« Elena », un opéra très baroque à Montpellier
« Elena », grosse coproduction, a été joué pour la première fois à Montpellier, dimanche 10 novembre, à l’Opéra Comédie.
L’Opéra Orchestre National de Montpellier est coproducteur de cette création avec Marseille-Provence 2013, le Festival d’Aix-en-Provence capitale européenne de la culture, les opéras de Lille, de Rennes et d’Angers-Nantes, ainsi que de la Fondation Calouste-Gulbenkian. Ses soutiens sont nombreux. Les représentations s’étendent sur toute la saison dans les différentes villes dont les opéras ont participé. Les Lillois devront attendre avril 2014. À Montpellier, nous sommes privilégiés !
La petite histoire
Nous connaissons tous l’histoire de la belle Hélène, nombreux étaient ceux qui admiraient sa beauté. Cette beauté qui causa la guerre de Troie lorsqu’elle fut enlevée par Thésée. Ici, le livret de Nicolò Minato et Giovanni Faustini n’est pas vraiment fidèle à l’histoire. Comme le dit bien Jean Giraudoux : « La guerre de Troie n’aura pas lieu. » En effet, l’histoire originelle déformée se finira bien malgré tous ces hommes qui, tout du long souhaitent mourir pour Hélène, par amour pour elle.
Ménélas se travestit afin d’approcher sa belle et se retrouve enlevé en même temps qu’elle par Thésée. Le complice de Thésée tombe amoureux de cette deuxième femme kidnappée, cette amazone dont il essaie de ravir le cœur. Ce que Thésée ignore, c’est que le fils de leur hôte est également tombé amoureux de la belle prisonnière et est prêt à commettre le plus odieux des crimes, allant en plus à l’encontre de toutes les règles de l’hospitalité.
Une production baroque très marquée
Leonardo Garcia Alarcón, à la direction musicale, joue en même temps de son clavecin. Il semble tout au long du spectacle avoir les mains qui volent, tantôt sur le clavier, tantôt donnant ses ordres aux musiciens qui l’entourent. Ce spécialiste de la musique baroque dirige là sa Capella Mediterranea, un ensemble qu’il a créé pour produire avec exigence dans ce style pas toujours prisé. La musique de Francesco Cavalli s’y prête.
L’ensemble de jeunes chanteurs qui se produisent sont tous extrêmement talentueux et offrent des performances vocales absolument remarquables ! Certains tiennent plusieurs rôles, leurs costumes, faits par Claudia Jenatsch, permettant de savoir quel personnage ils interprètent. Kangmin Justin Kim et Rodrigo Ferreira impressionnent par leurs voix aiguës, que l’on voit davantage attribuées à des femmes. Le clavecin et ses sonorités particulières peuvent rebuter des profanes mais les merveilleuses interprétations vocales livrées ici sont à encenser. Car en plus de chanter, tous jouent vraiment leur rôle avec justesse.
Malgré un décor rappelant davantage une arène avec un callejón et du sable au sol qu’un décor d’opéra, la mise en scène de Jean-Yves Ruf parvient à régenter l’espace avec tous ces chanteurs qui officient. De bonnes idées très agréables. Mais il est toujours difficile de meubler une scène avec un seul personnage et, malheureusement, on ne passe pas à côté des scènes qui paraissent souvent interminables. Ces scènes où un personnage dit au public pendant cinq longues minutes combien il est amoureux slash malheureux slash suicidaire…
Pour tous ceux qui n’ont pas peur du clavecin et de quelques touches de tambourin disséminées de-ci, de-là, cet opéra offre un spectacle, certes baroque, mais de grande qualité ! Nos oreilles n’en attendaient pas moins de cette coproduction.
À voir les 12, 13 et 15 novembre à 20h à l’Opéra Comédie.
(Crédit photo de une : © Opéra et Orchestre National de Montpellier)