Le soutien au Rif se développe à Montpellier
Depuis plusieurs semaines, un comité montpelliérain se mobilise pour soutenir le mouvement de contestation populaire appelé Hirak (mouvement) dans la région du Rif au Maroc. Ils ont manifesté dimanche dernier à Montpellier pour exiger la libération des prisonniers politiques du Hirak et le respect des droits fondamentaux auprès d’une population rifaine qui se sent délaissée, voire humiliée, par le régime marocain.
Dimanche 25 juin 2017, un jour de fête pour les musulmans à l’occasion de l’Aïd el-fitr qui célèbre la fin du mois de ramadan. Pourtant, une poignée d’irréductibles issus de la diaspora marocaine n’a pas hésité à rompre les festivités de l’Aïd pour porter, au centre-ville de Montpellier, le mouvement de contestation populaire provenant de la région du Rif marocain.
De manifestations en revendications pour le Rif
Créé il y a un mois, le comité de soutien au mouvement populaire du Rif-Montpellier (CSMRM) a organisé une manifestation en faveur du mouvement Hirak, fer de lance des revendications rifaines au Maroc. Environ 300 personnes ont défilé en fin de journée entre plan cabanes et la place de la comédie pour montrer leur solidarité auprès des prisonniers politiques du Hirak en scandant « liberté, dignité, justice sociale », « Pouvoir marocain, pouvoir assassin » ou « Non à la militarisation du Rif ».
#Montpellier manifestation en solidarité avec le mouvement de contestation populaire #Hirak dans le #Rif marocain pic.twitter.com/vQA3N4aoWA
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 25 juin 2017
Membre du CSMRM, Kassem explique les raisons de cette manifestation en ce jour si particulier « Ce n’est pas pour rien si on est là aujourd’hui alors que cela devrait être un jour de fête ! C’est pour envoyer une forme d’appel à l’aide et sensibiliser nos concitoyens français sur la situation du Rif afin de développer un moyen de pression sur le régime marocain » souligne t-il.
Situé au nord du Maroc, la région du Rif vit de nombreuses manifestations depuis la mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson qui fut broyé dans une benne à ordures le 28 octobre dernier, alors qu’il voulait récupérer sa marchandise jetée dans une poubelle par la police marocaine. Les conditions de sa mort ont provoqué un émoi considérable au Maroc et des milliers de manifestants se sont rassemblés dans les rues pour exiger que justice soit faite sur cette affaire.
Funérailles de #Fikri, #Al_Hoceima #Maroc
La mort de #Mouhcine Fikri à Al-Hoceima provoque une vague d’indignation contre la « hogra » pic.twitter.com/iZ8vlZsEB2— Samad AIT AICHA (@samadpresse) 30 octobre 2016
Des manifestations en solidarité à Mouhcine Fikri qui ont progressivement muées en contestation sociale contre la marginalisation du Rif par l’État marocain, conséquence d’une politique instaurée par le royaume chérifien après que le prince héritier de l’époque, le futur roi Hassan II, ait maté la révolte rifaine en 1959. « Les rifains veulent le minimum vital en termes de droits civiques face à un pouvoir arbitraire » explique Lhoussain membre lui aussi du comité de soutien local et natif de la province d’Al-Hoceima dont le chef-lieu qui porte le même nom est devenu l’épicentre de la contestation rifaine. « Ils veulent être considérés comme des marocains de plein droit » nous explique t-il pour contrecarrer les accusations de séparatisme que l’on prête au mouvement.
Parmi les revendications socio-économiques, la création d’un hôpital spécialisé en oncologie dans une région qui subit deux fois plus de cancer par rapport aux autres régions du Maroc, l’ouverture d’une université et l’investissement des pouvoirs public en termes d’emploi, sont les principales demandes du Hirak pour sortir le Rif de la misère économique et sociale.
Une situation d’extrême tension
Des revendications qui peinent à être entendues par le gouvernement marocain notamment depuis les arrestations du leader de la contestation rifaine Nasser Zefzafi le 29 mai dernier, et de la jeune artiste et figure féminine du Hirak, Sylia Ziani, le 5 juin dernier. Ces événements ont amplifié les manifestations et contraint le roi du Maroc, Mohamed VI, à exprimer dimanche soir son mécontentement auprès du gouvernement, sur les retards pris par le programme de développement lancé en 2015 pour la région du Rif.
Depuis fin mai 2017, au moins 127 personnes ont été arrêtes dans le cadre de la protestation populaire du Hirak, dont plusieurs journalistes venus couvrir ces manifestations. Une situation qui inquiète les ONG internationales telles que Reporters Sans frontières ou Amnesty International.
À Montpellier, le CSMRM en est à sa 4ème manifestation depuis un mois et n’est pas prêt d’arrêter la mobilisation tant que le gouvernement marocain ne prend pas en considération les revendications du Hirak et que les mesures répressives à l’encontre de ses citoyens ne cessent. Une détermination et une volonté d’élargir le soutien auprès du CSMRM dont tous les agents de la société, selon Kassem, doivent être alertés par la dureté de l’oppression que subit la population du Rif. « Aujourd’hui en 2017, on arrête et on torture des gens qui manifestent pacifiquement depuis 8 mois, y compris des journalistes parce qu’ils transmettent de l’information ! (…) Si on doit soutenir des artistes, des journalistes, des citoyens qui réclament leurs droits les plus élémentaires, il faut le faire partout et ne pas être sélectif ».
#Manifestation 300 personnes à #Montpellier réclament la libération des prisonniers politiques du #Hirak #Rif pic.twitter.com/zTSirRTnef
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 25 juin 2017
Un sympathique compte rendu sur le mouvement de contestation populaire dans le Rif et sur les actions qu comité de soutien à ce mouvement dans Montpellier. Merci