MAHB-Istres (38-26) : Entre fierté et déception
Le MAHB n’avait plus les cartes en main et ce depuis sa défaite à trois journées de la fin contre l’ancien rival Chambéry (29-27). En plus de gagner, Montpellier devait espérer un énorme faux pas de Paris lors de son court déplacement à Tremblay-en-France. Si la première partie du contrat a été réalisée (38-26), le miracle n’a pas eu lieu chez les Franciliens qui n’avaient plus rien à jouer et qui ne se sont pas privés de prendre le match par-dessous la jambe. Tout un symbole, Paris s’impose 36-20 (le même score qu’à l’aller contre Montpellier) et remporte le deuxième titre de son histoire. Un point devant le MAHB, qui n’a pas a rougir de son championnat.
Moins de suspense pour plus de spectacle
Istres a tout de même fait illusion pendant une petite dizaine de minutes. Pourtant relégués depuis quelques journées et privés de leur leader en attaque, Derot, les Provençaux ont tenté le tout pour le tout avec leurs armes… limitées (3-5, 7e). Rapidement remis dans le sens de la marche par Tej et Guigou, les joueurs du MAHB n’ont pas tardé à repasser devant (7-6, 11e). Et au moment où les hommes d’expérience de Canayer prenaient les choses en main, les visiteurs étaient victimes d’un gros trou d’air avec dix minutes sans but. Le suspense en prit alors un sacré coup (16-7, 21e).
Enchaînant contre-attaques, kung-fu et autres roucoulettes pour le plus grand plaisir des 3 000 spectateurs présents (le Palais des Sports René-Bougnol étant à guichets fermés), Montpellier n’avait plus qu’à gérer tranquillement son avance. L’arrière slovène Dolenec rendait une copie parfaite (4/4), tout comme Guigou et Tej, tandis que les plus jeunes Grébille et Mackovseket étaient un peu plus à la peine (respectivement 0/4 et 2/4). Le MAHB rejoint donc les vestiaires avec une avance confortable (18-14), mais sans grandes illusions concernant le titre au regard du score à Tremblay, largement en faveur des Parisiens (8-18), qui scellait aussi le suspense dans la course au titre.
Second mais premier…
Patrice Canayer profitait de la pause pour faire quelques changements, ainsi le gardien numéro 2 Kevin Mesnard (12 arrêts en 30 minutes !) a eu droit a un peu de temps de jeu… face à son futur club. En effet, le club a annoncé il y a un mois que Kevin Mesnard était laissé libre de s’engager à Istres tandis que Vincent Gérard, l’international français, revenait au club héraultais.
Souvent sanctionnés par des exclusions temporaires, les Istréens faisaient sortir le gardien en infériorité et laissaient libre champ à Tej de marquer à deux reprises de sa surface ! À circonstances particulières, déroulement particulier. La seconde période était totalement débridée et dans un gymnase surchauffé, au sens propre comme au sens figuré, les Bleus et Blancs ont enchaîné les actions de classe et régalé le public en étant totalement portés sur l’attaque. S’il existe, le record du nombre de kung-fu dans un match ne serait pas loin de tomber ! Malgré ses deux internationaux argentins, Carou et Vieyra, que l’on a au passage régulièrement vu depuisdeux2 ans à Bougnol encouragé leur ami et compatriote Diego Simonet, Istres buvait le calice jusqu’à la lie.
« Même si nous sommes seconds, nous sommes premiers dans le cœur des Français ! » Cette phrase clamée par le speaker du gymnase faisait office de maigre consolation tant l’espoir de ramener le titre sur les Rives du Lez fut grand après avoir caracolé en tête du championnat pendant de longs mois.
Des réactions plutôt positives
À l’image du speaker des Blue Fox, l’entraîneur Patrice Canayer et le capitaine Michael Guigou ne retenaient que le positif de la saison et préféraient retenir la satisfaction d’avoir poussé Paris jusque dans ses derniers retranchements, plutôt que de se mordre les doigts de passer si proche de l’exploit. « J’ai pris du plaisir. C’était une super saison, un super public, une superbe ambiance » confiait Guigou alors que le coach montpelliérain, d’une rare sérénité, paraissait soulagé d’en terminer : « C’est une bonne saison en termes de plaisir, de sérénité et d’atmosphère générale dans le club. »
Réactions détaillées :
Patrice Canayer : « Je félicite Paris d’abord. Ils ont gagné à la régulière. Ils nous ont battus deux fois en championnat. On s’est battus avec Paris, peut-être pas à armes égales mais on s’est battus. Il y a de la déception de ne pas avoir eu de titre mais aussi le sentiment d’avoir beaucoup avancé. C’est une bonne saison en termes de plaisir, de sérénité et d’atmosphère générale dans le club. On en appréciera que plus les prochains titres. J’ai deux déceptions : la demi-finale de Coupe à Nantes et ici à domicile contre Paris, où on n’a pas su se sublimer. Avec lucidité, il faut se souvenir qu’il y a un an on était au bord du dépôt de bilan, qu’on allait perdre Omeyer, Accambray, qu’on partait avec 500 000 euros de moins dans le budget. Pour nous, c’est une belle victoire. Clairement la déception sera plus pour les actionnaires que pour moi. On essaye des coups, comme Mackovsek, mais on n’a pas les moyens de se payer. Si c’est pour faire jouer des joueurs moyens, on fait jouer des joueurs du centre de formation. Ne me demandez pas de faire venir des grandes stars. Ou alors investissez avec nous (rires). »
Michaël Guigou : « Forcement on était très déçus après Paris et Chambéry, mais aujourd’hui, la seule chose qu’on peut dire c’est qu’on finit à un point de Paris, on ne peut être que fier de ce que l’on a fait en championnat et en Ligue des champions. Parfois ce sont certaines limites qui laissent des regrets. J’ai pris du plaisir. Super saison, super public à Bougnol et à l’Arena, dont l’ambiance a été critiquée parfois, mais contre Paris quelque chose s’est véritablement passé ce jour-là. Paris ? C’est logique qu’ils fassent ces scores-là avec les salaires astronomiques qu’ils proposent. »
Compositions et statistiques :
Montpellier AHB : MESNARD Kevin (12 arrêts) – SIFFERT Arnaud (5 arrêts) – SIMONET Diego (4/6) – TEJ Issam (4/4) – GREBILLE Mathieu (2/7) – DOLENEC Jure (5/6) – GUIGOU Michael (5/7) – GABER Matej (0/1) – KAVTICNIK Vid (2/3) – GAJIC Dragan (0/3) – BONNEFOND Baptiste – FABREGAS Ludovic (1/1) – MACKOVSEK Borut (4/7) – BORGES Felipe (1/2). Entraîneur : CANAYET Patrice
Istres OPHB : ANDRY Pierre (12 arrêts) – TRICAUD Thomas (3/4) – AUBERT Teddy – CISMONDO Bastien (2/6) – RUIZ Lucas (2/3) – ROSIER Merlin – PERRONNEAU Niels – VIEYRA Federico (4/11) – DUDE Ingars (3/3) – KOSANOVIC Milan – CAROU Gonzalo (2/3) – EYMANN Quentin (3/8) – GERARD Yvan (6/8). Entraîneur : DEROT Gilles
(Crédit photo de Une © : Patricia Glorion)