Faculté de Droit et Sciences Politiques : deux courants pour un rassemblement électrique
Lundi 26 mars, la faculté de Droit et Sciences Politiques est restée fermée suite à une décision administrative. L’établissement est encore en ébullition depuis qu’il est au coeur de l’actualité après l’évacuation violente du jeudi 22 mars et la démission le lendemain du Doyen, Philippe Pétel. Deux évènements ont été organisés le matin même, l’un pour protester contre le blocage de la Faculté et l’autre pour dénoncer les violences commises jeudi dernier.
La Faculté de Droit et Sciences Politiques de Montpellier divisée
Suite à l’occupation et à l’évacuation violente dans la nuit du jeudi 22 mars, l’unité estudiantine se déchire. Dès le lendemain, les réseaux sociaux sont inondés de messages d’étudiants. Certains soutiennent, d’autres accusent. Pourtant, un message majoritaire se dégage : celui de la condamnation de la violence. Après cette solidarité superficielle, deux camps se créent et s’organisent pour faire entendre leurs voix :

Deux rassemblements distincts organisés par les étudiants de la Faculté de Droit et Sciences Politiques.
Le rendez-vous est donné. Lundi 26 mars au petit matin, deux rassemblements étudiants pour des revendications… parfois communes.
Des face à face et du dialogue
Il est 7h30, un premier groupe d’étudiants s’amasse devant les portes grillagées de la faculté fermée. La banderole est déjà là, on peut y lire « NON AU BLOCAGE DE NOS FACS ! », des pancartes jonchent le parterre : il y est écrit ” REPRISE DES COURS” “LIBÉREZ NOS FACS” “RENDEZ NOUS NOS FACS” “NOS FACS, NOS CHOIX, LAISSEZ NOUS DÉCIDER …” Les revendications sont claires, ils veulent reprendre les cours. Pour eux l’occupation de l’amphithéâtre, le jeudi 22 mars serait illégitime et n’aurait pas été menée par des étudiants de la faculté.
À quelques mètres de l’établissement, à proximité du Jardin des Plantes, un autre groupe s’organise. La majorité des personnes de ce camp sont des étudiants qui défendent les manifestations contre la “loi Vidal”. Cependant, ils sont venus pour réclamer la justice après la violente expulsion. Les pancartes et banderoles sont explicites: “JUSTICE EN FAC DE DROIT” “HÉ TOI LÀ ! ON BLOQUE PAS ALORS POURQUOI T’ES LÀ ?”
#Montpellier des rassemblements d’#étudiants ont lieu devant la @facDroitMontpel pic.twitter.com/oOFtX54V07
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 26 mars 2018
Vers les coups de 8h30, les deux groupes se font face devant la Faculté de Droit et Sciences Politiques. Les étudiants scandent leurs slogans et l’atmosphère aurait pu être explosive. Mais elle reste très bien contrôlée par les organisateurs. Les deux groupes gardent une distance de sécurité. Certains dialoguent avec “l’opposition” du jour. Des deux côtés, on campe sur ses positions mais le climat reste bienveillant, malgré la présence identifiée de certains membres issus de groupuscules d’extrême droite. Une poignée d’individus qui ne représentaient qu’eux mais qui ont été présents aux côtés de ceux qui voulaient “libérer la Fac”.
Politisation et médiatisation de l’évènement
Ces deux rassemblements ont un enjeu beaucoup plus important que la simple réouverture de la Fac. L’Assemblée Générale qui n’était pas légitime pour tout le monde, les violences pendant l’expulsion des occupants, la démission du Doyen Philippe Pétel, la fermeture administrative de la faculté… Tous ces évènements dépassent la Faculté de Droit et Sciences Politiques et provoquent des remous à l’échelle nationale.
Le rassemblement à l’initiative des étudiants prend un tournant politique et médiatique, lorsqu’à 9h Murielle Ressiguier, députée France Insoumise, et de nombreux médias, notamment Quotidien, arrivent sur les lieux.
#Montpellier Le rassemblement prend une tournure politique et médiatique avec la présence de députés et des médias nationaux. pic.twitter.com/zFOCMVREmE
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 26 mars 2018
Une fermeture administrative reconduite
En fin de matinée, un groupe se retire et se dirige vers le bureau de la Présidence de l’Université de Montpellier. Le Président, Philippe Augé, accepte de rencontrer une délégation d’étudiants. Cette dernière réclame la fermeture de la Faculté de Droit et Sciences Politiques tant que les personnes suspectées dans l’affaire ne sont pas suspendues par l’Université.
#Montpellier la délégation reçue par Philippe Augé indique que « le président de l’@umontpellier a réaffirmé la fermeture administrative de la @facDroitMontpel jusqu’à ce qu’il ait les 1ers éléments solides sur l’enquête ». pic.twitter.com/l4hUZXNzzq
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 26 mars 2018
À la fin de cette rencontre, des membres de la délégation semblaient satisfait de la décision du Président. Tout d’abord un numéro de téléphone puis une cellule psychologique pour les personnes choquées par les événements de jeudi dernier sera mise en place. Ensuite, la faculté ne rouvrira pas ses portes avant que les premiers éléments de l’enquête administrative soient connus. De plus, le président s’est engagé auprès de la délégation étudiante à prendre des sanctions, si les premiers éléments de l’enquête confirment la responsabilité du personnel de la faculté dans les violences perpétrées jeudi dernier.
Après la violente évacuation, le ministère de l’Enseignement supérieur avec à sa tête, Frédérique Vidal, a missionné l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) d’une investigation sur place.