Rendez-vous avec l’histoire au CRHRD de Castelnau-Le-Lez

Mitraillette anglaise “sten” parachutée aux résistants et son manuel d’emploi à côté d’un poste radio américain au CRHRD. © juliana Gendron
À la veille d’un grand changement, nous avons visité le Centre Régional d’Histoire de la Résistance et de la Déportation Véran Cambon (CRHRD) de Lavalette de Castelnau-Le-Lez. Il sera d’ici peu transféré dans d’autres locaux plus centraux de Montpellier. Ce jour-là, une classe d’élèves de troisième du collège Joffre parcourait les différentes salles, guidée par André Hautot, le Président du Centre.
Constituées d’objets authentiques donnés par des particuliers de la région, témoins que Montpellier et ses alentours furent fortement touchés par la guerre, les nombreuses vitrines donnent à voir des lettres de déportés, des armes de la Seconde Guerre mondiale et des uniformes de prisonniers des camps. Certaines pièces, comme ce bijou confectionné dans un camp, marquent les esprits et rendent ce passé intime et proche. D’ailleurs le musée est associé à une politique nationale de conservation : il recense, reçoit en dons et parfois achète, ces vestiges d’une histoire commune.
Le CRHRD : un musée à l’ancienne ?

André Hautot, Président du CRHRD présentant le bijou donné par Madame Orts, rescapée des camps de concentration. © Juliana Gendron
À mesure que l’on avance de salle en salle, que l’on découvre les panneaux écrits à la main, les maquettes d’avion, les mannequins effrayants habillés en tenue militaire, l’inquiétude nous prend : c’est un musée qui sent le musée… La visite semble se terminer. André Hautot invite le jeune public à lui poser des questions. Et là, soudain tout change. D’abord hésitants, les élèves se libèrent et les interrogations fusent.
Le musée : une nouvelle forme de résistance ?
Le directeur du musée sort de son rôle de guide, ou plutôt le devient pleinement. Il raconte l’histoire, nous la fait vivre. À 17 ans, André Hautot a été contraint de fuir la France. Son professeur utilisait les cahiers des étudiants, à leur insu, pour faire passer des informations aux résistants. Un jour, les nazis fouillent la classe et découvrent des preuves dans le cahier d’André et d’un camarade. Le camarade est fusillé ; le jeune André Hautot parvient à s’échapper. Il intègre, presque par un hasard de circonstances, les forces aéroportées anglaises et s’engagent dans la résistance. À Tiphaine, élève au collège Joffre, qui lui demande s’il est fier de son parcours, il répond : « dans cette situation, vous ne pensez qu’à cette chose, qu’à sauver votre peau… »
André Hautot refuse de faire dans le témoignage héroïque, et il n’a qu’un mot à la bouche :
« Imaginez-vous dans cette situation ! »
Les élèves observent un silence impressionné quand monsieur Hautot énonce les figures qu’il a rencontrées : le Général de Gaulle, la Reine d’Angleterre, soulignant qu’elle était alors conductrice d’ambulance. Au-delà des héros, il ne s’agit toujours que d’hommes et de femmes en somme, happés par les événements.
Un élève l’interroge timidement : a-t-il des blessures ? André Hautot est devenu un musée vivant. Il évoque ensuite le retour difficile, son impossibilité à intégrer l’administration longtemps tenue sous la coupe des anciens de Vichy. L’engagement résistant a mis du temps à avoir bonne presse…
Il conclut ainsi : « Je ne m’attendais pas du tout à être responsable d’un musée. Je m’imaginais plutôt aller à la pêche. Mais, après ça, quand on sait que plus de 50% des camarades ne sont pas revenus, on ressent qu’on vit pour les autres et pas que pour soi-même ». À quatre-vingt-dix ans, André Hautot reste donc un résistant avant tout, animé d’une idée militante de la culture.
Le musée de demain : un défi ?
Le Centre possède bien un site internet mais ne cherchez pas les médiations numériques au sein du musée : il n’y en pas. André Hautot semble pourtant avoir déjà trouvé la relève comme en témoigne la présence de Brice Pascal, vingt-huit ans, doctorant en Histoire Militaire à l’Université Paul-Valéry et officier de réserve, qui, ce jour-là, ouvrait les vitrines au jeune public et rendait l’histoire encore plus palpable.
Le défi de faire de ce Centre un musée de demain est immense. Mais il semble bien engagé : la Mairie de Montpellier effectue aujourd’hui des travaux pour donner de nouveaux locaux en 2018 à ce Musée qui pour l’instant est associatif. Il est géré par l’association Mémoire de la Résistance et de la Déportation. En France, de nombreux sites, musées, associations et lieux de mémoire sont consacrés à cette période. Chaque année, un Concours National de la Résistance et de la Déportation est ainsi organisé et le Centre collabore activement à son élaboration.
Si vous disposez d’objets relatifs à cette période et à la Résistance, contactez le Musée par mail : crhrd<at>cegetel.net ou au 04 67 14 27 45. Adresse postale : 1 place de la Liberté, 34 170 Castelnau-Le-Lez, (accès en Tramway : ligne 2 de la TAM – Station Charles de Gaulle).