Humans of Montpellier N°6
« Je me sens bien à Montpellier. Une ville vivante avec beaucoup d’étudiants et de jeunes. C’est ma deuxième année ici et je trouve que c’est sympathique. Mais parfois, avec ma barbe, je me sens un peu dévisagé par certaines personnes. Surtout dans le tram, ils me regardent comme s’ils se posaient des questions sur moi.
Je suis quelqu’un de plutôt mate de peau, avec une barbe très très brune et beaucoup de personnes assimilent ça aux Arabes et plus précisément aux musulmans intégristes. Donc j’ai l’impression de passer pour quelqu’un de potentiellement dangereux. D’un côté, je ne veux pas la raser parce que c’est un style à part, c’est quelque chose qui m’appartient. À la base, c’est parti d’une sorte de flemme de ne pas vouloir me raser, et puis j’ai trouvé que ça m’allait bien. Surtout que je l’entretiens, elle est taillée… Finalement, ça m’amène à discuter avec les gens, quand je vois qu’ils me prennent pour un terroriste. Je ne suis pas du tout musulman, je suis chrétien et Français depuis une dizaine de générations. Ça me permet de leur expliquer qu’il ne faut pas faire d’amalgame et ne pas avoir peur.
Avec tout ce qu’il se passe en ce moment, je sens les regards de plus en plus pesants sur moi. J’en discutais avec mon coiffeur, il me racontait qu’il avait 30-40 % de clients qui venaient se raser la barbe une semaine après les attentats du 7 janvier. J’ai même des proches à moi qui ont peur qu’un extrémiste me passe à tabac ou m’agresse pour différentes raisons politiques. Les médias jouent un rôle important là-dedans et on le voit bien avec la montée du Front National aux élections. Il y a une sorte de psychose autour des musulmans et c’est ça qui crée cette atmosphère, cette ambiance un peu bizarre. Comme on dit, l’habit ne fait pas le moine. »