Festival: les expérimentaux de Paul Va au Cinéma !
La semaine dernière du 11 au 15 mars se déroulait au cœur de l’Université Paul Valéry, la cinquième édition du festival cinématographique “Paul Va au Cinéma” organisé par les association L’écran et son double et L’asso 7 qui met en valeur des jeunes réalisateurs talentueux. Zoom sur la catégorie “Libres courts expérimentaux.”
De nombreux ateliers ont été préparés pour ravir les plus cinéphiles ainsi que des projections de long-métrages. Mais l’essence même du festival réside dans la projection de courts-métrages libres dans diverses catégories. Ainsi, de jeunes réalisateurs.rices ont pu présenter jeudi 14 mars leur œuvre devant un public passionné et chaleureux. C’est ainsi que l’ont décrit Manuel Canfran, Rami Al Rabih et Ali Jaya Meilio, tous trois participants à la catégorie “Libres courts expérimentaux”.
Cette catégorie a pour particularité d’être totalement libre et comme son nom l’indique, est expérimentale. Elle est également hors compétition.
Je considère mon film comme étant plus ou moins expérimental, je ne veux pas l’enfermer dans une catégorie.
Rami Al Rabih, 28 ans, réalisateur de “La danse d’Amal”, un court métrage de 8 minutes, qui a pour thème la danse orientale, nous a clairement manifesté son envie d’exprimer son art sans étiquette. Cet ancien étudiant en cinéma à Lyon considère son court-métrage comme son premier véritable film car c’est à ses yeux celui qui le représente le plus et qu’il estime lui ressembler le plus. “Je considère mon film comme étant plus ou moins expérimental, je ne veux pas l’enfermer dans une catégorie” déclare Rami.
Ayant étudié au Liban, son mémoire de fin d’études a porté sur le cinéma au Moyen-Orient. Cette connaissance du monde oriental se ressent fortement dans son court-métrage qui met en scène la transe d’une danseuse orientale. Habitué des festivals cinématographiques, Rami a participé au Virginia Film Festival, un festival universitaire américain au cours duquel il a pu présenter son court-métrage pour la première fois. De plus, celui-ci a été primé en Inde et deux autres fois aux États-Unis, notamment à un festival de danse dans l’Utah. Mais Rami ne souhaite pas s’arrêter là et a déjà un deuxième projet en cours d’écriture.
La passion n’a pas d’âge
Mais il n’est pas le seul de sa catégorie qui souhaite faire carrière dans le cinéma. C’est aussi le cas de Manuel Canfran, le très jeune réalisateur de “Alors on partage comment ?”. Tout juste âgé de 18 ans, le jeune homme est en première année de prépa scientifique. Il a réalisé son court-métrage de 2 minutes 20 durant les vacances d’hiver pour le Nikon film Festival. Il l’a fait pour s’imposer des contraintes de thème, de temps, et de budget.
Son film a pour thème le partage. Il a décidé de le prendre sous un angle symbolique, sociétal et écologique et de parler du partage de la planète entre les humains et la nature. “C’est un enjeu d’autant plus important pour un jeune aujourd’hui.” Par manque de temps et de préparation, il a décidé de faire un film qu’il qualifie de “minimaliste” avec des plans de restes de Noël, de déchets dans la rue, filmés “sur le vif” comme il se plaît à dire, qui montre “notre société de consommation”, “la cohabitation entre l’humain et la nature.”
Inspiré par un reportage sur les icebergs qu’il avait vu auparavant, il a voulu utiliser une bande sonore du bruit des icebergs qui fondent que la chaîne avait laissé en libre accès sur internet. La bande son de son film est donc accompagnée de cette bande sonore. Premier film du très jeune réalisateur amateur, c’était pour lui un défi de le réaliser et encore plus de s’inscrire au Festival. Considérant son film comme un film expérimental, c’est ainsi qu’il l’a présenté dans le formulaire d’inscription.
“Je n’ai pu rester que pour la séance des libres courts mais j’ai pu voir que c’était très bien organisé (ndlr. le festival), il y avait un bon enchaînement des films, c’était naturel, spontané comme il me semble que ce doit l’être à notre niveau.” Il a notamment beaucoup apprécié qu’un temps de partage et d’échange soit prévu à la fin de la projection entre les réalisateurs et le public afin que celui-ci se sente libre de poser ses questions.
Un festival multi-culturel
Multi-culturel, le festival a rassemblé des étudiants de toutes origines et de toutes nationalités. C’est le cas d’Ali Jaya Meilio Lie, 25 ans, étudiant à l’Université Grenoble Alpes, L3 Arts du Spectacle. Ce jeune réalisateur autodidacte indonésien est venu en France pour suivre des études de cinéma mais souhaite retourner dans son pays pour y faire carrière dans la production, un rêve qu’il nourrit depuis toujours. Son film, “Project Frankenstein” n’est pas son premier film, mais bien le premier qu’il a réalisé en France. Ce court-métrage a pour principaux thèmes : la communication et le langage mais aussi ce qu’il appelle “la fragmentation”. “C’est pourquoi c’est nommé “Project Frankenstein, parce que pour moi, le monstre de Frankenstein est un fragmentation de plusieurs corps.” décrit-il. Il ajoute qu’en le réalisant, il avait la volonté profonde de rendre l’histoire libre de toutes interprétations.
L’abstraction de l’histoire est parce que je veux essayer de toucher directement l’inconscient.
“L’abstraction de l’histoire est parce que je veux essayer de toucher directement l’inconscient” explique-t-il. Inspiré par la frustration que lui procure ses difficultés avec la langue française, il a cherché, à travers son court-métrage à transmettre des informations par l’émotion et non pas par la parole. Également satisfait par l’organisation du festival et la sélection qui y a été faite, il ne cache tout de même pas sa déception du manque de débat autour des films, à son goût “C’est vraiment cool et bien organisé ! J’ai bien aimé les films sélectionnés, mais je pensais qu’il y aurait plus de discussions sur nos courts-métrages, il n’y en avait pas assez, c’est dommage.”