De violents heurts à la manifestation de la convergence des luttes
De violentes échauffourées se sont déclenchées lors de la manifestation de la convergence des luttes hier (samedi 14 avril). Une « inter-luttes » à Montpellier qui s’est soldée par la dégradation de plusieurs commerces et 51 personnes interpellées en marge de la manifestation.
La mobilisation nationale de la convergence des luttes contre la politique du gouvernement a rapidement dégénéré. En seulement quelques minutes, de violentes altercations ont éclaté entre certains manifestants et les CRS qui ont bloqué le cortège dès le début du parcours.
À l’appel de la coordination nationale des luttes, environ 1500 personnes étaient présentes à la place royale du Peyrou pour dénoncer « la casse » effectuée par le gouvernement sur les « droits sociaux et politiques » des citoyens français. Un mouvement qui avait pour ambition de rassembler, entre autres, le mouvement de cheminots, des étudiants contre la loi ORE, des retraités contre la CSG ou des citoyens s’opposant à l’Etat d’Urgence dans le droit commun. Une manifestation qui a mobilisé plusieurs organisations telles que Sud Solidaire 34, Snesup FSU, BDS 34, collectif Bienvenue Migrants 34, ou bien la Women’s March Montpellier et les insoumis de l’Hérault.
À peine commencée, la manifestation stoppée
La marche fut bloquée dès le départ par les CRS en raison de jeunes aux visages dissimulés au sein du cortège et de l’absence d’interlocuteurs officiels selon les propos rapportés par José-Luis Torres, (secrétaire départemental de Sud Solidaire 34) lors de discussions avec les forces de l’ordre pour ramener le calme.
En effet, cette manifestation n’ayant pas été déclarée auprès de la préfecture, les forces de l’ordre ont effectué un barrage en bas du boulevard Ledru-Rollin pour l’empêcher. Des affrontements ont éclaté avec l’utilisation de grenades lacrymogènes côté forces de l’ordre et des projectiles divers – tels que des bombes de peintures ou des fumigènes – pour les quelques 200 manifestants.
#Montpellier Les forces de l’ordre empêchent les manifestants de progresser peu après le départ du cortège #ConvergenceDesLuttes #Interluttes pic.twitter.com/sq2PZrNAW9
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 14 avril 2018
Une tension extrêmement vive qui a vu reculer le cortège vers l’avant place royale du Peyrou alors que le dispositif policier se renforçait au fil des minutes. Une demi-heure plus tard, Muriel Ressiguier (députée FI de la 2ème circonscription de l’Hérault) et José-Luis Torres tentent d’apaiser la situation en rencontrant les forces de l’ordre pour négocier un autre parcours dans le centre-ville, en vain. Les CRS leur ont demandé de dissoudre la manifestation.
Une réaction disproportionnée des forces de police selon José-Luis Torres estimant que l’absence de déclaration de cette manifestation auprès de la préfecture « n’est pas une vraie raison. Depuis les agressions à la Fac de Droit et de Science Politique, il y a eu plein de manifestations non déclarées ». Une décision inflexible des forces de l’ordre qui s’explique par la forte présence de militants d’ultra-gauche hostiles aux institutions représentant l’État ou le système capitaliste. Mais un acte dont José-Luis Torres considère comme trop rigide pour pouvoir désamorcer les actions de violences lors de cet événement.
Des violences qui ont choqué une partie du cortège venu exercer tranquillement leur droit de manifester. Sophie, étudiante à l’Université Paul Valéry, rappelle que « c’était une manifestation où il n’y avait pas que des étudiants. Ma mère qui a un cancer et qui marche très lentement était présente. J’ai eu vraiment peur pour elle quand il y a eu les lacrymogènes ». En ajoutant également que cette situation délétère incombe également de la « responsabilité des casseurs » qu’elle estime être une minorité au sein du mouvement de la convergence des luttes car « quand on dit que l’on est pacifiste, on est pacifiste ! » affirme-t-elle.
Grosses dégradations et plusieurs interpellations
Cette minorité violente au sein du cortège a bien agacé les CRS durant l’après-midi. Certains membres des forces de l’ordre ont réagi excessivement lors de cette manifestation en annonçant par exemple à leur collègue « je sens que je vais me bouffer un ou deux piétons ! ». Certains s’en sont pris également à des journalistes avec véhémence, notamment auprès des membres de notre rédaction, en déclarant « Dégagez les journaleux ! » tout en nous molestant violemment.
Des escarmouches entre les deux camps vont continuer après qu’une partie du cortège ait poursuivi leur marche par la rue Foch, pour revenir au Peyrou via le boulevard du Jeu de Paume. Un second affrontement spectaculaire se déroula devant la place royale où les forces de l’ordre ripostaient face aux tirs des feux d’artifice des manifestants.
#Montpellier le cortège revient vers le Peyrou et attaque les forces de l’ordre à coups de feux d’artifice #14avril #ConvergenceDesLuttes pic.twitter.com/2nMHLVBv0A
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Se repliant de nouveau, le cortège quitta le centre-ville pour se diriger vers l’Université Paul Valéry. Des manifestants seront interpellés près du Carrefour City après s’y être réfugiés pour échapper à la charge des forces de l’ordre qui les ont encerclés à la Route de Mende. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés devant l’établissement pour procéder à leur interpellation.
Affrontements violents au nord de #Montpellier #violence pic.twitter.com/MkoOTJjjeK
— Thierry Boussarie (@TBoussarie) 14 avril 2018
Deux bus du réseau de la TAM ont été réquisitionnés pour transporter les personnes interpellées au commissariat central.
#Montpellier deux bus son affrétés pour transporter les personnes interpellées après la manifestation #14Avril #ConvergenceDesLuttes pic.twitter.com/0rkpow13sS
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Le bilan se solde par 51 personnes interpellées (dont 43 personnes en garde à vue ce dimanche), 7 policiers blessés, 4 étudiants blessés selon la LDH34, ainsi que de nombreuses dégradations sur les commerces du centre-ville.

Devanture de commerce dégradée lors de la manifestation pour la convergence des luttes. © Fessoil Abdou
Le maire de Montpellier, Philippe Saurel, s’est exprimé hier soir à ce sujet en condamnant fermement « les violences urbaines dont ont été victimes les montpelliérains » durant cette manifestation. Il a annoncé que la ville va porter plainte contre X tout en dénonçant la casse organisée et la « récupération politique. »
Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a dénoncé « les violences inqualifiables et les dégradations de commerces et mobilier urbain qui ont été commises ». Il en a profité pour saluer « l’engagement et le sang-froid des policiers. »
Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a elle aussi condamné ce matin « les actes de violences et de dégradation » indiquant qu’elle était « de tout coeur avec les victimes ».
André Deljarry, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Hérault, s’est exprimé il y a quelques heures. Il en appelle au maire et au prefet de l’Hérault « pour que cesse l’atteinte aux commerçants ».