Régionales 2015 : les campagnes électorales sont lancées
Le coup d’envoi pour la seconde mi-temps est donné. Les porteurs de listes font face à un nouvel élément à prendre en compte depuis les événements tragiques de vendredi 13 novembre. Une date historique qui a heurté la conscience des citoyens. L’actuel Maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, Philippe Saurel, candidat pour les régionales, organisait un point presse mercredi 18 novembre à 14h au Club de la presse. Sans donner de précision avant la conférence, il présente en exclusivité un sondage commandé par ses soins à hauteur de 10 000 euros et réalisé par Elysées Consulting, un institut de sondage privé basé à Toulouse. Le candidat des Citoyens du Midi confirme sa volonté d’aller au bout et appuie sur la tournure nationale de ces élections. Retour sur la campagne de Philippe Saurel et analyses de ce sondage inédit.
Quelques heures après les attentats, on entendait que les campagnes seraient suspendues. Finalement, les campagnes sont plus relancées que jamais. Les quelques jours qui ont suivi le drame ont permis à l’ensemble des Français de réfléchir sur ce qu’il s’était passé et on sent toute l’électricité qu’il y a dans l’air autour de ces régionales. « Cette prise de parole intervient dans ce contexte : la France est dans un état d’incertitude » affirme le Maire de Montpellier, tout en rendant hommage aux victimes.
Un discours peu centré sur l’émotion
L’atmosphère est grave au Club de la presse. Philippe Saurel coupe court sur les événements qui ont marqué la France et attaque très vite sur les régionales : « Je suis un peu pressé » dit-il, tel un boxeur qui s’avance pour le deuxième round (voir interview réalisé par Vous Savez Tout). Le combat est difficile à mener, puisque les sondages l’annoncent à 6%. Chiffre qu’il conteste vivement : « S’il y a bien quelque chose que je déteste, c’est le mensonge. Je sais ce que je pèse, et c’est pas 6%. Je le vois sur le terrain. » En réponse, il commande donc un sondage sur les intentions de vote des électeurs.
La pirouette des sondages
Le Maire de Montpellier s’indigne sur la qualité de ces différents sondages. « Les sondages doivent traiter les candidats avec les mêmes outils. » Et c’est là que commence le tour de passe-passe. Il poursuit son raisonnement en évoquant les élections municipales de mars 2014. « Pour en avoir le cœur net, et comme pour les élections municipales, j’ai financé un sondage. Je l’ai confié à un institut privé à Toulouse. » Œil pour œil, dent pour dent, le message est passé. Mais ce n’est pas tout. Le clou du spectacle est le timing dans lequel ce sondage a été effectué. « Le hasard a fait que la moitié du sondage a été testé avant le 13 novembre, ce qui donne un autre regard sur les différents sondages qui émanent pratiquement tous de l’Ifop » explique t-il en présentant par la même occasion Christine Cassan, fondatrice et co-gérante de l’institut toulousain.
Le coup de com’ opportuniste
Pour résumer, Philippe Saurel critique la pratique qui est faite des différents sondages publiés dans les médias et souhaite rendre public l’intégralité du sondage commandé. Un sondage particulier, puisqu’il a été effectué sur internet et durant la période du jeudi 12 au lundi 16 novembre à 8h. L’heure est très importante dans l’analyse des résultats : « Je me retrouve à peu près à 50-50, avec un échantillon coupé en deux, avant et après les événements de vendredi à partir de 22h30 » explique Christine Cassan. Elle prévient sur la différence des résultats obtenus. Clairement, sur les résultats, il y a un avant et un après attentat selon la spécialiste. « C’est inscrit en chacun de nous. L’information est passée à un niveau très fort ces derniers jours » affirme t-elle pour justifier ces résultats. En attestent les nombreux débats sur les réseaux sociaux.
L’impact des attentats sur les intentions de votes
Le résultat des sondages est favorable à 4 des 11 candidats aux élections régionales. Les intentions de votes pour le candidat Louis Alliot (Front National) sont de 29,8% avant les attentats, et de 35,9% après. Philippe Saurel, avec sa liste Les Citoyens Du Midi, passe de 7,7% à 11,5% après. Légère augmentation pour Dominique Reynié (LR – UDI) qui passe de 13,4% à 14,7%. Et Gérard Onesta (Europe écologie les verts, Front de Gauche) passe de 5% à 7,9%.
Parmi les grosses écuries, la grande perdante est sans doute Carole Delga, qui porte l’étendard du Parti Socialiste. Elle passe de 21,2% d’intention de votes à 19,2% après les attentats. Philippe Saurel l’avait annoncé au début de son intervention : « Cela ne sera jamais la même campagne… Elle prend des accents nationaux et d’une profondeur inégalée. »
La stratégie nationale des partis politiques
Le Maire de Montpellier décrit et anticipe ce que va être la stratégie de ses opposants : construire un pacte républicain pour battre le Front National. Selon lui, tout est en place pour qu’une union républicaine voit le jour. Il saisit l’opportunité pour souligner en gras sa position « en dehors des partis politiques ». Il compare même le système politique à un bocal dont il faut changer les poissons. « C’est un autre exercice de la politique. » Une stratégie de campagne qui chuchote une ambition plus grande que la Région, avec notamment ce tweet à propos d’une possible Sixième République.
Il faut construire une 6ème république capable de répondre aux nouveaux défis #Montpellier @AFP
— saurel philippe (@saurel2014) 15 Novembre 2015
« Nous sommes à un tournant de l’histoire du pays. C’est la fin de certaines institutions politiques. » Reste à savoir si les électeurs vont se mobiliser pour ces élections, car l’abstention est aussi un élément important à prendre en compte.
Un champ lexical travaillé pour dérouler
Comme d’habitude, la communication du Maire de Montpellier est percutante. Les mots-clés sont martelés : proximité, citoyen, hors système, apolitique et participation. Rien de nouveau, c’est ce que l’on retrouve dans le livre Réparer la République dont il est l’auteur. La principale nouveauté, c’est le contexte particulier dans lequel se déroulent ces élections et sa détermination pour se positionner en vrai rempart contre le Front National et la possible alliance “UMPS”.
Annoncé en hausse dans ce sondage et avec des intentions de votes à 9,9%, les régionales vont se jouer sur le terrain pour le premier tour. Franchir le palier des 10% est important pour la liste des Citoyens du Midi, qui donnera une chance à la liste au seconde tour. Peut-être une occasion pour Philippe Saurel de mobiliser les autres listes qui ont moins d’intentions de votes pour le second tour. On peut émettre une possible alliance avec la liste dirigée par Gérard Onesta (Nouveau Monde), avec lequel il entretient une complicité évidente. En tout cas, à propos de l’autre liste citoyenne Nouvelle Donne, le Maire de Montpellier affirme sa différence en se qualifiant comme une liste « hors des partis politiques et apolitique ».
Une réponse claire qui sépare bien ces deux listes, qui s’accaparent le mot citoyen pour cette campagne électorale. Et si l’enjeu de ces régionales se jouait sur cette alternative « hors des partis politiques » ? Réponse le 6 décembre pour le premier tour des élections de la nouvelle grande Région Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon.