Dutilleux et Franck : un duo de talents à l’Opéra Berlioz
Dans la soirée du 28 février, l’Orchestre National de Montpellier et le talentueux violoncelliste Alexandre Dmitriev ont rendu un dernier hommage à Henri Dutilleux. L’œuvre du célèbre compositeur du XXe siècle a pris vie sous la baguette du jeune maestro Alexander Shelley. Pour le plus grand plaisir du public, le spectacle s’est achevé sur une note romantique : l’enivrante et unique symphonie de César Franck. Retour sur une soirée haute en couleurs, magistralement orchestrée.
Alors que Henri Dutilleux, célèbre compositeur – considéré comme le dernier classique parmi les modernes – vient de nous quitter, l’Orchestre National de Montpellier a voulu lui rendre un dernier hommage. Son concerto pour violoncelle et orchestre, “Tout un monde lointain…”, l’un des plus lyriques de son temps, fut réinterprété avec habileté par le renommé soliste ukrainien Alexandre Dmitriev. Celui-ci est parvenu à transporter le public au cœur de l’univers de l’artiste. Entre mouvements saccadés et rapides, mêlant ambiance lointaine et cinématographique, seule une oreille initiée était capable de percevoir la beauté de cette musique. Difficilement accessible, son harmonie pouvait parfois paraître dissonante. Malgré tout, l’appel au voyage finit par l’emporter. Les spectateurs, tantôt embarqué au cœur d’un film à suspense, tantôt sur le continent asiatique, ne pouvaient qu’être charmés par la maîtrise du violoncelliste. L’instrument, poussé à ses limites, parvenait sous les doigts du soliste à reproduire des sifflements impressionnants, semblables à ceux d’un humain ou même d’un oiseau. De quoi convaincre les plus sceptiques.
Une orchestration magistrale, sans partition
Le concert fut dirigé d’une main de maître : la baguette du magnifique chef d’orchestre Alexander Shelley voleta avec grâce tout au long de la soirée. La maîtrise extrême du maestro se fit particulièrement sentir lorsque celui-ci délaissa sa partition: tel un équilibriste sans filets, celui-ci orchestra la romantique et sublime symphonie en ré mineur de César Franck entièrement de mémoire ! Un talent qui semble prédire un bel avenir au maestro. Pour preuve, le chef est sollicité par les plus grands orchestres du monde entier, tel que l’Orchestre du Centre National des Arts du Canada, dont il prendra la direction musicale en septembre 2015.
Au sommet de leur art, les talentueux musiciens de l’Opéra Orchestre National de Montpellier et le jeune et brillant chef d’orchestre ont donc su rendre à l’œuvre de César Franck toute sa beauté. Entre puissance et retenue, les notes passionnées laissaient naturellement place à la douceur d’une balade romantique. Chaque note était maîtrisée, fluide, à sa place. Rien ne manquait. Sauf peut-être un rappel, pourtant chaleureusement réclamé par un public conquis.
(Crédit photo de Une : © Orchestre National de Montpellier)