Une journée à l’Open : Le meilleur pour la fin
Ce dimanche marquait la fin du tournoi de l’Open Sud de France à la Park&Suites Arena de Montpellier, mais également la fin de notre feuilleton « Une journée à l’Open ». Dernier épisode, avec comme casting fuoriclasse Gaël Monfils et Richard Gasquet qui s’affrontent en simple, ainsi qu’en guise de préambule la finale du double.
Souvenez-vous, il y a de ça une semaine, lors du tirage au sort du tableau final. Les pronostics sur une finale entre les deux favoris français étaient de toutes les discussions, que ce soit pour les spectateurs, les journalistes ou les bénévoles. Partie haute de tableau, Richard Gasquet devait se méfier, surtout, du Polonais Jerzy Janowicz. Partie basse, Gaël Monfils se présente lui sur les plateaux avec son étiquette d’outsider depuis deux ans, et ça commence à lui plaire…
Un début de journée compliqué dans les travées de l’Arena, un dimanche de finales, certains stands avaient déjà baissé rideau. Et à en croire l’affluence des premières heures, ils ont eu raison. L’organisation était-elle mal prévue ? La finale du double ayant eu lieu avant Gasquet-Monfils, beaucoup de personnes ont fait part de leur mécontentement aux suites du simple. « Si j’avais su que le double était avant, je serais venu. Sur le programme, la journée commençait à 14h45, je suis déçu d’avoir payé 40 euros », déclare une quarantenaire agacée à la sortie des tribunes. Une leçon à retenir pour l’année prochaine, sur la clarté des informations données au public, et sur le prix des places.

La paire Davydenko-Istomin est montée en puissance au fil des matches
Le déjeuner est mal passé
C’est donc sur les coups de midi que rendez-vous est donné aux spectateurs pour une journée festive autour de deux grandes finales, avec du beau monde, des animations en folies et la bonne humeur des bénévoles pour la dernière journée. Les abords de l’enceinte trahissent l’intérieur du kinder, vide ! L’affiche est pourtant alléchante : une paire française Mahut-Gicquel, face à la paire Davydenko-Istomin. Le tableau de double a réservé jusque-là des matchs à suspense avec souvent le super tie-break pour se départager.
Malheureusement, les Français passent à côté dans le premier acte (6/4), à l’inverse du second qui montre un niveau de jeu en double assez épatant (6/1). C’est donc à nouveau ce super tie-break si cruel qui va donner le titre à l’une des paires. Détachés rapidement à la marque, les Français réagissent et reviennent presque à égalité, 7/8, avant que l’ancien numéro 3 mondial, Nikolay Davydenko, ne prenne le service, claque deux premières et scelle le score : 6/4 1/6 10/7.
Le nombre de sièges occupés a doublé depuis le début de la rencontre, du demi millier au millier. Les 90% de sièges libres restants accompagnent le silence de la déception. Mais Nicolas Mahut décide de remettre tout le monde en éveil en titillant à juste titre le directeur du tournoi Patrice Dominguez : « Je suis content de pouvoir te parler en face, sans que tu ailles te planquer dans ton bureau énervé. On a des différends, mais ça n’enlève rien au reste. Je tenais à confirmer au public que j’étais bien malade pour mon match en simple. » Profitant du discours d’après finale au micro sur le Court central, Mahut a réglé ses comptes mais il n’a pas manqué de souligner l’évolution globale du tournoi : « Je tiens quand même à féliciter Patrice Dominguez et tous ceux qui travaillent à l’élaboration de ce tournoi. Chaque année, le cadre est parfait, l’accueil aussi. » Juste le temps de se prélasser dans les allées de l’Arena, avec les animations prises d’assaut par les enfants. Et les buvettes par les parents.

Le coup droit de Monfils a fait très mal à Richard Gasquet
(Crédit photo : © Stéphane Garcia)
Monfils envers et contre tous
Dès 14h commencent les festivités sur le Court central pour lancer la finale. Un enchaînement de divertissements distrait le public et le chauffe à blanc pour un match qui s’annonce explosif. Peu à peu, on se met à croire en un guichets fermés, le flux de personnes s’accentue à l’approche de l’heure fatidique et tant attendue depuis le début de la semaine. Rappelons que tous les espoirs étaient fondés sur cette affiche. Dernière animation, le Collectifhihihif et les ramasseurs avaient prévu leur coup : une chorégraphie travaillée précédemment prend place sur le court avec la sono à fond, le public se laisse prendre au jeu et la chaleur commence doucement à grimper dans les gradins. Plus que quelques minutes d’attente.
Avec un peu de retard, les deux finalistes font leur entrée sur le Court central. À l’applaudimètre, il n’y a pas photo, Richard Gasquet est le chouchou du public. L’arbitre de chaise est une référence : Mohamed Lahyani, Suédois, acclamé par les ramasseurs de balles avec qui il a tissé des liens tout au long du tournoi en coulisses.
Sur le papier, il est clair que le Biterrois est largement favori. 9e mondial, il présente un CV sur la dernière année plus qu’intéressant. Son début de tournoi le prouve, il écarte ses adversaires avec facilité, sans concéder le moindre set, y compris contre Janowicz. Mais en face, le Gaël Monfils qui se présente face à lui paraît retrouvé. Enfin ! Et qu’est-ce que c’est beau à voir. Lui qui a évité les Français, pourtant nombreux dans le tableau, est monté en puissance tout au long de la semaine. Un Polonais (L. Kubot) difficilement et bloqué par un dos douloureux, le Portugais (J. Sousa) avec du mieux, l’Ouzbek (D. Istomin) solidement puis un Finlandais (J. Nieminen) en demie avec déjà les prémices d’un renouveau…
Que dire de ce match si ce n’est que la domination du Parisien est permanente. Certes le début du match ne donne pas de garantie sur la suite puisqu’il enchaîne les fautes directes, une dizaine en trois jeux. Mais la machine s’est soudain lancée. Rodé, Gaël Monfils enchaîne les coups extraordinaires, en coup droit comme en revers, long de ligne ou croisé. Rien ne lui résiste. Pas même le septième jeu sur le service de Richard Gasquet, qu’il s’adjuge grâce à deux coups gagnants de grande classe. Une réussite insolente au service lui permet de garder cet avantage jusqu’au gain de la manche. Jamais mis en danger, avec aucune balle de break à défendre, il s’appuie tout au long du match sur son engagement, 92% de réussite derrière la première balle, 63% sur la seconde : « C’est vrai qu’aujourd’hui je me sentais bien sur mon service, j’étais constant et je trouvais les zones, mais c’est grâce à mes retours et mon agressivité que j’ai gagné. » Percutant tout au long du second set, Monfils réussit le break au meilleur des moments, à 4/4, et conclut sur son service avec un jeu blanc révélateur de son aisance aujourd’hui. Résultat final : 6/4 6/4.

Richard Gasquet n’a rien pu faire contre la puissance de Gaël Monfils
Un message fort
Le sourire ne quitte pas le visage de la Monf’ soulagé une fois le match terminé. Rageur, il vient de remporter son deuxième titre ici à l’Open Sud de France. Son comportement ne trahit pas. Au-delà de ses résultats, c’est dans l’attitude qu’on sait si ce joueur est bien ou non. Et cette semaine il dégageait de la sérénité, son relâchement habituel était accompagné d’une soif de tennis rare chez lui. Il n’en fallait pas moins pour que le jeu s’en ressente, les « belle » ou « superbe » lâchés sur certains coups gagnants de ses adversaires transpirent la facilité. Il se sent bien, le fait savoir et le montre ! C’est fort.
La suite est pour les adeptes de caractère. Gaël Monfils, en ayant à revendre, a pu libérer sa parole et ses gestes une fois la victoire acquise. Exécuté avec minutie comme tout son match, sa célébration est un signe de soutien au rappeur Kaaris, pour rester courtois il signifie avoir fièrement vaincu, pris une revanche sur quelque chose. D’autres sportifs comme Teddy Tamgho et Paul Pogba l’ont fait également sur des célébrations. Sans être directement questionné dessus et sans en parler, le tout frais tenant du titre a livré des informations qui pourraient expliquer une partie du geste : « L’année dernière quand je suis arrivé ici, tout le monde me parlait de structure, d’entraîneur, de classement, mais tout ça ne m’intéresse pas. Moi je sais où je veux aller et comment, j’ai déjà ma structure, c’est ma famille, ceux qui m’entourent. Le classement, moi je m’en fous, je ne le regarde pas donc on n’en parle pas. »
Sûr de lui, il semble vraiment avoir retrouvé une confiance et des certitudes sur son tennis. D’ailleurs s’il ne veut pas entendre parler de classement, c’est qu’il n’a qu’un seul objectif personnel cette année : « J’ai pas vraiment prévu de programme pour la suite, là je vais à Rotterdam, je joue Del Potro, après on verra. Ce qui est sûr c’est que j’ai un objectif, c’est un tournoi vers Paris qui me plait bien… » Un point géolocalisation s’impose, Roland-Garros se joue où ?
Conclusion de la semaine tennis des spectateurs de l’Open Sud de France, un message d’espoir de la part des finalistes, Richard Gasquet et Gaël Monfils, au micro sur le court après le match : « Cette année, on a les armes et on se sent prêt à aller chercher la Coupe Davis. » Une semaine pleine de promesses pour la suite de la saison de ces deux joueurs, et plus particulièrement du vainqueur du jour, à l’honneur, GAËL MONFILS.