Un rassemblement pour dénoncer l’esclavage des migrants en Libye

Yaré Diagne, représentant du collectif du 10 mai pour la mémoire de l’esclavage, lors de son discours durant le rassemblement contre l’esclavage en Libye. © Fessoil Abdou
Hier soir (samedi 25 novembre), un grand rassemblement a eu lieu pour protester contre l’esclavage des migrants africains en Libye. Organisé par le collectif montpelliérain du 10 mai pour la mémoire de l’esclavage, elle a réuni plus de 300 personnes indignées par des images révélant un marché d’êtres humains en Libye.
Fin de journée bien fraiche sur la place de la comédie qui n’a pas entaché la motivation de plusieurs centaines de personnes clamant haut et fort « Tous ensemble, non à l’esclavage ! ». Après l’émoi suscité par les images de CNN sur une vente aux enchères de migrants en Libye, des associations locales se sont mobilisées hier à 17h pour exprimer leur indignation contre cette pratique venue d’un autre temps. Ils étaient environ 300 personnes devant l’opéra de la place de la comédie à répondre au rassemblement initié par le collectif du 10 mai pour la mémoire de l’esclavage.
#Montpellier environ 300 personnes rassemblées au pied de l’Opéra pour protester contre l’#esclavage des migrants en #Libye pic.twitter.com/WcICCFMivu
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 25 novembre 2017
L’U.E et la communauté internationale sous le feu des critiques
Un rassemblement qui a vu la présence d’associations anti-racistes ou de la diaspora africaine tels que le collectif gabonais du Languedoc-Roussillon qui s’est rassemblé plus tôt dans la journée. Lors de leur sit-in tenu tous les samedis après-midi à la comédie pour dénoncer les irrégularités de l’élection d’Ali Bongo à la présidentielle de 2016, la diaspora gabonaise a voulu affiché en ce jour leur opposition à l’esclavage des migrants africains en Libye. Une situation qui a pour origine selon eux la politique migratoire de l’Union Européenne dont la Libye est l’un des partenaires chargé de contrôler le flux migratoire à la frontière sud de l’Europe.

Une soixantaine de personnes lors du sit-in des gabonais dédié aux migrants-esclaves en Libye. © Fessoil Abdou
Même son de cloche pour Yaré Diagne, représentant du collectif du 10 mai, qui a fustigé cette coopération lors de son discours devant les manifestants « La Libye a obtenu une aide européenne de 200 millions d’euros pour régler le problème des migrants, mais cela a empiré ! ». Malgré l’ouverture d’une enquête par les autorités libyennes sur ces cas d’esclavage, le collectif du 10 mai s’est montré dubitatif quant à la résolution de ce problème dans le territoire libyen qu’il qualifie de « no man’s land ».
Il est anormal que l’on puisse laisser des foyers de déshumanisation mettant à mal l’idéal humain
Depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi (avec la participation de la communauté internationale), la Libye vit une grande instabilité politique où une lutte intestine se joue entre différentes factions locales. Profitant du vide sécuritaire et de la corruption généralisée, le trafic d’êtres humains est devenu l’un des principaux secteurs du marché parallèle en Libye. Un marché souterrain dont plusieurs milliers de migrants africains voulant se rendre vers l’Italie en sont victimes.
Si la France met en avant la solution politique entre rivaux libyens pour résoudre ce drame, le collectif du 10 mai pointe la responsabilité de la communauté internationale sur le traitement inhumain que vivent les migrants africains. Une situation dont elle avait déjà été alertée par un rapport alarmant de l’organisme des Nations Unies chargé des migrations (OIM) sur des « marchés aux esclaves » en avril 2017.
Un rapport qui n’a produit aucune réaction. Yaré Diagne a critiqué le silence de la communauté internationale car « il est anormal que l’on puisse laisser des foyers de déshumanisation mettant à mal l’idéal humain » près de 170 ans après l’abolition de l’esclavage. Il aura fallu une preuve en image pour obtenir la réaction des dirigeants internationaux, notamment celle du président français Emmanuel Macron qui a qualifié cette traite d’êtres humains de « crime contre l’humanité ».
D’autres réactions et mobilisations provenant de la société civile ont émergé depuis les révélations de CNN sur les marchés d’esclaves en Libye. Le collectif du 10 mai n’exclut pas d’autres appels à rassemblement si la situation pour les migrants africains reste chaotique. Yaré Diagne a demandé aux manifestants de rester en alerte face à ces violations des droits de l’homme car ces procédés, loin d’être un particularisme libyen, font que « notre espèce elle-même est menacée ».