Georges Piccolo : “Saurel, Moure et Domergue n’ont pas de programme”
Le Nouveau Montpellier a rencontré Georges Piccolo, candidat divers droite aux municipales de Montpellier. L’ancien professeur vacataire dans les universités montpelliéraines veut faire rayonner sa ville grâce aux cinq axes de son programme : réaménager, réorganiser, réallouer, réaffecter et redévelopper. Entretien avec cet adepte d’Auguste Comte qui réclame la mise en examen de Philippe Saurel, compte un hacker syrien dans son équipe de campagne et prévoit un soulèvement populaire s’il n’est pas élu.
NDLR : L’entretien avec Georges Piccolo a été réalisé avant la date limite des candidatures en préfecture. L’intéressé n’a finalement déposé aucune liste, il n’est donc pas candidat pour les municipales. La rédaction du Nouveau Montpellier a tout de même jugé utile de diffuser cet entretien.
Le Nouveau Montpellier : On dit de vous que vous êtes rigolo, hors-norme… Compliment ou mauvaise pub ?
Georges Piccolo : Ça me sert de faire-valoir. C’est la démocratie, on ne va pas dire du bien de moi, c’est normal ! Pour les concurrents c’est évident. Nous sommes vraiment dans un système démocratique, c’est le plus rusé qui gagne. Dans ma famille, on a un ancêtre qui était connu au Moyen-âge, on l’appelait fennec. Moi je suis un peu fennec, le renard du désert.
Vous pensez être différent des autres candidats ? Pourquoi ? Comment ?
Ils sont décalés, ils sont dans l’ancienne société. Moi je suis dans la nouvelle société : la société des applications, la société des réseaux sociaux. Ils sont certes dans les réseaux sociaux mais moi je suis aux prises, je suis aux manettes. Et comme je suis aux manettes des réseaux sociaux, je comprends mieux les aspirations des Montpelliérains, leurs angoisses, leurs désidératas… Vous savez, M. Frêche, qui était enseignant, comprenait les choses. Compréhensif et pédagogue. Ma vision de la société est bonne. Et je pense que si la bande des quatre est reconnue, que ce soit Jamet, Saurel, Moure ou Domergue, c’est l’effondrement de Montpellier. Il faut un homme nouveau qui redonne espoir au gens.
Pourtant, comme tout le monde, vous vous revendiquez de Georges Frêche… Ce n’est pas électoraliste ?
Non, moi je suis le seul à l’avoir eu comme professeur. Par respect, je ne me suis pas présenté lorsqu’il était en politique. Dès qu’il est décédé, je me suis mis à la politique. Par respect et parce que c’était un tueur en politique aussi ! Machiavel dit : “Au combat on ne meurt qu’une fois, en politique on meurt plusieurs fois.”
Vous vous revendiquez d’Auguste Comte. Que retenez-vous de sa philosophie ?
Je retiens la citation de Jacques Chirac, qui est celle d’Auguste Comte : “La Science doit être au service de l’Homme, et non l’Homme au service de la Science.” Il faut de l’Humanité dans les choses. C’est quelqu’un qui est à l’origine du progrès technique, de nouvelles inventions, de l’esprit expérimental. Il est né à Montpellier, sa maison n’est pas loin du Tribunal de Grande Instance. Est-ce prémonitoire ? (rires)
En quoi cette philosophie est-elle importante pour construire la société ?
Il faut des valeurs. Les politiciens parlent de valeurs, mais les valeurs, on les voit dans les faits, dans le programme, dans la manière de se conduire, dans le respect. Avec M. Bon, qui est un grand écrivain, nous avons décidé que nous allons faire passer Montpellier dans le IIIe millénaire et dans le XXIe siècle : le monde de l’internet. Internet, c’est une véritable opportunité pour l’humanité. Sans internet, je n’aurais pas pu faire la campagne. Il faut faire comme en 1929 : un New Deal. Une nouvelle donne. Avant, on construisait des autoroutes ou des ponts, moi je vais construire des autoroutes de l’information, des connexions et du très haut débit.
Vous pensez pouvoir être à l’origine d’une révolution ?
Une révolution politique et une révolution économique et industrielle.
Sur Montpellier ?
Sur Montpellier et plus tard sur la France. Je suis arrivé deuxième de Sciences Po Paris, alors je ne vois pas pourquoi je ne serais pas un jour Président.
Parlez-nous de votre programme…
C’est un programme issu du terrain. J’ai écouté les gens, retranscrit leurs problèmes. La société est dans un état de déliquescence la plus absolue. Je dois vous dire que les commandes des fournisseurs ont baissé de 30%, que l’activité des agences d’intérim a baissé de 10%, ce qui est catastrophique. Montpellier est sale, les administrations ne fonctionnent plus, il y a de l’absentéisme à la mairie, au CHU. C’est de là que viennent leurs dettes ! Et tout le monde laisse couler le navire. Comme disait Frêche et Mao : “Il n’y a plus de timonier.” Dérive, je-m’en-foutisme, laxisme, inconscience, incompétence et j’en passe…
Serez-vous un maire différent ?
À l’écoute. Tout le monde me parle de proximité. M. Saurel est là depuis 30 ans ; M. Moure, 30 ans ; M. Domergue, 30 ans. J’ai quadrillé et arpenté le terrain comme un général pendant un an et demi et je me suis aperçu que la ville est vraiment dans un état lamentable. Ils n’ont rien fait. A priori, j’ai dépensé 1000 euros depuis le début de la campagne. Les autres ont dépensé des sommes intolérables. Il y a des gens qui n’ont pas à manger, qui n’arrivent pas à se loger, eux ils dépensent l’argent dans le papier glacé. Et c’est remboursé par les frais de campagne donc c’est encore le contribuable qui va payer. Ils ne pensent qu’à se présenter, qu’à faire leur petite cuisine, mais ils s’en foutent complètement des Montpelliérains. Ils n’ont pas de programme. Moi, ma force, c’est mon programme. Alors ils font des pressions sur mes colistiers. L’affaire sera résolue en temps voulu. Si je ne peux pas me présenter, je porterai plainte contre X pour pressions.
Il y a eu des pressions sur vos colistiers de la part des autres candidats ?
J’avais complété ma liste mais on a fait des pressions, les gens se rétractent. Ils font retirer les gens de la liste. Ce n’est pas bien de mettre la pression, d’empêcher quelqu’un. Je crois en la démocratie, j’y arriverai. On verra en temps voulu car ces gens vont témoigner. À force de mettre la pression sur moi, les gens ne sont pas bêtes, il va y avoir un basculement de la société en ma faveur.
Comment les gens vous reçoivent-ils dans la rue ?
La ville m’est acquise à présent. On le sent, on le voit un peu partout. Ce qui fait gagner c’est le bouche à oreille et le programme. Tout le monde sait que j’ai un programme, les autres n’en ont pas. Domergue, il a un programme ? (Silence) Bon, vous voyez ! Il a un programme Francis Joseph (Joseph Francis, candidat UDI, ndlr) ? Vous avez vu le programme de Moure ? Des généralités ! Ce n’est pas sérieux !
Pouvez-vous devenir prophète en votre pays ?
Prophète ? Non… On part de tellement bas : Montpellier est sale, plus personne ne travaille, tout le monde s’en fout, plus de civilité, plus d’écoute. Montpellier, c’est une catastrophe. Vous demandez aux Montpelliérains, depuis que Frêche est mort, c’est la catastrophe. En fait, Frêche était entouré d’hommes de paille et d’incompétents. On ne va pas refaire le monde, mais 1789 ça a commencé quand il y a eu le décalage entre la classe politique et le peuple. Et là le décalage est de plus en plus fort. Je vais vous expliquer : je tiens la ville, je sais que la ville est pour moi. Je le sens, je le vois tout les jours. Et donc la volonté du peuple se concrétisera. Le maître-mot de la politique, c’est la volonté.

Georges Piccolo n’a finalement pas déposé sa candidature en préfecture (Crédit photo : © Grégoire Nartz)
Vous êtes prêt à diriger un mouvement populaire si vous n’y arrivez pas ?
Ah oui, oui ! Mais ce n’est pas moi qui dirigerai ! Vous savez, tout le monde a fait comme ça. Mes adversaires, je leur souhaite du bien. Mais si jamais ils sont maires et qu’ils ne réussissent pas, je ne vous garantis pas la paix sociale ! Vous savez, moi je suis légaliste jusqu’au bout, mais bon, si M. Moure passe, c’est la catastrophe pour Montpellier. Qu’est-ce qu’on va faire ? Ça se passera dans la rue. Comme disait Lénine : “Qui tient la vie tient la rue.” Regardez en Ukraine. Le peuple n’était pas d’accord avec le dictateur, il l’a mis dehors. À Montpellier, on va faire pareil.
Vous demandez la mise en examen de Philippe Saurel. Qu’a-t-il fait ?
Il faut qu’il paye… Il a été adjoint au maire à l’urbanisme. Il a rétrogradé à la culture. D’après mes sources, il a eu des problèmes financiers. Bon. Par contre l’affaire Kawenga, tout le monde la connait ! Les jeunes qui avaient la gestion de l’affaire Kawenga n’ont pas payé le loyer et ont pris l’argent pour d’autres choses. Déjà, ceux qui gaspillent l’argent public on ne leur fait rien ! Vous pouvez voir dans le procès verbal du Conseil municipal que la subvention n’est pas renouvelée. Ce que je dis est vrai. Donc il faut qu’il se retire, on est plus dans le monde de Frêche ! Autre temps, autres mœurs. C’est quelqu’un qui a reçu le prix Éthique de Montpellier, c’est une honte ! Tout le monde sait qu’il a fait une casserole. Pendant 30 ans, il a baigné dans toutes les magouilles. J’ai prévenu Mediapart mais Mediapart protège M. Saurel. J’ai dit : “Mais il faut se renseigner !”
LNM: Vous avez des preuves de la corruption de M. Saurel ?
Oui, bien sûr que j’ai les preuves, ne vous inquiétez pas ! Je suis juriste de formation. Et puis pourquoi vous le défendez, vous ? C’est incroyable !
Vous avez vraiment un hacker syrien ?
Oui. En général, 20 à 30 scuds attaquent mon site chaque jour. Ce sont des gens qui me provoquent. Je suis aguerri ! Pourquoi les hackers syriens ? Ce sont les seuls qui arrivent à s’opposer à toutes les attaques. Sinon, il y a longtemps que le site aurait sombré ! (rires)
Qui est ce chien qu’on voit sur vos photos ? C’est un outil de com’ ?
C’est Aïka, le chien de mon ex. On a la garde partagée. Je l’avais bien avant la campagne.
Vous avez quelque chose à ajouter ?
J’aime Montpellier, j’aime les Montpelliérains. Si je ne gagne pas dans les faits, je gagne dans la tête. Mais j’espère que je ne vais pas en venir à la rue… Vous savez pourquoi je résiste ? J’aime les femmes ! (rires) Elles ont un discours différent, plus lucide, plus posé, serein, réfléchi… Les femmes m’apportent un bien-être, font revenir aux fondamentaux.
(Crédit photo de Une : © Grégoire Nartz)