Violences à la fac de droit : un mouvement qui s’étend, des enquêtes qui avancent

Manifestants lors de la marche du mercredi 28 mars, contre les violences commises à la Faculté de Droit et Science Politique. © Fessoil Abdou
Placés depuis hier (mercredi 28 mars) en garde à vue, l’ex-doyen de la Fac de Droit et Science Politique ainsi qu’un professeur de la Faculté sont suspendus suite aux premiers éléments de l’enquête sur les violences survenues la semaine dernière. Une nouvelle qui ne va pas forcément infléchir sur les protestations étudiantes à Montpellier qui prennent de plus en plus d’ampleur.
Le mouvement étudiant qui réclamait hier lors de la manifestation spontanée à Montpellier « Justice pour la fac de droit » parvient progressivement à ses fins. L’ex-doyen de la Faculté de Droit et Science Politique, Philippe Petel, ainsi que le professeur Jean-Luc Coronel de Boissezon, ont été suspendus de leur fonction « suite aux premières conclusions de l’enquête administrative » a indiqué la ministre de l’enseignement supérieur ce matin à France Info.
Les violences commises à @umontpellier sont inacceptables. Les deux professeurs qui ont été hier placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête sont immédiatement suspendus de leurs fonctions
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) 29 mars 2018
Des procédures qui s’accélèrent
Les conclusions de l’enquête administrative, ouverte depuis lundi par l’Inspection Générale de l’Administration de l’Éducation Nationale et de la Recherche (IGAENR), seront rendues à la ministre, Frédérique Vidal, en fin de semaine. Cette enquête a été diligentée suite à l’expulsion violente faite sur des étudiants – qui occupaient l’amphi A de la faculté pour protester contre la loi ORE – par un groupuscule d’une dizaine de personnes cagoulés et armés.
Une enquête judiciaire a également été ouverte par le parquet de Montpellier pour « violences aggravées » sur ces faits qui ont eu lieu dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 mars. Dans ce cadre judiciaire, le doyen démissionnaire et le professeur en histoire du droit ont été placés en garde à vue mercredi après-midi, incriminés par plusieurs témoignages qui évoquent leur implication lors de cette évacuation expéditive. Actuellement, neuf plaintes de victimes ont été recensées (dont huit par des étudiants), ajoutés à celle du président de l’Université de Montpellier.
Une accélération des procédures d’enquête effectuée en quelques heures et dont s’est félicitée Sophie Mazas de la LDH34 lors d’une conférence de presse hier. « Les témoins s’étonnaient auprès de nous, de ne pas avoir été appelés à témoigner » déclare t-elle concernant l’enquête judiciaire. « Aujourd’hui ils sont tous appelés et ils sont en train de témoigner donc ça avance extrêmement vite ». Une avancée qui a pour origine, selon elle, l’action médiatique du mardi 27 mars où les témoins étaient invités à se présenter publiquement au commissariat de police pour déposer au plus vite leur témoignage.
#Montpellier Sophie Mazas « Un avocat avait transmis toutes les informations et coordonnées des témoins et rien n’a été fait. On invite donc publiquement les gens à se présenter au commissariat @PoliceNat34 pour que leur témoignage soit enregistré ». pic.twitter.com/Xl4w4rQ5fl
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 27 mars 2018
Un mouvement étudiant qui s’intensifie
Par ces avancées dans cette affaire de violences à la faculté de Droit et Science Politique, la ministre appelle donc à l’apaisement alors que les mouvements étudiants ne cessent de croître. Hier, lors d’une manifestation spontanée qui s’est déroulée dans les rues du centre-ville, environ un millier de personnes étaient présentes pour dénoncer « les agressions fascistes et la répression ». Une marche qui ne devait être, à l’origine, qu’un rassemblement devant la préfecture, suite à une des revendications émises durant l’assemblée générale de l’Université Paul Valéry mardi dernier.
#Montpellier une foule immense sur l’esplanade Charles de Gaulle pour cette marche contre les violences perpétrées à la @facDroitMontpel pic.twitter.com/ILTx7RnTUe
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 28 mars 2018
Au son des slogans anti-capitalistes et antifascistes, les manifestants ont déambulé massivement dans l’Écusson pour se diriger ensuite vers la gare Saint Roch. Ils y sont restés quelques minutes, appelant les cheminots à manifester (voire à s’unir à eux) dans leur quête de convergence des luttes.
#Montpellier passage de la marche antifasciste à la gare. pic.twitter.com/0GUqVH8dsQ
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 28 mars 2018
Peu après, ils ont continué leur chemin vers le centre commercial du Polygone dont les grilles ont été fermées dès leur arrivée. Un face à face s’est installé entre les manifestants et les forces de l’ordre au parvis du Polygone, mais les CRS se sont repliés assez vite vers le commissariat de la comédie pour laisser passer les manifestants. Vers 19h30, la manifestation s’est finalement terminée là ou elle a commencé, devant la préfecture, où la foule s’est peu à peu dispersée dans le calme.
Une autre marche « contre les agresseurs et leurs complices » de ces violences commises la semaine dernière à la fac est prévue pour demain 16h au départ de la Faculté de Droit et Science Politique. La réouverture de la Faculté est prévue pour le mardi 3 avril.