Humans Of Montpellier n°41

Soufyan Heutte devant le bâtiment “Neptune” de La Paillade où il a vécu durant son enfance. © Fessoil Abdou
Je m’appelle Soufyan Heutte, j’ai 32 ans, je suis éducateur spécialisé et également auteur. Je suis né à Montpellier, j’ai grandi à La Paillade et j’y vis toujours. Montpellier, j’y ai mes repères. Il n’y a pas d’autres villes françaises où je préférerais y être ! Si je pars d’ici, c’est dans une autre ville étrangère, une ville qui bouge et où il y a du soleil.
Il y a vraiment une qualité de vie à Montpellier que tu n’as pas dans d’autres villes.
En général j’aime flâner dans les lieux et pour cela, Montpellier est la ville idéale car elle possède un vrai centre-ville qui a gardé son authenticité. C’est une ville où on se prend pas la tête où tout va tranquillement. Il y a vraiment une qualité de vie à Montpellier que tu n’as pas dans d’autres villes.
Mais cela commence à changer avec l’assimilation d’une population qui provient surtout de Paris et qui amène leurs habitudes. Montpellier perd ce coté “ville du sud”. Il y a de plus en plus de stress et ça commence à s’embourgeoiser alors que c’est une des villes les plus pauvres de France.
Il y a des coins de la ville qui ont la même densité de population qu’à Calcutta.
On le voit avec la gentrification de Figuerolles par le biais de la politique de la ville qui s’adresse particulièrement à la classe moyenne supérieure. A l’image des Beaux-Arts autrefois, le quartier Figuerolles s’embourgeoise progressivement et les populations qui y habitaient initialement sont poussées vers l’extérieur. Ajouter à cela, le développement anarchique des constructions, on aperçoit qu’il y a des coins de la ville qui ont la même densité de population qu’à Calcutta.
Quand on voit la densité des quartiers du Nouveau Saint Roch ou de Port Marianne, les immeubles sont tellement rapprochés entre eux que tu peux te serrer quasiment la main de fenêtre en fenêtre ! Au final, ça va devenir comme le quartier de La Paillade dans 30 ou 40 ans ! Le temps que les bâtiments vieillissent, que les primo-accédants – en général des couples célibataires – aient des enfants, la densité va devenir telle qu’il y aura des nuisances et que les classes moyennes partiront. En fait, on recommence les mêmes erreurs que dans les années 60 et 70 sur les grands ensembles !