Le clivage « gauche-droite » : une pertinence qui a du plomb dans l’aile ?
Nécessaires à la démocratie pour les uns, véritable arnaque oligarchique pour d’autres, les partis politiques sont, dans tous les cas, au cœur du jeu politique de nos sociétés modernes. Toutefois, on peine aujourd’hui à les différencier. D’aucuns parlent d’UMPS pour qualifier un « ancien » clivage gauche-droite, qui serait désormais obsolète. À la veille des élections départementales, c’est l’occasion pour Le Nouveau Montpellier de revenir sur ce si décrié clivage gauche-droite, en analysant notamment comment se positionnent les différents candidats à la départementale de Montpellier.
J-1 avant les départementales
Montpellier est une place forte de la gauche depuis plus d’un demi-siècle : les socialistes Jean Bène, Gérard Saumade et André Vézinhet se sont succédé à la présidence du Conseil Général depuis l’après-guerre. En 2011, les socialistes ont été élus dans tous les cantons montpelliérains, comme ce fut le cas en 2008. Aujourd’hui, le gouvernement et la gauche en général battent des sommets d’impopularité. La « vague bleue » va-t-elle inonder Montpellier-La-Rose ? Ce sera tout l’enjeu de ces départementales.
Quand la gauche part en mauvaise posture, elle ne le fait pas à moitié. Pour ne rien arranger, elle se retrouve divisée sur nombre de scrutins dans les six cantons de Montpellier. On retrouve là un autre clivage, celui PS-frondeurs. Ainsi, on dénombre pas moins de quatre candidats étiquetés « divers gauche » (Front de gauche non compris) sur les sept que comporte le canton « Montpellier 1 ». Au centre de la bataille électorale, il y a le canton 3 de Montpellier. Ce canton, fief de Philippe Saurel, regroupe effectivement le cœur de la ville. Il s’étale du centre historique à l’est, jusqu’à Odysseum, passant notamment par les quartiers suivants : Les Beaux-Arts, La Pompignane, Les Aubes, Comédie, Rives du Lez, Antigone ou encore Port Marianne.
Le redécoupage cantonal de 2014, motivé par l’harmonisation démographique des territoires, a fait naître ce canton aux aspirations et aux préoccupations sensiblement différentes. De fait, la sécurité et la propreté du centre-ville sont des thèmes qui devront composer avec le développement économique et immobilier de Port Marianne ou encore « l’enclavement » ressenti par certains habitants de Pompignane. C’est notamment ce qu’a rapporté Sébastien Avallone, jeune candidat de 24 ans pour ce canton numéro 3. Soutenu par Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet, cet enfant de la ville s’est rendu dans les quartiers composant le canton pour y faire du porte-à-porte. Une des mesures qu’il a proposées pendant la campagne départementale a singulièrement clivé le débat entre la gauche et la droite : que les allocataires du RSA fournissent cinq heures de travail par mois en échange de la solidarité. « J’ai violemment été taclé par la gauche. On me reprochait de stigmatiser les pauvres », a-t-il confié.
Un clivage en désuétude, dites-vous ?
Que fait la droite de son étiquette de favori ? Même s’il dit ne pas se soucier des sondages et préférer le ressenti du terrain, Sébastien Avallone mesure toutefois l’engouement qu’il y a aujourd’hui à droite. À Montpellier, cet engouement est d’abord, selon lui, le résultat d’une « déception au niveau national », mais aussi et surtout la récolte de ce qu’il a semé : « C’est le fruit des efforts auxquels j’ai participé avec mon parti depuis l’été dernier, au moment de mon choix de participer à ces départementales. »
Au centre, il y a une volonté d’offrir un « souffle nouveau » à la politique locale, selon les mots de Félix Allary, avocat et président départemental du Modem qui candidate pour le canton 5 de Montpellier, en binôme avec Marie-Laure Brouillard-Tanguy. Cette dernière, candidate centriste, pense qu’aujourd’hui « LA troisième voix se situe au centre ». « Sur le terrain, on constate un vrai désintérêt pour la politique mais également DU politique », partageait-elle. « Les gens ont une image dégradée du politique, qu’il soit de droite ou de gauche, notamment par toutes les affaires de clientélisme en politique. » Sa solution si elle était élue ? Prôner une « véritable politique d’éthique, de responsabilité et d’exemplarité ».
Sur le programme, malgré les intentions charitables de la précédente candidate, on a l’impression que ce binôme fait le pont entre la droite et la gauche. Une sorte de grand écart orchestré par la jambe droite du couple, celle de Félix Allary, souhaitant plus de sécurité pour les quartiers, quand le compas gauche du duo, celui de Marie- Laure Brouillard-Tanguy, entrevoit une approche plus humaniste, d’équité et de proximité.
Pour la gauche, la tâche s’avère âpre. Elle doit faire face au refus du Parti socialiste à la proposition de Philippe Saurel. Le maire « divers gauche » de Montpellier demandait au PS (qu’il a quitté l’an dernier) un partage des cantons : « Trois cantons pour vous, trois cantons pour moi » proposait-t-il. Mais le PS a rejeté sa demande et la gauche se retrouve divisée et asynchrone, comme nous l’avions vu sur le canton Montpellier 1. Ce seront aux urnes de parler ces 22 et 29 mars, en espérant que le gouvernement ait des murs dans les bureaux de vote pour les entendre.