Catch Connexion, une école de catch à Montpellier
Aujourd’hui, Le Nouveau Montpellier vous emmène à la découverte de Catch Connexion, une école de catch montpelliéraine au Gymnase du lycée Joffre.
Gymnase du lycée Joffre à Montpellier. Il est 19h30 et dans le hall principal, des jeunes débutent leur séance de badminton hebdomadaire. Tout autour du grand terrain, des portes ouvertes sur des pièces annexes laissent deviner des silhouettes en kimono ou des corps concentrés sur leurs mouvements de yoga.
La salle 1. Dépourvue de ring mais tapissée de tatamis. C’est là que Catch Connexion (CCX), école créée à Perpignan, tient ses cours à Montpellier. Nicolas Broisseau, le “coach”, fait face à ses élèves : trois filles, deux garçons, entre 14 et 24 ans. Queue de cheval, tatouages sur tout le bras droit, t-shirt TNA (une fédération de catch étasunienne), il menace ses apprentis de représailles s’ils ne suivent pas ses instructions à la lettre. Ça ricane sur le tatami. Beaucoup moins quand il faut commencer l’entrainement.
On enchaîne les pas chassés et les sprints en chaussettes. On râle au moment des pompes et des squats. La séance entre ensuite dans le vif du sujet : l’apprentissage de la chute. C’est la base de la formation au catch. Il s’agit de tomber simultanément sur les épaules et la plante des pieds, les fesses relevées, afin de protéger la colonne vertébrale. Dans le même geste et au moment de l’impact, les bras doivent venir frapper le sol pour répartir l’onde de choc jusqu’au bout des mains. Une coordination des mouvements essentielle à la sécurité du lutteur. C’est bien là la principale difficulté pour le débutant : maîtriser ensemble toutes les parties de son corps pour effectuer une prise ou en “subir ” une.
La séance se poursuit avec des roulades, des coups d’arpin (projeter son adversaire au sol en l’attrapant par la tête) et d’autres mouvements élémentaires. Aux gestes gymnastiques, Nicolas Broisseau ajoute les mimiques et la théâtralité qui font du catch un spectacle. “Vous voyez, en frappant comme ça, on ne fait pas du tout mal. Mais ça fait du bruit ! N’hésitez pas à en rajouter, tapez dans vos mains, haranguez la foule !”
Une discipline entre sport de combat et théâtre
Le catch est une danse, un tango. Romain, camarade de ring de Nicolas, explique : “C’est le plus expérimenté qui mène. Mais les prises, il faut que chacun sache les exécuter parfaitement ! L’automatisme est nécessaire pour savoir comment réagir instantanément.” La discipline n’est pas un art martial. C’est un show, à mi-chemin entre sport de combat et divertissement, où la chorégraphie est le plus souvent improvisée. Seuls les grandes lignes et l’issue du match sont décidées à l’avance. La mise en scène fait donc partie intégrante du déroulé du match. Celui-ci oppose le plus souvent un gentil (face) contre un méchant (heel), qui sont clairement définis pour le public par leur attitude sur le ring : le heel se fait connaitre par ses coup bas et ses tricheries quand le face, par son respect des règles et ses valeurs chevaleresques affichées, se fait aimer de la foule.
C’est à la fois le côté sportif et le spectacle qui attirent les licenciés de la CCX vers le catch. Marion et Charlotte luttent ensemble depuis trois ans. “On a commencé à Béziers, puis on est venu ici. On s’éclate aux entraînements, même si les mamans s’inquiètent !“. Tilian, le plus jeune du groupe, a découvert le catch à la télé comme la plupart des fans actuels, “en zappant“. La TNT a démocratisé le catch étasunien, en particulier la fédération WWE, via la chaîne NT1 notamment. Résultat : la lutte est devenue un phénomène de mode jusque dans les cours de récréation. Nicolas Broisseau explique : “Les enfants fans de catch il y a quelques années vont bientôt avoir l’âge nécessaire pour pratiquer en club. On espère qu’ils auront gardé la fibre et qu’ils sauteront le pas…”
Mais pour l’heure, peu d’aficionados passent de la télé au ring. La mode de la WWE semble s’essouffler, comme en témoignent les baisses d’audiences de NT1. Les promotions de catch connaissent un fort turnover, dû selon le coach aux manques de moyens financiers des jeunes.
Le catch reste donc une pratique d’initiés. Ayant connu ses heures de gloires dans les années 1950 en France, il est maintenant considéré comme un sport puéril. De plus, les nombreuses écoles régionales sont incapables de s’unir au niveau national. Difficile donc de s’appuyer sur une base d’amateurs ou sur une fédération pour lancer un projet. La CCX le voit bien à Montpellier. L’association n’a pas pu participer à l’Antigone des Associations en Septembre, faute de salle. Nicolas Broisseau a dû cravacher pour que la Région lui accorde l’accès au gymnase Joffre. Les cours n’ont commencé qu’en janvier 2014, mais les espoirs d’implantation du catch à Montpellier sont désormais permis.
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