais c’est sûr que c’est de plus en plus difficile. Après, je ne sais pas comment ça va évoluer dans le futur. Il faudra voir comment se porte le XV de France, si ça ne va pas lui porter préjudice. On verra bien. Pour les jeunes, ce sera de plus en plus dur, c’est sur. Par contre, ça va enrichir la Pro D2. Je pense que, bientôt, tous les futurs internationaux français passeront par la deuxième division.
Concernant le déplacement à Colombes au Racing de ce samedi, quels sont vos objectifs ?
Pour nous, la défaite contre Castres était la première à domicile en Top 14 et la deuxième après celle contre l’Ulster. Perdre à la maison, ce n’est jamais facile, personne n’aime faire un mauvais match devant son public. Cette saison, on n’a pas vraiment fait de grosses performances à l’extérieur, il va falloir qu’on se reconcentre, qu’on se soude, qu’on fasse marcher le collectif. Au rugby, d’un match à l’autre, tout change, le paramètre domicile-extérieur est primordial. On y va d’abord pour se faire du bien mentalement. Après, si on peut accrocher un résultat, ce serait bien.
Le Top 14 n’a jamais été aussi serré, ce qui ne laisse pas trop le droit à l’erreur. Comment vivez-vous cette pression du résultat ?
Le niveau du championnat ne laisse le droit à aucun faux pas, et c’est pour cela que la défaite de Castres a été très mal vécue. Ce championnat devient de plus en plus difficile, et ça va empirer tout au long de la saison, à moins qu’une équipe avec un gros collectif se démarque et tire son épingle du jeu. Cette saison, toutes les équipes gagnent à domicile et perdent à l’extérieur. En plus, on voit des promus comme Brive qui viennent de monter et qui ne lâchent rien. Ces clubs créent quelques surprises et ça pimente énormément le Top 14.
(Crédit photo de Une : © Site officiel du MHR )