Mozaïk Outre-mer : l’intégration des étudiants ultramarins à Montpellier
Ils viennent de loin et ont choisi Montpellier pour poursuivre leurs études. Sur place, les étudiants ultramarins peuvent compter sur l’association Mozaïk Outre-mer pour les aider à s’adapter à la vie métropolitaine. Evénements culturels, rencontres et activités : tout est fait pour que la transition soit facilitée. Rencontre avec deux membres de l’association qui prennent leur mission très à cœur.
« Notre association, c’est un point de rassemblement pour les jeunes ultramarins », lance Lionel Pierode, assistant manager et coordinateur de projets. Qu’ils soient originaires des Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélémy), de Guyane, de Saint-Pierre-et-Miquelon, des îles de l’océan Indien (La Réunion, Mayotte) ou celles du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis-et-Futuna), les étudiants originaires d’outre-mer retrouvent un peu de leur chez-soi grâce à Mozaïk Outre-mer. Cette dernière joue un rôle de « passerelle » dans l’objectif d’aider les étudiants à s’intégrer à la vie en métropole, pas si évidente lorsqu’on vient de terres éloignées : « On organise des événements culturels tout en les initiant à la vie métropolitaine », ajoute Lionel.
Beaucoup d’étudiants sollicitent l’association pour des demandes « de logement » ou « de stages ». Un aspect logistique et professionnel auquel s’ajoute bien évidemment « le choc culturel » qu’il faut atténuer. Pour Lionel, l’important est de « préserver l’identité culturelle en faisant attention de ne pas développer le communautarisme ». Et pour cela, il est important de prendre en compte les spécificités de chacun des territoires. « Au fond c’est comme ici : les Marseillais, les Parisiens, les Corses, ont leurs propres spécificités et leurs propres identités », temporise Béatrice Birand, administratrice et originaire de Martinique. Mais pour les DOM-COM (Départements et collectivités d’outre-mer), noyer les préjugés dans le bassin métropolitain est un combat de tous les jours : « On me pose souvent la question de la nationalité. On va même quelquefois jusqu’à me demander s’il y a des McDo et des routes chez nous ! » ironise Béatrice.
Intégration personnelle et professionnelle
Quelques fois, certains propos ne facilitent pas non plus le travail de l’association. Les propos de la députée européenne Nadine Morano en sont la preuve. Bien que déroutée, Béatrice relativise un peu : « Si ces propos avaient été tenus par quelqu’un d’autre, cela m’aurait encore plus choquée. Venant de Nadine Morano, ce n’est pas vraiment une surprise même si ça reste désolant. » Pourtant, l’administratrice n’est pas plus étonnée que ça : « Quand on présente la cartographie des régions françaises pendant les élections régionales, les territoires d’outre-mer n’apparaissent pas ! Dès lors, ce n’est pas surprenant d’entendre ce genre de discours… »
Dans l’association, on note aussi que le milieu professionnel reste un attrait certain pour les étudiants ultramarins issus de territoires où le chômage des jeunes est très élevé. « On aspire tous à retrouver notre territoire », affirme Béatrice qui concède que le chômage « reste un facteur qui freine le retour ». Un frein que l’association invite à mettre à profit, d’autant que pour Lionel, la métropole a un autre avantage, celui de « l’ouverture sur le monde ». Qu’elle soit forcée ou choisie, la mobilité des ultramarins reste une opportunité d’après Béatrice : « Les insulaires n’ont pas cette chance d’avoir à proximité des pays différents qu’ils peuvent visiter. En métropole, la mitoyenneté avec l’Union européenne est une occasion à saisir. »
En dépit des difficultés, l’expérience des étudiants ultramarins reste en général positive selon Mozaïk Outre-mer. « La vie en métropole n’est pas négative, sinon les jeunes ultramarins ne partiraient pas. La France est une terre d’accueil, tout simplement parce que c’est la nôtre. Quelque soit nos origines, on se sent totalement Français », termine Béatrice.
Car la France est bel et bien une mosaïque, dont la population ultramarine est un des assemblages les plus riches.
(Crédit photo : © Vairea Taerea)