Montpellier, voyage au pays du foot à 7
« Le football est un sport qui se joue à 11 contre 11, et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne ». Cet adage, signé Gary Lineker, célèbre attaquant anglais des nineties, ne s’applique pas à Montpellier. Ici, le football se joue à 7 contre 7, et à la fin, c’est le fair-play qui gagne. Créée en 2007, la FMFA 7 (Fédération Montpelliéraine de Foot à 7), organise un championnat qui réunit 124 équipes et 1900 licenciés. Pas mal quand on pense que tout est né d’un homme qui voulait une seule chose : jouer au foot comme il l’entend.
« J’ai quitté le foot à 11 en 1990, après 11 ans de club à Fabrègues ». Alex De La Chapelle, 55 ans, grand manitou du foot à 7 à Montpellier, explique les raisons d’une désillusion. « J’en avais marre de l’état d’esprit qui régnait, marre de me faire insulter, marre de me faire casser en deux dans les villages ». Une idée vient alors à Alex, créer son propre championnat.
« Quand on a commencé en 1990 on n’était que 5 équipes ». A l’époque, Alex s’appuie sur une fédération externe, la FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail). 17 ans après, en 2007, il décide de prendre son envol tout seul. C’est le début de la FMFA 7. « Depuis, le succès a été extraordinaire » se réjouit Alex, « on était 33 équipes en 2007, aujourd’hui on est 124 équipes, et il y a tellement de demandes d’inscriptions qu’on en refuse tous les ans ». Pour le président de la fédération ce succès s’explique en deux mots : l’état d’esprit.
Au nom du fair play.
« Dans notre championnat, le fair-play, c’est la base de tout ». En parlant des règles qui régissent la ligue, Alex se fait sérieux. « C’est simple, il ne faut jamais que l’enjeu prenne le pas sur le jeu ». Pour s’assurer que cet état d’esprit soit partagé par tous, un arsenal de règles draconiennes a été mis en place. Interdiction de tacler, auto-arbitrage, et le plus important, apéro de fin de match obligatoire. La troisième mi-temps appliquée au ballon rond. Car pour Alex, « la chance qu’on donne, c’est aussi celle d’avoir une équipe en face, de pouvoir discuter à la fin du match, c’est ça qui est important ».
Un voyage dans le tissu social montpelliérain
Au vu de la diversité des équipes inscrites, force est de constater que le concept forgé par le président de la fédération plaît. Et ce de manière transversale. Parcourir le classement des 7 poules formant la FMFA 7 est un voyage dans la cacophonie du tissu social montpelliérain et de l’Hérault. Équipes de village, de quartier, d’entreprise, ou encore des universités et écoles, on peut voir les Kepis Pescalunes, équipe des gendarmes de Lunel affronter les étudiants du team Staps, ou encore la Butte Paillade 91, équipe du célèbre groupe de supporteurs du MHSC, croiser les armes avec la Mutuelle FC. Des rencontres improbables. A vivre autant sur le terrain qu’à l’apéro d’après match.
« Quand on a commencé, on n’aurait jamais pensé en arriver là », affirme Alex avec une fierté candide. Pourtant, aujourd’hui à Montpellier et ses environs, on finit toujours par connaître quelqu’un qui joue dans la ligue. Ainsi, si le médecin qui vous signe le certificat FMFA 7 de bonne aptitude au sport, vous regarde d’un sourire malicieux, et vous donne rendez-vous sur le terrain pour le match de la semaine prochaine, ne vous surprenez pas. Vous êtes au pays du foot à 7.