Montpellier : halte à la surconsommation, place au don
Le samedi 25 janvier, entre 11 heures et 16 heures, le boulodrome des Arceaux laissera place à un événement singulier : la Gratiféria, une véritable zone de gratuité festive ouverte à tous. Un seul mot d’ordre : le don.
« Donnez ce que vous voulez, ou même rien et repartez avec ce dont vous avez besoin. » Tel est le slogan des créateurs de la Gratiféria, concept tout droit venu d’Argentine, repris pour la première fois dans l’Aude en octobre 2012. Imaginez un endroit où des dizaines d’objets, prêts à être donnés à qui le veut, vous attendent pour avoir une seconde vie, sans aucune contribution de votre part, sauf peut-être un sourire : un marché totalement gratuit ! Pour Ka Too, initiatrice du projet à Montpellier, c’est une nouvelle façon de concevoir la consommation. « Le concept de Gratiféria repose sur plusieurs idées : la solidarité bien sûr, mais également une dimension écologique. On ne sait plus quoi faire de tout ce que nous possédons, la Gratiféria est un moyen de répartir les ressources de manière naturelle et de proposer un autre système de consommation. » Ce grand marché gratuit a donc vocation à rendre service aux personnes dans le besoin mais aussi à la planète, envahie par les déchets.
Un constat : trop d’objets jetés… qui fonctionnent encore
« J’étais dans ma voiture et il pleuvait. C’est alors que j’ai vu un superbe lit à coté des poubelles et je me suis dit, révoltée, “Ce n’est pas possible, quelqu’un a forcément besoin d’un lit ce soir à Montpellier !” Tout est parti de là, trop d’objets sont laissés à l’abandon alors qu’ils pourraient encore servir. » Un constat alarmant mais véridique. Dans une société où l’obsolescence programmée règne en maître et où la nouveauté prime souvent sur la fonctionnalité d’un objet, il peut parfois être difficile de ne pas acheter le dernier écran LCD à la pointe de la technologie, même si votre vieille télévision fonctionne encore très bien. Et pourtant. Bon nombre d’objets mériteraient d’avoir une seconde vie. Votre télévision, mais aussi votre four, vos assiettes ou votre meuble dont vous n’avez plus l’utilité et qui moisissent à la cave, pourraient très bien dépanner un étudiant ou éviter à une mère de famille d’acheter à nouveau. Une façon simple de ne plus contribuer à la surconsommation.
Le don, une logique en pleine expansion
Pour preuve, la Gratiféria mais aussi de nombreux groupes de dons naissent chaque jour sur la toile et attirent de plus en plus de curieux. Non seulement à Montpellier, mais aussi dans beaucoup d’autres régions. La logique reste la même : ne plus utiliser son argent dès que l’on a besoin de quelque chose et ne plus jeter ce dont on ne se sert plus ! Un réflexe qu’il est parfois difficile de perdre et une logique qui en surprend plus d’un. « Avant, les gens qui pratiquaient le don étaient catalogués comme hippies. Aujourd’hui, ce système s’étend à la classe moyenne qui adhère à cette idée de partage » explique Sarah, qui fait partie d’un groupe de dons sur la toile. Le don, c’est faire preuve de générosité quand on le souhaite, tout en préservant la planète d’un système de surconsommation destructeur. Destructeur de lien social notamment, comme l’explique Sarah : « Dans les grandes villes, il est parfois difficile de rencontrer des gens, le don et les Gratiférias sont de vrais connecteurs sociaux, avec une dimension festive qui facilite les rapports humains. » Opinion partagée par Ka Too, créatrice du projet montpelliérain : « Dès l’instant que la valeur d’argent disparaît, les comportements changent, les gens sourient et se parlent. La Gratiféria a pour vocation de créer du lien, une notion perdue par notre système actuel. »
Si vous possédez des objets dont vous ne voulez plus ou que vous avez besoin de choses et d’autres, rendez-vous samedi 25 janvier sur ce grand marché gratuit et festif qui fera surement de nombreux heureux. Des activités musicales et de belles surprises vous y attendent !
Pour plus d’informations, consulter la page Facebook de l’événement.
(Crédit photo de une : © Anthony Stifani)
Excellent article, bien écrit et traitant d’un sujet très écolo.
Deviendrions nous raisonnables???
La façon la plus efficace de combattre un système qui ne nous convient plus n’est pas de lutter contre lui mais de s’en désintéresser et de ne plus l’alimenter…