« L’œil et le cœur 2 » à Sainte-Anne : dans l’intimité du collectionneur
Après l’impressionnante installation de Chiharu Shiota, le Carré Sainte-Anne se métamorphose à nouveau. Cette fois-ci, et pour une seconde édition de « L’œil et le cœur », ce sont quatre collectionneurs montpelliérains qui se sont prêtés au jeu en exposant 250 œuvres d’art.
Sainte Anne change de visage
Une vingtaine de jours de travaux pour que le Carré Sainte-Anne se revête en parfait temple de collections d’œuvres d’art contemporain. En effet, le lieu s’est complètement transformé et de nouvelles cloisons ont été fabriquées pour l’occasion, répartissant alors une certaine intimité à chaque collectionneur.
De l’abstraction totale à la taxidermie, une multitude de technicités – qu’elles soient d’ordre photographique, sculpturale ou picturale – sont présentées. Jacques Arnaudiès, LG, Tranber et Fernand ont dévoilé leurs passions, leurs rêveries et même leur sensibilité des plus obscures.
Quatre regards différents sur l’art contemporain
À l’entrée, c’est à une partie de la collection d’Arnaudiès, très vive et colorée, que le public est confronté. Ce collectionneur révèle son penchant pour l’abstraction sous toutes ses formes avec une pointe de cynisme. Il a eu la bonté de partager 80 de ses pièces – d’où l’aménagement de deux salles pour l’exposition, toutes méticuleusement sélectionnées pour impressionner et surtout transmettre une obsession tendancieuse pour l’art.

Crédit photo : © Johane Gély
Tranber et Fernand, deux jeunes collectionneurs visiblement amoureux du street art, font rompre le cliché du collectionneur d’un certain âge… Malgré leur amitié, ce sont bien deux univers différents qui sont représentés.
Fernand et ses séries de photographies astucieusement choisies, et pour certaines politiquement incorrectes, suscitent la réaction. Sur cette œuvre de titre inconnu, où tissus brodés provenant du Maroc ont été collés sur une sublime toile simulant une abstraction sur des teintes rosées et dorées, se dissimule un visage féminin.

Crédit photo : © Johane Gély
En ce qui concerne la collection de Tranber, c’est un véritable bureau qui a été reconstitué, transportant le public directement dans la vie privée du jeune homme. Style urbain et street art sont de rigueur, des morceaux de skateboards revisités à des mosaïques de Space Invaders, sans parler des affiches de concerts au fameux sac à dos Eastpak designé. Grâce à Tranber, les figures du street art sont mises sur un piédestal à la vue de tous, revendiquant le même titre que tout style d’art.

Crédit photo : © Johane Gély
Le psychisme de LG est mis à découvert dans cette ancienne église. L’ensemble de ses pièces exposées dégage un côté sombre de sa personnalité. Ces animaux empaillés glacent le sang et cette créature mi-femme mi-animal mystique peinte sur toile laisserait quiconque bouche bée. L’une des œuvres qui dilate les pupilles, c’est cette toile rose bonbon, où un semblant d’infantilisme surgit jusqu’à ce que l’on aperçoive une certaine dégradation putréfactoire. Derrière cette orientation morbide, sa collection dévoile un goût prononcé pour l’esthétisme et le perfectionnisme de chacun des artistes qui l’ont séduit.

Crédit photo : © Johane Gély
L’œil et le cœur 2 vaut le détour et le retour. Une fois visitée, l’exposition de ces quatre personnalités fait cogiter l’esprit de chacun durant quelques jours. Des questions sans réponses conduisent à y retourner encore et encore, toujours avec cette sensation de ne pas avoir tout vu.

Crédit photo : © Johane Gély
Informations utiles
Rendez-vous au Carré Sainte Anne du 24 janvier au 27 avril 2014.
Du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h.
Visites guidées réalisées par le commissaire à partir du dimanche 9 février 2014.
Crédit photo de Une : © Johane Gély