Cartoonist : l’histoire d’un projet étudiant devenu concept star
Les 18 et 19 avril prochains débarque au Corum de Montpellier le Salon Cartoonist. Celui-ci réunira à la fois professionnels, passionnés et autres curieux autour de la passion du manga et de la « culture geek ». Si c’est la première fois que ce festival s’installe sur Montpellier, c’est en revanche loin d’être une première pour Cartoonist.
Sa première édition remonte en effet à 1993, ce qui fait de lui le pionnier en matière de convention d’anime. À cette époque, dénicher un manga en France relevait encore du parcours du combattant dont la récompense se résumait généralement à n’apprécier que les dessins de celui-ci, les traductions françaises étant encore extrêmement rares. Le ton du reportage suivant, tourné par France 3 durant l’édition Cartoonist de 1995, illustre d’ailleurs assez bien la marginalité à laquelle on semblait condamner ce genre de manifestations.
Pour la petite histoire, c’est dans le cadre d’un projet de fin d’études qu’Olivier Gilbert, alors étudiant en BTS à la CCI de Toulon, donne naissance au projet. Il réussit la performance de rassembler plus de 1 000 personnes à ce rendez-vous qui rencontre un succès d’estime dans le milieu. S’en suivront une douzaine d’autres éditions organisées le plus souvent à Toulon, sa ville d’origine, mais aussi à Brest ou Paris. Chacune d’entre elles générant son lot de réussites – plus de 35 000 visiteurs sur Toulon en 2001 et récompense du meilleur événement européen – et de galères – grève des transports (1997), accès refusé à plus de 8 000 personnes sur Paris du fait de normes de sécurités défaillantes (2001).
Malgré une coupure de 10 ans, Cartoonist revoit le jour à l’occasion de ses vingt ans en 2013 à Nice. Pour l’occasion « un peu moins de 10 000 spectateurs répondent à l’appel » nous déclare Olivier Gilbert.
Assez pour que l’agence Com In Event s’approprie les droits de la convention et décide de jeter son dévolu sur la ville de Montpellier pour y organiser les futures éditions. Comme nous l’explique le fondateur du Salon, qui a entre-temps rejoint lui aussi l’agence, « Montpellier présente l’avantage d’être une ville située à mi-distance entre l’Italie, la France et l’Espagne, qui sont les trois plus gros consommateurs de mangas à l’échelle européenne ». De plus « c’est une ville étudiante à la culture geek éveillée ».
Vous l’aurez compris, l’idée des organisateurs est désormais de s’ancrer dans la capitale héraultaise en reconduisant l’événement chaque année, vers la fin avril, période historique du festival déterminée à ses débuts par la volonté de se calquer sur la golden week japonaise (ndlr, série de quatre jours fériés concentrés sur une semaine au Japon). Et ce afin de profiter, à l’époque, des rares vacances des Japonais dans l’espoir d’attirer des professionnels reconnus en tant qu’invités de marque.
Pour cette première édition montpelliéraine, le festival compte notamment pour tête d’affiche Hiroshi Butsuda, réalisateur pour le cinéma et la télévision et directeur d’effets spéciaux, le directeur d’animation Tomihiko Ohkubo ou encore la gameuse française Kayane, championne du monde féminine de Super Street Fighter IV à l’évolution 2010.
Projections de films, ateliers, dédicaces ou encore concerts sont ainsi prévus aux programmes. Au-delà du divertissement, Cartoonist a toujours pour ambition de créer une passerelle entre fans et professionnels et de faciliter la connexion des professionnels entre eux. Il se tiendra donc aussi des conférences plus techniques, portant notamment sur les nouvelles techniques de production de dessins animés.
Même s’il reconnaît ne pas jouir de la même notoriété que certaines autres conventions d’animes telle celle de la Japan Expo parisienne, à qui il a pourtant ouvert la voie, Olivier Gilbert se targue « de proposer un Salon moins orienté commercial, mais valorisant davantage l’aspect humain ou le contenu ». Cela n’empêchera néanmoins pas le Salon d’accueillir sur tout un étage des exposants, dans le but de « proposer une palette de services assez larges pour satisfaire toute une famille ». Et il s’agit bien là d’une des principales nouveautés du Salon montpelliérain par rapport aux éditions précédentes : la volonté de l’agence organisatrice de l’événement de diversifier son offre afin d’élargir la cible. Cartoonist ne se cantonne ainsi plus seulement à l’univers manga. Il s’élargit aussi à celui « geek » ou encore « bien-être » afin que chaque membre d’une famille puisse trouver son bonheur au Salon.
Le site internet de l’événement annonce attendre 20 000 personnes durant le week-end. Et bien que le fondateur de Cartoonist nous confesse que cette première édition « se soit vraiment montée en autoproduction », on imagine que cet objectif aura de quoi éveiller l’appétit de futurs potentiels partenaires économiques… Affaire à suivre.
Salon Cartoonist les 18 et 19 avril de 10h à 19h au Corum de Montpellier