Steiner-Waldorf et Montessori : des pédagogies au service de l’enfant
« L’enfant possède en lui les éléments de son développement interne. » Dans les jardins d’enfants Steiner-Waldorf et Montessori, « on lui donne l’occasion de faire éclore ses potentialités », comme l’explique une éducatrice de jeunes enfants séduite par ces pédagogies particulières.
Dans une période de changement, alors que les écoles primaires de France s’adaptent – avec plus ou moins de bonne volonté – à la réforme des rythmes scolaires, d’autres écoles, moins connues que notre chère école laïque et républicaine, proposent un enseignement bien plus adapté au développement de l’enfant.
Steiner-Waldorf : « Accueillir chaque enfant comme une personne unique »
Au centre du projet éducatif des écoles Steiner-Waldorf : un apprentissage en accord avec les besoins des petits qui se fonde sur leur écoute. « Accueillir chaque enfant comme une personne unique », voilà une philosophie qui nous semble essentielle mais qui est apparemment impossible à appliquer dans des écoles où les enfants sont plus de 30 par classe. Les écoles Steiner-Waldorf, présentes dans 23 villes de France, proposent un enseignement du jardin d’enfants au lycée depuis 75 ans ; deux d’entre elles sont sous contrat avec l’Éducation nationale, les autres sont hors contrat, et toutes sont regroupées au sein de la Fédération des écoles Steiner en France. À Montpellier, seuls les enfants de 2 à 6 ans sont accueillis. Avec seulement 13 enfants par groupe, l’encadrement assuré par deux éducatrices, secondées par deux aides éducatrices allemandes, est optimisé au maximum. Les petits effectifs permettent de « porter une attention particulière à chaque enfant, facilitent l’entrée en collectivité des tout petits et favorisent la création des liens sociaux ».

Le jardin d’enfants Steiner-Waldorf de Montpellier (Crédit photo : © Jardin d’enfants Steiner-Waldorf)
Au cœur du projet pédagogique sont placés le partage et la confiance, les adultes faisant confiance à l’enfant et le laissant libre de découvrir le monde qui l’entoure. La philosophie de ces écoles est différente de l’école classique ; les parents sont peu nombreux à y inscrire leurs enfants mais, impliqués et soucieux du bien-être de leur progéniture, ils partagent totalement la vision de l’école. Une des particularités de la pédagogie Steiner-Waldorf est d’être tournée vers la nature, les installations du jardin d’enfants sont elles-mêmes simples et artisanales. L’accent est mis sur le contact avec la nature et le rythme des saisons autour desquels gravitent les activités manuelles, le jardinage, les chants, les sorties, etc. Afin d’apporter sécurité, confiance et repères temporels aux petits, chaque matinée est consacrée à une activité : contes, peinture, fabrication du pain, eurythmie.
Les activités manuelles ont une place prépondérante dans ces écoles et permettent de « développer toutes les potentialités de l’être humain, qu’elles soient humaines ou intellectuelles », comme l’explique une maman. « Il n’y a pas d’apprentissage à proprement parler en maternelle, ils sont trop petits, les travaux sont donc plus tournés vers l’imagination ». Idem pour l’apprentissage de de la lecture et de l’écriture, qui se fait en deux ans : on apprend à lire d’abord par syllabe, via la phonétique, et on commence l’écriture par le tricot, pour développer la dextérité, l’approche sensorielle étant primordiale.

Quelques jeux en bois du jardin d’enfants (Crédit photo : © Jardin d’enfants Steiner-Waldorf)
Les structures qui accueillent les enfants du jardin d’enfants au lycée présentent également l’avantage de créer des liens entre tous les niveaux : « Il y a vraiment une dynamique géniale, les enfants voient les chefs-d’œuvre et les spectacles des plus grands », nous raconte encore cette maman. Actuellement, la création d’une école élémentaire Steiner est en projet à Montpellier.
Montessori : « On part toujours du concret pour mieux comprendre l’abstrait »
Autre pédagogie particulière et tout aussi louable, hors contrat avec l’Éducation nationale mais déclarée administrativement à l’inspection académique : la maison des enfants et l’école Montessori, du nom de la neurologue italienne qui s’est spécialisée dans le développement de l’enfant et de ses besoins de sa naissance à son adolescence. Maria Montessori a mis en évidence quatre axes fondamentaux qui permettent à l’enfant d’accéder à l’apprentissage : « laisser l’enfant développer sa place dans le groupe à partir de la coopération et de la solidarité », « permettre à l’enfant de développer sa concentration au service de son accès aux savoirs », « accompagner l’enfant vers une développement physique, intellectuel et affectif harmonieux » et « permettre à l’enfant d’agir et de penser par lui-même ». C’est autour de ces quatre principes que se fonde la pédagogie Montessori dans laquelle tout passe par le concret. Une éducatrice de jeunes enfants passée par l’école Montessori nous explique que « la découverte et l’expérimentation », « la réussite sans vaine compétition » et « le respect » font l’éducation de l’enfant dans ce système. L’apprentissage se fait par la manipulation, l’adulte n’est qu’un guide entre le matériel pédagogique (varié et de qualité) et l’enfant, « on part toujours du concret, d’une approche sensorielle, pour mieux comprendre l’abstrait ». L’enfant est son propre constructeur puisque tout le matériel est à sa disposition : il prend son petit plateau quand il le veut et fait son travail dessus avec les matériaux qu’il choisit. Il est concentré sur ce qu’il fait et apprend notamment par l’erreur, sans que personne ne le juge. L’environnement protecteur (beaucoup de formes arrondies) et l’ambiance paisible rassurent l’enfant et lui permettent de se développer dans un contexte démuni de toute compétition : par exemple, il n’existe qu’un seul exemplaire de chaque matériel afin que les enfants ne se sentent pas en compétition lorsqu’ils travaillent ; quand ils ont terminé, ils rangent leur plateau et le laissent à disposition des autres.
Pour Steiner comme pour Montessori, chaque enfant est unique et le programme qu’il choisit correspond à ses besoins, il progresse à son rythme, l’adulte étant là pour maintenir une ambiance favorable à la concentration et à la curiosité. Le bilinguisme est également un des éléments essentiels de la pédagogie Montessori puisque toutes les activités sont bilingues anglais/français. L’école la plus proche de Montpellier se trouve à Castelnau-le-Lez et accueille les enfants de 2 à 9 ans.
Albert Jacquard : « Il semble que l’on ait oublié que l’école est le lieu où l’on apprend à rencontrer l’autre »
Aucun point négatif à porter sur ces deux types de pédagogie, si ce n’est le prix. Si l’éducation nationale pouvait démocratiser l’enseignement qui y est donné, aucun doute sur le fait que les enfants seraient beaucoup plus épanouis à l’école et les parents beaucoup plus apaisés. Les détracteurs de ces pédagogies avancent l’idée que les enfants « n’apprennent rien » dans ces écoles… Effectivement, si par le terme « apprendre » ils entendent rester des heures et des heures assis à une table, à écouter un instituteur qui leur demande de faire des exercices sans en comprendre l’objectif, ils n’apprennent pas. Mais l’éducation et l’apprentissage ne se font-ils pas par la découverte et les activités concrètes ?
D’autres critiques émettent également l’idée que ces écoles maintiennent les enfants dans un cocon fermé, coupé des réalités. C’est vrai que c’est un cercle restreint, mais un cercle tourné vers les autres qui se base sur la solidarité. Et la liberté qui prime en son sein est une « liberté encadrée dans laquelle chaque enfant peut choisir ce qui l’intéresse », nous explique la maman séduite par l’école de son fils. Nul doute sur le fait que les enfants issus de ces écoles seront par la suite des citoyens bien plus débrouillards et ouverts d’esprit. Albert Jacquard, humaniste décédé il y a quelques semaines, expliquait parfaitement cette idée dans son livre Nouvelle petite philosophie : « Il semble que l’on ait oublié que l’école est le lieu où l’on apprend à rencontrer l’autre, à s’enrichir de sa différence, et non à la redouter ou à en faire une source de hiérarchie ». À méditer…
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus de l’efficacité de la pédagogie Steiner, sachez que des ateliers-rencontres sont au programme au jardin d’enfants de Montpellier, animés par Jean-Pierre Bans, pédagogue et eurythmiste à l’école Caminanem Steiner d’Alès.
Informations utiles :
Ateliers-rencontres les samedis 5 octobre 2013, 9 novembre 2013, 25 janvier 2014, 5 avril 2014 et 17 mai 2014, de 14h à 17h30.
Jardin d’enfants Steiner-Waldorf
2530, boulevard Paul Valéry, Montpellier
Bus 6 Véga
Participation : 6€ (4€ pour les adhérents et étudiants)
Réservation souhaitée, renseignement au 06 10 60 48 98 / 06 45 17 62 02