Entre invectives et courtoisies, les candidats à la mairie de Montpellier s’observent
Depuis la mairie de Montpellier, cinq des neuf candidats aux municipales se sont prêtés au jeu du débat en direct. Organisée par France 3 et France Bleu Hérault, cette rencontre à 17 jours des élections fut pour le moins animée par les invectives et courtoisies de chacun.
Dans la salle des rencontres de la mairie de Montpellier, la tension était palpable en ce début de soirée du 6 mars. Étaient présents à ce débat Muriel Ressiguier (Front de Gauche), Jean-Pierre Moure (PS), Philippe Saurel (divers gauche), Jacques Domergue (UMP) et France Jamet (FN). Tous les cinq ont vivement réagi sur les grands thèmes de campagne énoncés par Léo Lemberton, journaliste à France 3, et Pierre-Jean Pluvy de France Bleu Hérault. Sans surprise, les discours traditionnellement tenus depuis le début de la campagne par ces cinq candidats n’ont pas transgressé à leur règle. Néanmoins, les conditions du show en direct ont permis d’éclaircir les prémices des stratégies pour le second tour.
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Muriel Ressiguier et France Jamet, seules au front
Parmi les cinq candidats, deux sont diamétralement opposés mais proches dans leur stratégie : Muriel Ressiguier et France Jamet. À Montpellier, les candidates de l’extrême gauche et de l’extrême droite ne badinent pas avec leur parti à qui elles resteront fidèles quoi qu’il arrive. Ne parlons donc pas à ces dames d’alliance au second tour. « Si l’on fait plus de 10% au premier, on se maintiendra au second tour », a déclaré Muriel Ressiguier tandis que France Jamet plaisantait sur le fait même que les journalistes ne lui ont pas posé la fameuse question des alliances au second tour. Qui dit pas de fusion dit pas de courbettes envers les autres prétendants. France Jamet, dans une logique frontiste nationale, n’a pas hésité à critiquer le pouvoir en place, lançant par exemple à Jacques Domergue : « Vous dressez un catalogue de bonnes intentions, de “ y’a qu’à “, “ faut qu’on “… Mais pourquoi n’avez-vous pas pris ces bonnes initiatives lorsque vous étiez au pouvoir ? »

Muriel Ressiguier s’est montrée plutôt à l’aise dans le débat (Crédit photo : © Lucy Moreau)
Sans invectives directement adressées, Muriel Ressiguier a quant à elle tenu à se démarquer de ses adversaires en clamant haut et fort « je suis la seule à ne pas faire partie du sérail politique, moi je suis comme vous tous, c’est pourquoi l’humain est au cœur de mon programme ».
Les deux candidates des extrêmes, malgré leurs désaccords de fond, ont su trouver des similitudes sur certains points de leur programme. « Je suis ravie que vous vous convertissiez à la régie publique de l’eau », a lancé Ressiguier à Jamet, qui a tout de suite précisé qu’« Alain Jamet a été le seul, en 1989, à voter cette délégation de service publique, c’est pourquoi nous sommes pour ». Une similitude qui réjouit Muriel Ressiguier qui s’est exclamée de vive voix : « C’est merveilleux !»
UMP, PS : les hostilités continuent
D’autres candidats ont été beaucoup moins courtois. Jean-Pierre Moure et Jacques Domergue ont difficilement prononcé une phrase sans se critiquer tour à tour. Que ce soit sur la fiscalité, l’emploi ou le transport, les deux sexagénaires ne se sont pas fait de cadeaux. « Vous avez augmenté la taxe d’habitation pour la part de l’agglomération de 9% en une fois », a lancé Jacques Domergue à Jean Pierre Moure qui lui a tout de suite rendu son coup en avançant qu’« il fut un temps où Domergue était député, et l’action qu’il a mené avec le gouvernement précèdent a fait perdre 50 millions d’euros aux Montpelliérains ».
Le débat entre Moure et Domergue a été à la hauteur des « c’est celui qui le dit qui l’est ». Si Jean-Pierre Moure promet, Domergue conteste. « Je m’engage à réformer les bases d’imposition en revoyant l’équité sur la géographie montpelliéraine car aujourd’hui, en surface égale, un appartement populaire paye d’avantage qu’un hôtel particulier, et ça c’est inadmissible », tente Jean-Pierre Moure, immédiatement contré par Domergue : « C’est un mensonge monsieur Moure ». Mais le maire de Cournonsec a plus d’un tour dans sa poche : « Vous savez, je sors de cinq mandats de maire… ». Décidemment, pas de chance : Domergue coupe l’intéressé en indiquant qu’« on connait la situation de Cournonsec ». Bref, pas de pitié entre ces deux élus montpelliérains qui ne sont à l’évidence pas prêts de collaborer. Ce qui n’est en apparence pas le cas de tous les prétendants à la mairie.

Jacques Domergue a sorti le grand jeu pour séduire Philippe Saurel (Crédit photo : © Lucy Moreau)
Domergue drague Saurel qui se laisse faire
Au cours de ce débat, les téléspectateurs ont pu remarquer les diverses tentatives d’approche de Jacques Domergue à Philippe Saurel. « Ils vont s’associer ce soir, non ? », lance ironiquement Patrick Vignal, colistier de Moure assis dans le public. Et il est vrai qu’il y avait de quoi se poser la question. À plusieurs reprises, Domergue s’est trouvé des atomes crochus avec l’un de ses rivaux en la personne de Philippe Saurel. Lorsque Domergue évoque le parking Laissac, il est sur la même longueur d’onde que Saurel et le lui fait remarquer. Quand il s’agit de l’urbanisme montpelliérain, Domergue ne s’aventure pas au front du candidat Saurel : « Je ne parle pas pour toi Philippe, tu sais tout sur le sujet ». Jean-Pierre Moure, soucieux de ce rapprochement, n’aurait pas pu être plus explicite : « Je voudrais dire aux deux sortants associés, monsieur l’adjoint à l’Urbanisme et monsieur l’opposant, que je n’ai pas trop entendu dans les mois précédents les propositions qui sont faites aujourd’hui ». Par souci de ne pas dévoiler toutes ses cartes trop rapidement, Domergue a gentiment tapé sur les doigts de Saurel en lui faisant remarquer qu’il était « culotté de se revendiquer candidat antisystème alors qu’il en a tout de même fait partie pendant 20 ans ». Mais même cette attaque reste bon enfant et les rires du public sont là pour le confirmer.
Le débat presque terminé, les candidats n’ont pas échappé aux traditionnelles questions d’éventuelles alliances. Sur ce point, Philippe Saurel – crédité dans les sondages de 20% d’intentions de vote – est au cœur de toutes les inquiétudes. « Avez-vous envisagé une alliance avec Saurel, le matin en vous rasant ? », demande Léo Lemberton à Jacques Domergue qui répond de manière ambigüe : « Je me suis rasé tout à l’heure avant de venir… J’ai la capacité de devenir maire de Montpellier, que ce soit avec Philippe Saurel ou avec quelqu’un d’autre peu importe », tout en laissant planer un sacré doute en concluant : «Il y aura une surprise dans ces élections, c’est évident… »
Les conclusions du débat le 23 mars prochain
Dans tous les cas, comme le fait si bien remarquer France Jamet, « maintenant que Georges Frêche n’est plus là, il y a une place à prendre ». Qui des neufs candidats officiels à la mairie fera pencher la balance en sa faveur ? Résultat le 23 mars prochain à l’occasion du premier tour.
(Crédit photo de Une : © France Télévisions)
prêt a manger a tout les râteliers ce Mr Saurel !!!