Gestion des déchets à Montpellier : Une enquête de PoLA
PoLA, un projet étudiant, propose lors d’un évènement de sensibiliser les habitants à des alternatives écologiques de réduction des déchets. Cette volonté s’inscrit dans un climat de mécontentement et de manque d’information en matière de gestion des déchets dans la ville de Montpellier.
Les déchets ménagers représentent environ 9% du total de déchets générés en France. Leur traitement est ainsi une composante importante de la transition écologique. Localement, la ville de Montpellier cherche à démocratiser la préservation de l’environnement par la mise en place d’une plateforme numérique. Différentes composantes de la gestion locale des déchets sont explicitées de manière ludique à travers #VilleBelle, une campagne globale d’affichage et de sensibilisation à la réduction des déchets. PoLA un projet étudiant, s’est intéressé à l’avis des citoyens concernant la gestion des déchets dans leur ville pour en faire un projet.
Des montpelliérains mécontents et mal-informés
Les résultats de l’enquête réalisée par PoLA sur 500 Montpelliérains révèlent que 80% des personnes interrogées ne sont pas satisfaites de la gestion des déchets de la ville. Bien que certains dispositifs aient été mis en place par la métropole pour favoriser l’éco-responsabilité, il semblerait que des améliorations soient encore nécessaires, notamment concernant le nombre de poubelles, jugé insuffisant pour 70% des habitants. Certaines pages Facebook recensent différents témoignages illustrés, rendant compte du débordement des poubelles dans la ville. S’ajoute à cela, la question des poubelles doubles (composées d’un compartiment de tri et d’un compartiment pour les déchets non-recyclables) qui sont encore moins nombreuses, alors qu’elles faciliteraient les habitudes vertes à Montpellier.
La ville propose néanmoins un système de récolte des déchets recyclables, par le biais de sacs plastiques fournis par la mairie. Cependant, la démarche reste individualisée et laborieuse. En effet, ces sacs plastiques ne se trouvent qu’en des points précis, comme l’Hôtel de Ville et sont uniquement disponibles sur demande attestée d’un justificatif de domicile. L’automatisation de l’envoi de sacs serait un pas vers la généralisation du recyclage.
L’enquête de PoLA révèle que 79% des Montpelliérains interrogés n’ont pas connaissance des actions mises en place par la ville sur le traitement des déchets, alors que des moyens sont mis à disposition et que des associations constituent une réponse à ce problème. En effet, la métropole propose à ses habitants de réduire leur production de déchets en favorisant l’acquisition de dispositifs de recyclages innovants. Elle propose par exemple à tous les habitants, d’installer gratuitement des composteurs individuels et finance partiellement l’acquisition d’un lombricomposteur à hauteur de 50 €.
Les Montpelliérains seraient-ils mal informés ? La quasi-totalité des personnes interrogées n’ont aucune connaissance sur les associations et les solutions proposées à l’égard de la gestion des déchets. « C’est ainsi qu’est né le projet PoLA » nous explique Nina, une des porteuses du projet, l’enquête ayant soulevé des enjeux que le groupe d’étudiants dont elle fait partie a matérialisé lors d’un événement.
Le projet PoLA : une expérience étudiante et citoyenne
PoLA est un projet mobilisant la data démocratie et le marketing social autour de la question de la gestion des déchets dans la ville. Il résulte d’un travail effectué par huit étudiants qui ont mis à profit leur savoir-faire et aspirations propres, dans le cadre de leur troisième année de licence de Science Politique. L’objectif était de les préparer à leur avenir professionnel en leur permettant de concrétiser l’enseignement reçu, sous la forme d’un projet collectif. La majorité d’entre eux se dirigeant vers un master M2CO (Métier des études et du conseil), la campagne d’affichage et l’aspect événementiel de leur travail s’inscrit en effet dans un projet plus vaste quant à leur poursuite d’études et aux parcours professionnels envisagés. Ce projet est composé de trois étapes clefs : une enquête, une campagne, un évènement.

PoLA révèle, lors de son sondage, que la majorité des montpelliérains sont prêts à utiliser des composteurs communs.
Afin de refléter au mieux la pensée des Montpelliérains sur la thématique des déchets, PoLA a réalisé une enquête quantitative ayant recueilli environ 500 réponses. Les résultats récoltés ont pris la forme d’affiches ludiques et colorées, comprenant des pourcentages révélateurs quant à la situation. Cette campagne d’affichage s’est réalisée dans un objectif de sensibilisation afin d’éviter tout discours “moralisateur”. PoLA vise avant tout la promotion d’alternatives durables présentes dans la ville de Montpellier, trop peu connues de ses résidents.
Le groupe d’étudiant a décidé de mener une campagne de communication à deux niveaux : sur les réseaux sociaux et par le biais de l’affichage urbain. Une campagne sur le numérique, tant sur Facebook que sur Instagram « afin d’intriguer un maximum de personnes sur le sujet » explique Louise, une des organisatrices du projet. A cela, Nina, ajoute que « L’objectif était de sensibiliser les habitants de la ville par une campagne d’affichage adaptée à tous les publics, c’est pour ça qu’on a choisi une campagne à deux niveaux ».
Cette campagne a été complétée par la distribution de tracts en réalité augmentée, Nina explique que « l’objectif était de continuer dans la démarche de communication et de proposer aux gens de flasher le code qui renvoyait à l’événement du samedi. On trouvait ça original et ça s’inscrivait bien dans la démarche de marketing social et de data démocratie ». Un micro trottoir questionnant les résidants de la ville sur la thématique de la gestion des déchets a apporté un aspect qualitatif à l’enquête de ces étudiants.
L’équipe PoLA souhaitait créer un moment de partage et d’échanges entre citoyens, le lieu devait donc forcément être un endroit de passage. Le jardin des plantes, qui fait partie du patrimoine de l’Université de Montpellier est un endroit incontournable de la ville, c’est pourquoi il fut choisi pour la tenue de l’événement qui s’est déroulé le 31 mars dernier, marquant l’aboutissement de leur projet.
La conception de l’événement a été confirmée par les résultats de l’enquête – Nina
L’idée était de proposer aux Montpelliérains des réponses à leurs questions et de combler les carences institutionnelles en matière de sensibilisation. L’événement s’est alors axé sur la réponse au mécontentement et à la mal-information des résidants. Pour inciter à la diminution individuelle des déchets, divers stands ludiques de préparation de produits du quotidien ont été mis en place. Afin d’informer le public, ce groupe d’étudiants a également proposé des espaces où des associations, comme Montpellier Zéro Déchets, expliquait leur démarche aux passants.
Nous sommes allés à la rencontre des passants pour leur demander ce qu’ils pensaient de l’événement.
Par ce projet, cette équipe d’étudiants en science politique fait écho à l’insatisfaction de 82% de montpelliérains à l’égard de la gestion des déchets dans la ville. En organisant un événement proposant des alternatives et des réponses, le projet PoLA tente de répondre à une question citoyenne et actuelle. Un projet personnel et professionnalisant qui peut revêtir une importance majeure en fin de parcours de licence. Ces projets universitaires se prolongent parfois en branche associative, ce qui est le cas de Jeunesse S’engage, une association née d’un projet professionnel personnalisé réalisé dans le même cadre.