Le MMF : un avenir incertain ?

Promu cette saison, le MMF a déjoué tous les pronostics en allant jusqu’en demi-finale du Championnat de France. ©ScountryPics
L’histoire était belle, le Montpellier Méditerranée Futsal (MMF) avait connu une réussite sportive remarquable. Promu cette saison en D1, les pensionnaires du gymnase Jean Bouin ont déjoué tous les pronostics, sortis en demi-finale du championnat de France après avoir passé une grande partie de la saison sur le fauteuil de leader. Mais l’avenir du plus petit budget de l’élite semble aujourd’hui compromis, la faute à un manque de subventions et de considération de la Métropole envers un club qui ne cesse pourtant accroître sa popularité.
Montpellier, ville sportive ! À quel prix ?
On en parlait déjà depuis quelques temps, le Président du club, Hamza Aarab, faisait des appels du pied envers les collectivités depuis quelques mois. Aujourd’hui, l’avenir du club est officiellement menacé. La faute à trop peu de moyens mis à sa disposition, le Président montpelliérain tirait déjà la sonnette d’alarme en janvier dernier pour nos confrères du e-metropolitain: « On galère vraiment financièrement. On s’est posé la question plusieurs fois de savoir s’il fallait continuer ou pas. On est à deux doigts d’arrêter ». Les mots sont forts, peut-être pour éveiller les consciences des élus locaux, mais force est de constater que six mois plus tard, la situation s’est aggravée. Alors que le club fêtera l’année prochaine, ses vingt ans d’existence, son avenir est frappé par l’incertitude.
La faute à de faibles subventions de la Métropole en faveur du club, qui plafonnaient cette saison à 20.000€. Une bien faible somme pour construire non seulement une équipe première, mais également pour former les jeunes, de plus en plus attirés par le club, acheter le matériel nécessaire, ou encore financer les déplacements à l’extérieur… À titre de comparaison, le Toulon Elite Futsal, 5ème du dernier championnat, disposait, pour cette saison, d’une subvention à hauteur de 100.000€ de la part de l’agglomération toulonnaise, soit cinq fois plus que le club héraultais. Même au sein de la métropole, le club est l’une des associations sportives qui dispose le moins d’aides financières par rapport à sa renommée nationale. Par exemple, le Montpellier Méditerranée Métropole Canoé-Kayak-UC dispose d’une enveloppe trois fois supérieure au MMF. D’autres sports, ayant une visibilité moins importante, comme le MUC Baseball (28.500€) ou encore le Montpellier Beach Volley (25.000€) sont aussi plus soutenus que le club de futsal. Pourtant, celui-ci ne cesse d’augmenter sa visibilité, avec plus de 130 licenciés au club, un chiffre en constante augmentation.

Les supporters de Jean Bouin devront changer de salle pour supporter leur équipe l’an prochain. ©MHY
Nous avons pu nous entretenir avec Chloé Bardot, responsable administrative et dirigeante du MMF, grande artisane, sur les réseaux sociaux, de la prise de conscience de la situation du club. Elle regrette un manque de soutien : « À ce jour, nous sommes réellement soutenus par la Région, qui croit en nous et qui nous encourage dans notre développement. Le département nous aide mais timidement, cela fait un an que nous demandons un rendez-vous avec M. Mesquida (Président du conseil départemental de l’Hérault) mais nous n’avons toujours pas de réponse. Nous n’avons jamais vu M. Meissonnier (Vice-Président en charge des sports à la Métropole et Président délégué de la commission Sports et Traditions Sportives). Pourquoi ? Trop de questions se bousculent ». Les représentants de la Métropole n’entendent pas les appels à l’aide du club. « Il y a d’autres manières de nous aider, en dehors du financier, sur la communication, sur l’octroi d’un local professionnel etc… ».
« Nous ne demandons pas de passe-droit »
Ce n’est pas la première fois que le club est confronté à ce genre de problèmes. Déjà en 2015, la ville et la métropole de Montpellier avait suspendu les subventions du club. Celui-ci avait alors prouvé qu’il avait plus d’un tour dans son sac. Grâce à l’élan populaire envers le club du Petit-Bard et aux soutiens financiers ou symboliques de footballeurs professionnels de renommés tels que Younes Belhanda, Youssef El Arabi ou encore Louis Saha, ainsi que l’élaboration d’un nouveau projet social et sportif, le club avait réussi à renverser la vapeur. Mais deux ans plus tard, le Maire de Montpellier, Philippe Saurel, ne semble toujours accorder autant d’importance au club. Pire, il se permet une sortie médiatique remarquée samedi dernier (3 juin 2017) dans Midi Libre, en dénonçant le fait que l’argent public n’était pas « open Petit-Bard ». Alors simple erreur de communication ou véritable mépris de la part du Maire ?
Suite à un article paru aujourdhui dans Midi libre, voilà l’article et la réponse de M. Saurel.
Nous ne demandons pas de passe droit! Merci pic.twitter.com/lhAzpqsRUC— Chloé Bardot (@chloebt63) 3 juin 2017
Pour Chloé Bardot, cette sortie est « méprisante et à la limite du ridicule » ; « Nous ne demandons pas de passe-droit. Nous sommes un club avec une équipe en Division 1, une académie avec des jeunes où il y a du travail réalisé ». Une simple requête pour plus d’égalité. Alors que l’on a pu voir le Maire de Montpellier au Stade de France, pour soutenir les jeunes du MHSC, vainqueurs de la Coupe Gambardella il y a quelques jours, il ne s’est en revanche jamais déplacé pour soutenir le MMF dans sa propre ville, malgré les invitations répétées du club notamment en février dernier pour le match événement face au Kremlin-Bicêtre United au Palais des Sports René Bougnol : « Nous pensions réellement qu’il serait parmi nous , mais non. C’est là que nous avons compris qu’il n’y avait rien à faire ». Néanmoins, son adjoint aux Sports, Fabien Abert est lui plus présent : « Il reconnaît notre travail et nous soutient. Il est venu à plusieurs de nos matchs, même en dehors de ses fonctions ». La dirigeante défend d’ailleurs le fait que le club n’a aucune visée politique : « Nous travaillons pour l’intérêt du club et nous ne refusons l’aide de personne ».

Tweet de soutien public du Maire de Montpellier, Philippe Saurel, pour le MHSC, mais pas pour le MMF.
« Nous ne lâcherons rien et s’il le faut, nous changerons de ville »
Un appel à l’aide qui se concrétise officiellement, le club lançant une opération de dernier espoir avec une campagne de crowdfunding (à laquelle vous pouvez participer ici) afin de tenter de sauver le club. Une campagne mise en place jusqu’à septembre, date du début de la saison 2017-2018 de D1. « Nous aimerions dans un premier temps atteindre 30.000€, mais si ça va au-delà, ça nous aidera encore plus ». Une dernière cartouche afin de continuer à illuminer le futsal français. En parallèle, la représentante du club nous confie que des discussions avec des sponsors et des partenaires privés sont en cours. « Nous ne lâcherons rien et s’il le faut, nous changerons de ville » rajoute-elle.
Mais si le club arrive à se sauver financièrement, il devra toutefois changer de gymnase. Là aussi, un autre sujet épineux. Canal+ ayant remporté les droits de retransmission du Championnat de France pour la saison prochaine, les matchs seront donc désormais retransmis sur la chaîne cryptée. Problème, le gymnase Jean Bouin n’est pas homologué pour accueillir des caméras. Le club doit donc se trouver une autre domiciliation. La piste de la salle Pierre de Coubertin, un moment sur les tablettes, est aujourd’hui au point mort. Une autre zone d’ombre qui inquiète l’ensemble des personnes attachées au club : « Nous ne savons pas comment faire et où nous jouerons, à moins qu’une dérogation soit accordée, mais imaginez-vous Canal+ venir à Jean Bouin… Il nous faut vraiment une structure pouvant accueillir les médias, c’est aussi pour ça que la piste d’une autre ville est étudiée » nous confie Chloé Bardot.
Le MMF : Un club, une famille
Comme en témoigne le slogan du club, le Montpellier Méditerranée Futsal au-delà d’un club, est une famille avec des bénévoles et des supporters qui se battent pour sauver l’institution. Grâce à sa bonne saison, l’équipe intéresse aujourd’hui de plus en plus de montpelliérains, qui se retrouvent dans cet aspect familial, mais aussi de plus en plus de fans de futsal à travers la France. Prônant des valeurs sportives et sociales à travers la solidarité et la diversité, le club a connu cette saison un gain de popularité énorme. Et malgré ce que certains élus semblent penser, le club ne représente pas que le Petit-Bard, mais bel et bien l’ensemble de la ville comme l’affirme Mme. Bardot : « Lors de nos matchs à travers la France, nos tournois à l’international, nous représentons toute une ville et non un quartier ». La Métropole ne semble pas prendre conscience de l’élan populaire autour du club et la perte d’une équipe sportive au plus haut niveau de sa discipline.
A noté que le collectif Union Urbaine prépare un documentaire sur le club, qui sortira dans les prochains mois, restez à l’affût !
Ne venez pas à l’improviste @saurel2014 nous serons tous mercredi au gymnase d’Antigone pour la finale du tournoi organisé par VOTRE ville pic.twitter.com/edXzmYJeyA
— Chloé Bardot (@chloebt63) 4 juin 2017