Petits meurtres entre amis au Manoir du crime
L’association Le Manoir du crime promeut le jeu de rôle à Montpellier. Elle multiplie les événements tels que les soirées Meurtres et Mystères, une vitrine pour une activité encore assez mal connue et peu répandue.
Pour Florian Marquet, président de l’association, le jeu de rôle « souffre de la mauvaise image véhiculée par les médias dans les années 90. C’était vu comme une secte satanique de gens bizarres qui se réunissaient dans une cave ». Une vision que Florian conteste, bien évidemment : « Le jeu de rôle, c’est social, c’est intergénérationnel et interculturel ! »
Les fondations du Manoir
Florian faisait partie depuis des années de l’association Terra Ludis. Avec l’association orientée davantage jeux Grand Nature (GN), il avait participé à des soirées telles que Meurtres et Mystères. Ces soirées se composent d’une saynète de 10 à 15 minutes jouée par des membres de l’association et à la fin de laquelle il y a un personnage qui meurt. Le public doit ensuite reconstituer l’histoire et savoir ce qu’il s’est passé. « Le public dispose de nombreux supports comme preuves, les gens peuvent aller interroger les personnages de la saynète. Les acteurs restent dans leur rôle, avec le caractère qui leur est propre. Donc les gens doivent s’y adapter et c’est une première démarche vers le jeu de rôle. »
Avec deux autres personnes, Florian se lance pour monter une société qui proposerait des soirées comme celle-ci à des entreprises. De janvier à juillet 2013, la société existe mais survit difficilement. « En entreprise, le bénévolat ça n’existe pas. Il fallait payer les gens et quand sur une soirée on a besoin de dix personnes, ça fait beaucoup monter le prix de la prestation. Ce n’était pas possible, alors on a fermé l’entreprise et on est parti sur une association. » L’association voit officiellement le jour en septembre 2013.
Les murs du Manoir
Le Manoir du crime propose à présent autant de fameuses soirées Meurtres et Mystères que des soirées enquêtes. Les gens se voient attribuer un rôle lors de soirées en petit comité par l’intermédiaire de fiche personnelle, avec un caractère qu’ils devront respecter, des objectifs à remplir. Florian qualifie cela de « théâtre d’improvisation ludique ». Ces soirées sont transposables en milieu professionnel, pour des comités d’entreprise par exemple.
L’association intervient aussi en milieu scolaire : « Nous avons eu un financement du département pour intervenir en collège. Pendant cinq semaines, nous sommes allés à la rencontre de collégiens avec leur professeur de français. Ils avaient beaucoup d’idées mais ils ne savent plus écrire. On les a fait travailler par groupe de cinq ou six et on les laissait se planter pour après les aider à trouver le moment où ils s’étaient plantés, pourquoi ça n’allait pas et comment ça pouvait s’imbriquer. » Sur les huit groupes, deux présenteront leurs travaux à la Comédie du livre au mois de mai.
Des interventions auprès des jeunes, il y en a aussi à la médiathèque de Pierresvives, tous les mercredis après-midi. Et elles seront probablement prolongées l’an prochain. « C’est une bonne nouvelle. En plus, on véhicule des valeurs auprès des jeunes, celles de l’écoute, de ne pas couper la parole, de s’adapter, ça fonctionne bien. » C’est d’ailleurs avec son expérience de surveillant en collège et lycée que Florian en vient à proposer des ateliers d’écriture depuis janvier. « Souvent il y a un blocage au bout de trois ou quatre pages parce qu’on a accumulé les illogismes, des idées ça se structure. »
En bref, « il faut chercher sans cesse de nouveaux contrats, on a des demandes mais ce n’est pas dit qu’on revienne au même endroit l’année d’après, c’est ponctuel et même si le bouche à oreille marche très bien, on doit trouver des choses récurrentes pour avoir des perspectives ». C’est d’autant plus important qu’à présent, l’association a un local.
Un toit pour le manoir
L’organisation des soirées nécessite des réunions. Florian explique : « On faisait de plus en plus de réunions, on louait une salle dans une MJC et on s’est dit que ça serait bien d’avoir notre local, 50m² environ. » Et au projet se greffe François Cedelle. C’est un auteur de jeu de rôles qui fait partie d’un collectif d’auteurs. En juin 2014, une fusion est décidée. Elle s’opère entre ce collectif et l’association en décembre 2014. Le local s’en trouve agrandi dans leurs attentes. Il fait 80m², se situe 6 rue Henri René (proche de la gare) et ouvre ses portes le 25 octobre 2014.
Un sacré souvenir : « On a eu à faire des travaux, c’était un ancien bar à chicha, décoré en rose en bleu ! » À présent, le local est également une boutique qui propose des produits liés au jeu de rôle, aux autres jeux, aux dés… « On s’est lancé dans l’aventure de l’édition ! » Leurs clients doivent être adhérents de l’association pour pouvoir acheter chez eux. C’est la seule contrainte que pose le statut d’association. Ils reçoivent également des auteurs : « Dernièrement on a fait venir Denis Souly, un créateur d’univers de jeu de rôle, pour une présentation de son travail et une séance de dédicaces. Il est très humain, il a une énergie incroyable. Ça a été une super rencontre avec les joueurs. »
Ça marche si bien qu’ils ont dû employer quelqu’un à temps partiel, en contrat aidé (CAE) depuis le 1er janvier. « Mais il y a tellement de travail qu’il faudrait plus, c’est juste qu’il faut pouvoir payer les charges aussi. Le but c’est de pouvoir en vivre un jour. »
À venir prochainement
Vendredi 20 mars au restaurant Le déjeuner de Sarah, sur réservation auprès du restaurant : 04 67 92 65 41. Soirée Meurtres et Mystères « À couteau tiré » à partir de 19h45.
Samedi 4 avril à la MJC de Castelnau-le-Lez, sur réservation jusqu’au 3 avril auprès de l’association (contact@association-manoirducrime.fr). Soirée Meurtres et Mystères « Les mémoires d’un flic épisode 2 » précédée d’un match d’impro entre les Improspectus et les Ours Molaires. Un match qui se terminera mal comme le raconte un flic des seventies, démissionnaire reconverti en détective privé qui écrit ses mémoires. L’épisode 3 est pour octobre-novembre, dans l’univers des Miss à l’américaine. Tarifs non adhérent de l’asso : 12€/15€, adhérent : 11€/14€. Adhésion : 1€ à vie.
Samedi 16 mai pour la Nuit des archives à Pierresvives. Un grand format pour le jubilé de la Première Guerre mondiale, dans une ambiance lourde et pour une fois exempte de parodie. Gratuit. Sur réservation auprès de la médiathèque.
La boutique ici, l’association là.
(Crédit photo de Une : © Grégoire Bouteillier)