« Montpellier, place de la com’ » : un documentaire indépendant à l’affiche
Dimanche 13 avril avait lieu au cinéma Utopia la projection du documentaire “Montpellier, place de la com'”. Réalisé en indépendant avec des moyens limités, Lucie Lecherbonnier et Simon Robert sont partis enquêter sur le terrain durant 5 mois autour de quatre thèmes : l’urbanisation, le logement, l’emploi et la gestion de l’eau. Technique, instructif et agréable à regarder, ce documentaire disponible sur Youtube apporte un angle de vue intéressant sur les enjeux actuels de la ville.
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Les réalisateurs
Sortant tout juste d’une formation journalistique, Lucie et Simon indiquent avec beaucoup de sincérité ne pas être en possession d’une carte de presse. Réalisant ce documentaire sur leur temps libre, les réalisateurs nous confient même qu’ils ne vivent pas du journalisme, mais de « petits jobs ».

Simon et Lucie présentent leur documentaire avant la diffusion (Crédit Photo : © Richard Lacroix)
Simon : « On n’avait pas une idée préconçue au début, tout s’est construit au fur et à mesure. Tu as le temps de changer la forme et le fond, si c’est pas le cas, c’est que tu fais mal ton travail… Un des éléments du cahier des charges, c’était de produire quelque chose de sérieux, mais donner une petite tonalité ironique pour captiver. »
Lucie : « On n’a pas eu de problème pour recueillir les témoignages. Les difficultés, on les a rencontrées surtout sur le plan technique. Le documentaire est bricolé de bouts de ficelles. On l’a fait sans argent. Le matériel, on nous l’a prêté et les infographies, c’est une copine qui nous a apporté son aide gratuitement. On a essayé d’appliquer de vraies techniques journalistiques. »

Le petit déjeuner participatif avant la projection (Crédit photo : © Richard Lacroix)
Un débat animé
La diffusion était aussi suivie d’un débat d’environ une heure sur les problématiques soulevées par ce documentaire. On y trouve des interviews d’élus locaux, de membres d’associations et bien d’autres. La question que l’on pourrait se poser, au vu de la qualité du documentaire, c’est : l’indépendance des journalistes a t-elle joué un rôle sur la qualité de l’information ? C’est ce que précise Simon : « Moi je veux continuer à faire des documentaires en indépendant, même si c’est compliqué. Pour l’instant je ne souhaite pas entrer en boîte de prod, j’apprécie ce que j’ai appris en stage d’un point de vue technique, mais je préfère vraiment bosser seul. Pour moi l’essence du journalisme, c’est d’être indépendant. »
On pourrait se pencher plus longtemps sur la question, mais reste à savoir comment en vivre concrètement. Être journaliste, c’est un métier. Avoir un métier, c’est dans la plupart des cas avoir un employeur et être soumis à des directives. Le problème est de trouver un juste milieu entre la rémunération et la qualité de l’information. Aujourd’hui, avec l’évolution des réseaux sociaux et les possibilités qu’offrent internet, chacun peut donner son avis et s’estimer plus compétent qu’un journaliste. Une information reste une information… Pas besoin d’avoir une carte de presse pour annoncer que dans une semaine, M. Dupont fait une conférence à la salle polyvalente du coin. La personne lambda avec son smartphone en poche est aussi potentiellement journaliste.
Le monde de la presse écrite est en crise et la réactivité d’internet bouscule les organisations médiatiques. D’un autre côté, les journalistes ne peuvent pas être partout. La transition numérique de la presse n’est peut-être pas encore totalement aboutie.

Après la projection, le débat (Crédit photo : © Richard Lacroix)
Quand on connaît les chiffres alarmants de l’abstention aux dernières élections, on peut en conclure une nette dépolitisation de la population en général. C’est ce qui est ressorti du débat après la diffusion du documentaire, avec la prise de parole d’une personne dans la salle : « Ce ne sont plus uniquement les jeunes qui ne votent plus. L’abstention c’est aussi des personnes qui ont voté pendant 30 ans et qui maintenant en ont ras le bol. Si les politiques ne le sentent pas, ça va leur revenir dans la figure dans les années qui viennent… »
Au cours du débat, le système démocratique dans son ensemble a même été remis en cause : « Si les associations se mobilisent en réagissant, voire en s’opposant, c’est que, quand même, il y a un problème dans la démocratie. En amont, il n’y a aucun moment où l’on peut discuter de ces choses-là, modèle contre modèle dans une intelligence collective. »
Un spectateur à la sortie en rajoute une couche : « Les gens qui ont apprécié le documentaire, ce sont des gens comme moi. Qui sont venus un dimanche matin à l’Utopia, qui ont apporté des croissants, des petits gâteaux. Le débat entre nous oui, mais il faut pas rêver… Il y a deux mondes : celui de la sphère politique, et le nôtre. Mais c’est aussi des êtres humains qui souffrent ces hommes politiques. Il faut des gens honnêtes comme on a vu dans le documentaire. » Il s’interroge également sur les décisions prises par les politiques : « Elles ne sont pas prises par le citoyen. Ils construisent l’édifice, et laissent choisir la couleur de la façade aux citoyens. »
Les municipales sont passées et on ne peut que féliciter ces deux jeunes réalisateurs qui ont fourni un travail énorme pour aboutir à ce résultat.
(Crédit photo de Une : © Richard Lacroix)