L’e-sport, ou la socialisation 2.0
Principal partenaire de l’e-sport à Montpellier, le Meltdown a ouvert ses portes pour l’Open Class Le Nouveau Montpellier dimanche 17 avril 2016. Une conférence autour d’un grand sujet : « Quel avenir pour l’e-sport ? ». L’occasion pour les intervenants de démonter quelques d’idées reçues.
Le joueur de jeux vidéo est un marginal. Un “no life” comme on l’appelle parfois. Un reclus de la société qui se réfugie dans un monde virtuel pour combler son manque de sociabilité. Ah clichés, merveilleux clichés ! C’est un fait, ces stéréotypes autour des gamers subsistent. Problème : ils sont le plus souvent entretenus par une poignée de non-initiés qui visiblement ne maîtrisent pas leur sujet. Il suffit pourtant de s’écarter un tant soit peu de ces présupposés pour se rendre compte que le jeu vidéo, et de surcroît l’e-sport (la compétition), sont tout sauf des outils d’exclusion. Si beaucoup de joueurs se connaissent uniquement par l’intermédiaire de pseudonymes, les lieux de rencontre dédiés tels que le Meltdown assurent des rencontres “IRL” (In Real Life), qui permettent aux nombreux joueurs d’échanger autrement que par écrans interposés. Pas de distinction d’âge, de sexe, de milieu social, ces passionnés du joystick n’ont qu’une idée en tête : se rassembler autour d’une passion commune : le jeu vidéo
Le jeu vidéo, vecteur de lien social
Les effets de ces rassemblements ne tardent pas à donner naissance à de véritables communautés structurées qui aiment se retrouver régulièrement devant un écran pour se lancer dans de nombreuses parties endiablées. A Montpellier d’ailleurs, c’est le versus fighting (le jeu de combat) qui s’est imposé dans le cœur des joueurs. Street Fighter V, Super Smash Bros et autres. Tous ces jeux qui n’ont qu’un seul but : distribuer des marrons virtuels à son adversaire pour le faire sortir du terrain ou simplement réduire sa barre de vie à néant. Robin Duclerc, président fondateur de l’association e-sport Prod (organisation d’événements vidéo-ludique à Montpellier) est formel : « le multi-local est le meilleur moyen de réunir une communauté plutôt que de rester chez soi à jouer en ligne ».
@ESPSunsura “lorsque les esprits évolueront ça va vite émerger car on a une forte communauté”. #eSport #Montpellier pic.twitter.com/HSi5vwzL5L
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 17 avril 2016
S’il n’y a aucune pitié en jeu, c’est effectivement la convivialité qui régit avant tout ces réunions. Novices ou expérimentés, tout le monde y trouve son compte. Les joueurs plus performants éprouvent même un certain plaisir à coacher ceux qui ont soif de développer leurs talents. Lien de causes à effets évident : des affinités se créent progressivement entre les joueurs. Preuve ultime que le « geek » est tout, sauf un associable.
L’e-sport pour les rassembler tous
Certains diront qu’il suffit de jouer aux jeux vidéo pour se prétendre e-sportif. Néanmoins, pour « Rico », journaliste à Millenium et coach d’une équipe e-sport de League of Legend « Il doit y avoir un statut différent entre le joueur lambda et l’e-sportif, au même titre que l’on fait une distinction entre un sportif professionnel d’un amateur afin de rentabiliser l’investissement personnel d’un joueur ». C’est un fait, quand on parle d’e-sport c’est bien la compétition et la technique qui prime. De véritables championnats qui ne laissent pas la place aux joueurs occasionnels. Si la loi française ne permet pas encore d’offrir une structure claire à la compétition, les associations organisatrices de ces événements arrivent à attirer de plus en plus de public. Une foule venant de toute la France et même d’ailleurs, pour jouer ou simplement regarder. L-esport, apparaît donc comme le moyen par excellence de rassembler toutes les communautés locales en une seule. Le lien social à son paroxysme en somme.
Alors, quel avenir pour l’e-sport ? Si en France, la discipline est encore bien loin d’atteindre le même rayonnement qu’aux États-Unis ou au Japon, « la main tendue par le Gouvernement laisse présager un futur radieux pour une discipline en quête de reconnaissance » souligne Boris Bergerot, actuellement en pleine création d’une plateforme de crowdfunding, spécialisée dans le jeu vidéo. Le e-sport arrive fort, et c’est tant mieux.
Ecrit par Jérémie Léger