Le BDS 34 se met au jeûne pour soutenir les prisonniers palestiniens
Le comité BDS 34 (Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre l’État d’Israël) a observé un jeûne symbolique – du vendredi 19 mai à 20h jusqu’à samedi 20 mai 20h – en solidarité avec des prisonniers palestiniens qui sont en grève de la faim. Une action de soutien organisée lors d’un stand de rassemblement sur la place de la comédie samedi 20 mai dans l’après-midi pour informer les passants des conditions de détentions des prisonniers palestiniens.
Qu’il est rare de voir la place de la comédie inanimée un samedi après-midi et ce ne sont pas les événements du samedi 20 mai dernier qui dérogeront à cette règle ! Avec la tenue de la 32ème comédie du livre, le passage des manifestations contre Monsanto et la marche pour Jésus, le BDS 34 a également investi la place de la comédie à travers une action peu ordinaire.
La détention administrative en ligne de mire
Une vingtaine de personnes du comité BDS 34 ont établit un stand à la comédie pour observer un jeûne d’une durée de 24h en soutien à des prisonniers palestiniens qui ont cessé de s’alimenter depuis le 17 avril dernier. Près de 1500 détenus palestiniens (860 selon les autorités israéliennes) ont entamé leur 34ème jour de grève de la faim, samedi 20 mai, pour protester contre leurs conditions d’emprisonnement dans les geôles israéliennes.
Parmi les revendications, les détenus palestiniens demandent le retour aux visites familiales à deux fois par mois (au lieu d’une fois actuellement), l’installation de téléphones pour communiquer avec leur famille, l’amélioration de leurs conditions de détention (meilleur accès aux soins ou aux livres).
Mais la principale revendication reste l’abandon de la détention administrative autorisant l’arrestation d’individus sans motif d’inculpation, ni jugement, pour une période de 6 mois renouvelable indéfiniment par le tribunal militaire israélien. « C’est le sommet de l’illégalité et de la violence israélienne » déclare José-Luis Moragues, l’un des porte-parole du comité BDS 34. « La détention administrative devrait être une mesure exceptionnelle, or Israël l’utilise comme un instrument banalisé de l’oppression et de la répression des palestiniens » ajoute t-il en s’appuyant sur les récents propos d’Amnesty International qui rejette cette pratique illégale au regard du droit international. Selon Addameer, association palestinienne en soutien aux prisonniers et aux droits de l’homme, 6300 palestiniens sont incarcérés dans les prisons israéliennes dont 500 au titre d’une détention administrative.
Pour Fathi, palestinien de Montpellier et membre du BDS 34, ce genre d’action symbolique permet d’« avoir un meilleur contact avec le public pour pouvoir attirer l’attention de ce qui se passe en Palestine » lui qui fustige le manque de relais des médias sur les conditions de détention des prisonniers palestiniens. C’est en effet la 4ème action qu’organise le BDS 34 pour les prisonniers en grève de la faim, dont certaines furent mises en scène de façon particulière. Celle par exemple du 29 avril organisée sur la place de la comédie où des militants du BDS 34 se sont mis dans la peau des prisonniers palestiniens, ligotés et bâillonnés dans une cage à grille.

Mise en situation des conditions de détention subies par les prisonniers palestiniens. © Fessoil Abdou
Un incident au centre commercial du Polygone
Une action en corrélation avec le boycott demandé par le BDS palestinien contre l’entreprise Hewlett Packard, car elle « fournit le matériel de surveillance dans les prisons pour l’état d’Israël » précise Manu, un autre militant du BDS 34. Dans cette optique, le BDS 34 avait investi le centre commercial du Polygone le 22 avril dernier pour entrer dans le magasin FNAC et appelait au boycott des produits de l’entreprise informatique.
C’est ainsi qu’en fin de journée de ce samedi 20 mai, un incident est survenu au Polygone où les services de sécurité du centre commercial ont interdit l’entrée d’une personne portant le Tee-Shirt du BDS. Présent durant l’après-midi sur le stand du BDS 34 à la place de la comédie, l’individu, qui souhaitait se restaurer avec une personne au Polygone pour rompre son jeûne symbolique, a demandé des explications auprès d’un responsable estimant que cette décision était discriminante. N’ayant obtenu gain de cause et désireux de rentrer avec son tee-shirt au Polygone malgré l’interdiction, un conflit d’une quarantaine de minutes s’en est suivi avec la sécurité du centre commercial provoquant un attroupement d’une centaine de curieux à l’entrée de l’établissement. L’intéressé a filmé l’incident en direct sur les réseaux sociaux.
Joint par téléphone, Roger Naro le directeur du Polygone reconnaît que cette décision faisait suite à la dernière action du BDS 34 dans le polygone, dont la personne concernée par cette anicroche avec le personnel de sécurité fut un des participants. Il justifie sa décision en affirmant que « ce qui s’applique dans un lieu public ne s’applique pas ici car le Polygone est un lieu de copropriété pour lequel nous avons un règlement intérieur ». Un règlement qui interdit les manifestations ou comportements à caractère politique qui peuvent troubler l’ordre public.
Absent le jour de l’incident au sein de l’établissement, les forces de l’ordre (intervenues environ une demi-heure après le début de l’altercation) ont été obligées de contacter Roger Naro par téléphone pour désamorcer la situation et l’informer que ladite personne était venue se restaurer et non manifester dans l’enceinte. Suite à cela, l’individu en question a été autorisé par la direction à entrer dans le Polygone pour l’accompagner vers un restaurant, mais il quitta l’établissement quelques minutes après, rebuté par l’ampleur de cet incident.
Si finalement une autorisation d’entrée lui a été faite après 45 minutes de trouble, le directeur du Polygone ne cache pas qu’il pourrait prochainement refuser l’accès du centre commercial à toute personne portant le tee-shirt BDS. « C’est une forme d’idéologie » déclare t-il « si vous portez ça c’est que vous avez un message à faire passer, or ce n’est pas le lieu approprié. Si vous êtes dans un centre commercial, c’est pour vous détendre ou pour faire un achat, mais sûrement pas pour faire de la propagande quelle qu’elle soit ».
À suivre…