Logement : Pas marrant d’être étudiant
À quelques jours de la rentrée, tous les logements semblent loués alors que des étudiants restent encore sur la touche… Petites astuces de dernière minute pour dénicher le studio idéal et focus sur le projet de loi visant à aider les étudiants sans garants.
Vous avez dit nouvelle année universitaire ? Nous vous répondrons inscriptions à la fac, demande de bourses, examen des offres de petit boulot, reprise des révisions… mais surtout : recherche intense d’un appart’ (ne soyons pas trop exigeant, un studio suffira) en location. Facile me direz-vous, nous ne sommes pas à Paris où on peut demander plus de 800€ pour un 20m² sans que cela n’étonne personne. Mais non, pas si facile que ça ! D’abord parce que les loyers montpelliérains n’ont pas échappé à la tendance et ont explosé au cours des dix dernières années. Ensuite, parce que, même s’il y a beaucoup d’offres, il y a également beaucoup de demandes. Enfin, parce que l’on ne sait pas comment s’y retrouver parmi toutes les annonces et que l’on ne sait pas distinguer les arnaques des propositions honnêtes.
« Ne surtout pas donner d’avance financière. »
Justement, parlons-en des arnaques. On a tous orienté nos recherches, à un moment ou à un autre, sur les sites de petites annonces qui mettent directement en contact les propriétaires avec les éventuels futurs locataires (type Le bon coin). Problème : on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise, d’un bien insalubre, mal placé voire inexistant. Valérie Galliano, directrice de l’agence Vidal Immobilier dans le quartier des Beaux Arts, nous explique qu’il n’y a pas de recette miracle pour éviter les arnaques mais nous conseille « de ne pas hésiter à faire des visites puisque cela ne nous engage à rien » et « de ne surtout pas donner d’avance financière à des margoulins ». En clair, il faut du temps et de la patience.
Pour tenter d’éviter les pièges, la pratique la plus courante est de passer par une agence immobilière. Pratique efficace mais coûteuse puisque le locataire est tenu de payer les fameux « frais d’agence » lorsque le professionnel nous dégote enfin ce petit nid douillet tant rêvé. Désagréable pour les futurs locataires, mais il faut bien payer le service – à savoir que les frais d’agence sont équivalents à un mois de loyer environ et que l’agence ne peut pas faire ce qu’elle veut, ces frais étant encadrés par la loi.
« Le propriétaire fixe le loyer, les charges et les garanties financières »
Selon Valérie Galliano, les principaux avantages de passer par une agence sont la garantie de la sécurité juridique et celle de se voir proposer des « biens impeccables » car elle est soumise à un mandat de location avec des conditions claires. En effet, l’agence peut refuser de proposer un appartement à la location si celui-ci « est limite, voire insalubre ». C’est le propriétaire qui fixe le loyer, les charges et les garanties financières mais l’agence est mandatée pour trouver le locataire : elle fait les visites, prend les dossiers, rédige le bail et fait l’état des lieux (elle s’occupe parfois également de la gestion, cette caractéristique est précisée sur le bail). À savoir qu’il existe également des agences, telles que Proby, spécialisées dans la location d’appartements pour les étudiants montpelliérains.
Pour dénicher the appart’, l’agent immobilier explique qu’il n’y a pas d’astuce mais qu’il faut être aux aguets : « être réactif, se méfier des arnaques sur internet, refuser de donner une quelconque avance et éviter les vendeurs de listes ». Ces « vendeurs de listes » – qui sont parfois des agences – proposent, en échange d’une certaine somme, une liste de logements qui s’avèrent être souvent obsolètes ou indisponibles. Ce souci « devrait rentrer dans l’ordre avec la prochaine loi ». Autre conseil pour optimiser ses chances d’être logé pour la rentrée : se mettre en quête de son logement dès le mois de juin, les propriétaires déposant à cette période les annonces des appartements libres en septembre. En hiver, les offres peuvent également être intéressantes car les prix sont plus avantageux et les propriétaires moins regardants, la demande étant beaucoup moins importante.
L’une des contraintes auxquelles les étudiants sont confrontés est causée par le fait que la demande soit supérieure à l’offre dans des villes étudiantes et touristiques comme Montpellier. De nombreux dossiers sont déposés pour chaque bien, « cela permet au propriétaire d’exiger des choses » ; c’est lui qui fixe les critères puis qui choisit le locataire après que l’agence a fait une sélection. Ces critères sont parfois « discriminatoires », Valérie Galliano a entendu « des choses aberrantes, que l’on ne peut même pas imaginer » et nous donne l’exemple d’un propriétaire qui exigeait que les locataires bénéficient chacun d’un revenu supérieur à 4 500€ par mois… En sachant que les bailleurs préfèrent un couple qu’une personne seule.
Mais alors, quels avantages ont les propriétaires à louer leurs appartements à des étudiants, souvent fauchés ? Tout d’abord, ils réclament obligatoirement un garant, ce qui leur garantit de recevoir leur loyer. De plus, cela leur permet de « libérer l’appartement pendant la période estivale pour le louer plus cher à des touristes ou pour qu’ils puissent eux-mêmes l’occuper ».
« Une caution locative étudiante pour les jeunes sans garants »
Une fois la perle rare dénichée et les conditions remplies, le parcours du combattant n’est pas terminé puisqu’il faut encore remporter la bataille face aux autres potentiels locataires : caution, garants, sources de revenus… Le propriétaire veut tout passer au crible et la concurrence est rude, tandis que les revenus sont souvent faibles.
Si la CAF et les APL apportent à tous une aide conséquente, tous les étudiants n’ont pas la chance d’avoir des parents qui se portent garants. Et sans garants, c’est là que les choses se compliquent… Pour pallier cette inégalité, le gouvernement planche actuellement sur un projet de loi visant à aider les étudiants qui ne disposent pas de ressources suffisantes.
Il s’agirait d’une caution locative étudiante : l’État serait lui-même garant et se porterait caution en cas d’impayé ou de dégradation, comme l’a exigé Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Cette caution concernerait principalement les étudiants issus de familles monoparentales ou séparés de leur famille, les bailleurs réclamant généralement deux cautions. À droite, la mesure est déjà contestée car elle ne concernerait que 2 000 étudiants sur 2 387 000, mais la ministre a précisé que la caution locative étudiante sera, pour le moment, expérimentale puis sera « généralisée en 2014, pour toucher 14 000 à 20 000 étudiants en régime de croisière ». De plus, 8 500 logements supplémentaires devraient être livrés à la rentrée 2013. On attend la suite des décisions, décisions qui pourraient bien rendre service aux étudiants qui connaissent des fins de mois difficiles.

Chaque été, au Corum, se tient l’Espace logement étudiant (Crédit photo : © Arnaud Huc)
Pour les quelques retardataires à la recherche d’un domicile, l’Espace logement étudiant 2013, qui s’est installé au Corum depuis 15 ans, vous accueille et propose plus de 2 000 logements sur Montpellier. Vous pouvez y consulter gratuitement et de façon autonome les annonces des agences immobilières, des particuliers et des résidences privées. Peu d’offres sont encore disponibles (comme dans les agences ou sur les sites spécialisés) car tous les appartements aux petits loyers sont partis rapidement ; il reste donc les loyers plus importants, même si les budgets sont toujours serrés… L’Espace logement étudiant se tient jusqu’au 27 septembre.