« Orfeo ed Euridice » à l’Opéra Comédie de Montpellier
L’Opéra et orchestre national de Montpellier (OONM) présentait, dans la soirée du mardi 24 septembre, Orféo ed Euridice de Christoph Willibad Gluck (1714-1787), le premier opéra de la saison 2013-2014.
La première représentation de la saison était attendue à l’Opéra Comédie, suite aux dernières remises en question au sein de cette grande institution. Rappelons que son directeur général, Jean-Paul Scarpitta, quittera son poste en juillet 2014 et que son remplaçant est encore inconnu. De plus, les subventions accordées par la région sont discutées par le président du conseil régional, Christian Bourquin, l’agglomération souhaitant prendre le relais.
Dans la presse locale, ledit directeur général a dû s’expliquer sur plusieurs choix faits pour cet opéra. En effet, le rôle d’Orféo était initialement prévu pour Marie Karall mais c’est finalement Delphine Galou qui a pris le titre. Si de tels changements, assez rapides, se sont déjà produits dans la gestion de Jean-Paul-Scarpitta, il argue ici des problèmes de santé pour la première cantatrice et donc son incapacité à assurer cette place centrale qui lui était donnée. Il a également dû justifier le fait que le chœur de l’Opéra national de Montpellier soit dans la fosse, tout près des musiciens.
Un opéra court mais généreux
Ces éléments connus et soulignés, les spectateurs sont néanmoins venus en nombre pour cette première représentation. Au premier abord, habitués au opéras de trois heures, cette représentation surprend puisqu’elle dure seulement 1 heure 40. Très vite, la richesse de la mise de scène captive et la musique prend possession de nos oreilles. C’est une première en France pour Chiara Muti, ce qui a été mis en avant dans le programme de la saison. On approuve rapidement cette mise en scène généreuse et vivante, Chiara Muti nous propose des jeux de lumière ravissants et chaleureux ou froids et violents, selon les émotions qu’elle souhaite transmettre à son public. Le décor se partage entre fer forgé, vitres, stèle et draps légers, il se pare notamment de pétales de rose dès le début du spectacle. Tout semble à sa place, pas d’excès dans ce décor d’Ezio Antonelli, les protagonistes s’intègrent à merveille. Les figurants/danseurs font vivre cet opéra, très présents, vêtus de différents costumes selon les tableaux et assurant le spectacle tout autant que les trois cantatrices. La chorégraphie est assurée par Micha Van Hoecke qui montre là une palette de sentiments large et intense. La présence de deux enfants, qui jouent sur scène, est assez rare pour être soulignée. Il est également important de saluer le travail de Alessandro Lai qui, par ses costumes, nous sort un peu de la sobriété que l’on voit dans tous les opéras depuis de nombreuses années.
Des critiques à écarter
Le plaisir que l’on éprouve face à cet opéra n’est pas entaché par certains petits détails, comme le bruit fait par les changements de décors en arrière scène, bruit n’étant malheureusement pas couvert par la voix de Delphine Galou. Il est vrai que, face à Eleonora Buratto et Christina Gansh, divas de qualité, Delphine Galou est un peu faible, sa voix étant parfois noyée par la musique. On le lui pardonne aisément car l’émotion qu’elle met dans son chant est si puissante qu’elle parvient à nous convaincre qu’elle mérite d’être là.Cette merveille a été applaudie avec frénésie, la salle redoublant d’enthousiasme à l’entrée sur scène de la talentueuse Chiara Muti, qui est descendue de sa loge pour saluer le public. Du premier étage, Jean-Paul Scarpitta a lancé des roses blanches sur scène pour manifester le plaisir qu’il a eu, comme chacun, à assister à cette première.
Un moment de poésie en musique, pour le plaisir des yeux et des oreilles, encore visible les 27, 29 septembre et 1er octobre 2013.
Je rejoins ce commentaire plutôt positif. Cependant il n’est rien dit sur la piètre qualité musicale de l’exécution (pour une fois il n’y a pas d’autre terme). L’orchestre de Montpellier n’est plus ce qu’il était et la direction du hongrois Balazs Kocsar avait souvent tendance à tirer le Gluck du siècle des lumières vers une lourdeur difficile çà supporter. Il n’est pas besoin pour cette musique de disposer d’un orchestre baroque avec instruments d’époque (Gardiner l’a prouvé quand il a créé l’orchestre de l’opéra de Lyon) mais un peu plus de légèreté aurait été bienvenue. Cet orchestre manque d’un véritable directeur musical qui le fasse travailler régulièrement (les attaques plus qu’approximatives ne sont pas dignes d’un orchestre dit “national). Il est à souhaiter que le futur patron de l’O-O-M sache mettre à la tête de cette phalange l’artiste-artisan qui lui manque cruellement.
Bonjour et tout d’abord merci de nous lire!
Effectivement, comme il a été souligné dans l’article, les choix de Jean-Paul Scarpitta sont grandement discutés. Votre avis est une pierre de plus à l’édifice de ce débat qui mérite d’exister surtout que beaucoup craignent la perte de l’honneur d’être “national”. En espérant que son successeur fera les bons choix.
Merci de votre commentaire éclairant sur la question!