Pierre Carles : Le documentariste à Montpellier
Connu pour son travail dénonciateur des médias et du travail salarial, le documentariste Pierre Carles présente cette semaine son nouveau film « Opération Correa Première Partie : Les ânes ont soif ». Professeur à l’Université Paul-Valéry, Pierre Carles a organisé une projection de son tout nouveau film ouvert au public au sein de la faculté de cinéma. Le Nouveau Montpellier y était et revient sur l’événement.
La projection s’organise en deux temps. En premier lieu se déroule un court métrage nommé « Glasgow contre Glasgow ». Puis la soirée s’enchaîne sur le film de Pierre Carles. La première œuvre est un court métrage de Julien Brygo, journaliste au Monde diplomatique. Ce dernier mène une enquête, au travers de son documentaire, sur les écarts sanitaires entre pauvres et riches de la ville de Glasgow.
« Glasgow Contre Glasgow »
Julien Brygo débute sur cette phrase écrite en blanc sur fond noir : « Vivre riche dans une ville de pauvre. » Au cours du documentaire est établi le constat que l’âge moyen d’un homme pauvre est de 54 ans alors que l’âge moyen pour les riches s’élève plutôt à 82 ans. Les thèses les plus communément prônées concernent les théories autour de la malnutrition qu’engendrerait la pauvreté glaswégienne. Le gouvernement écossais a donc décidé de mettre en place un programme concernant ce problème nutritionnel. Le film s’attache beaucoup à montrer le problème et les clivages énormes qui existent entre riches et pauvres habitants de Glasgow. Cette ville est la septième plus riche du Royaume-Uni mais conserve pourtant un taux énorme de chômage. Au travers de nombreux entretiens réalisés auprès de personnes riches comme pauvres, Julien Brygo nous montre la dure réalité de la ville où « les parcours de golf font office de frontière entre quartiers riches et quartiers pauvres. »
Pour réaliser ce documentaire, Julien Brygo a dû se rendre deux fois à Glasgow pour des séjours de deux semaines. Le film et les frais ont été financés par lui-même. Ce film est la suite d’un article du Monde diplomatique paru en août 2010 pour lequel il a reçu une réponse du Marketing Bureau de Glasgow lui indiquant : « Nous avons vu l’article de l’envoyé spécial du Monde diplomatique avec consternation et désarroi. »
Pour visionner le court métrage de Julien Brygo : Glasgow contre Glasgow
« Opération Correa Première Partie : Les ânes ont soif »

(Crédit Photo : © Pierre Carles)
Le film est centré sur un personnage, comme le nom du film l’indique : Rafael Correa, président de l’Equateur depuis 2007. Celui-ci a un parcours quelque peu orthodoxe notamment au vu de la manière dont il dirige le pays face à la crise économique. Et c’est un des principaux points sur lesquels va s’attarder Pierre Carles dans son documentaire : Rafael Correa a fait une visite officielle en France il y a peu et très peu de médias français en ont parlé. Pourtant, le président équatorien est un francophone émérite, économiste de longue date qui a réussi à faire tomber le chômage dans son pays en dessous de la barre des 4,1 % (11 % en France). C’est à la suite d’une interview à la Sorbonne, le 6 novembre 2013, que Rafael Correa explique comment son pays est en train d’inventer un nouveau modèle économique en s’émancipant radicalement des missions que lui impose le Fonds Monétaire International. Cela a permis à l’Equateur de faire baisser son seuil de pauvreté de 16 % à 8 % en sept ans. Le cas équatorien devrait donc être fortement important pour les puissants d’Europe. Pourtant, ce dernier est quasiment inconnu aux yeux des médias français.
Au vu du faible nombre de médias – à l’exception du Monde diplomatique – s’étant intéressés au cas de Rafael Correa, Pierre Carles et son équipe ont décidé d’interviewer un certain nombre de personnalités de la sphère médiatique, y compris Ivan Levaï (journaliste radio chez France Inter). Lorsque l’équipe de Pierre Carles l’interroge sur la non-médiatisation française de Rafael Correa, ce dernier répond, visiblement déstabilisé : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. » D’où la réponse de Pierre Carles en intitulant son documentaire « Les ânes ont soif ».
Correa et les médias, une affaire houleuse
Après que le président équatorien ait fermé la presse privée équatorienne, ses relations avec la presse étrangère sont devenues un peu épineuses. D’autant plus que ce dernier a porté asile à Julian Assange (patron de Wikileaks), ce qui lui a valu des complications dans ses relations avec les Etats-Unis, Correa étant régulièrement surnommé « Le Nouveau Chavez ». Au travers de son changement de Constitution (abolissant le principe d’étranger, fondant les droits de la terre, augmentant le salaire minimum équatorien), Rafael Correa a eu le mérite de susciter l’intérêt de Pierre Carles et, grâce à ce dernier, il devrait le susciter chez de nombreuses autres personnes.
Pierres Carles et son équipe ont décidé de poursuivre cette aventure de l’Opération Correa en envisageant de se rendre en Equateur. Pour cela, ce dernier a besoin de fonds. Si vous souhaitez voir le projet de Pierre Carles se poursuivre :
Une séance au Cinéma Diagonal est organisée le vendredi 7 novembre à 18h. Prix de la place 4€ (Pass’ Culture 3€). Un débat avec le documentariste est ensuite prévu.
Un appel au don est lancé sur son site.
(Crédit Photo de Une : © Victor Kahn)