La Graine pousse petit à petit
Depuis quelques années, les idées alter-mondialistes se développent de plus en plus. Ces mouvements sont soutenus par des citoyens qui ont envie de passer à l’action pour changer le fonctionnement de la société. À Montpellier, un groupe s’est rassemblé et a créé une monnaie parallèle à l’euro pour renforcer l’économie locale.
La monnaie locale « La Graine » fête ses un an et gagne doucement en visibilité. Depuis son lancement en Septembre 2018, elle compte 60 magasins et services où « La Graine » est acceptée à Montpellier et dans la région. « Ce n’est pas encore suffisant, » dit Gérald Daurat, 62 ans, ancien médecin et maintenant retraité. Avec cinq autres, ils tiennent à tour de rôle un comptoir d’échange au Faubourg, lieu de rencontre et de travail pour associations. « On forme des gens pour aller démarcher et trouver des prestataires. »
L’idée derrière La Graine
Actuellement il existe aussi des épiceries, des librairies, des cafés, des lieux de bien-être, des salles de sport et même un fournisseur d’électricité où l’on peut payer avec « La Graine ». Les prestataires participants doivent être locaux. Le bio est un plus. Le but est d’éveiller davantage les consciences sur nos habitudes de consommation.
On veut éviter l’évasion fiscale.
Un autre intérêt est de stimuler l’économie locale. On ne tire pas de profit en stockant de l’argent local sur un compte bancaire. Du coup, la fréquence de circulation d’une « Graine » est plus élevée qu’un Euro et l’argent reste dans la région. Gérald Daurat déclare : « On veut éviter l’évasion fiscale. Il n’y aura, par exemple, jamais de grandes compagnies comme Apple dans notre association. »
A la question, si c’est légal d’imprimer son propre argent, il répond : « Sur chaque billet, il y a un hologramme pour ne pas pouvoir le copier. Il faut un système de sécurité chez l’imprimeur – c’est ça le plus dur à trouver. » Les droits des monnaies locales sont encadrés par la loi des associations de 1901 et par la loi Hamon de 2014 – une loi spécialement créée pour ce qu’on appelle les « économies solidaires ».
En ce moment 302 membres utilisent 29 000 Euros changés en « Graines » à Montpellier. « Chaque billet en circulation correspond à un billet déposé sur un compte bancaire, » explique Gérald Daurat, « C’est la base d’une monnaie locale, complémentaire. » Ils utilisent une banque spécifique, coopérative et éthique, intitulée « La Nef ». Elle ne soutient pas de paradis fiscaux, et aide des projets écologiques et sociaux.
À la recherche de prestataires
Miriam Douls, 55 ans, fait partie des fondateurs de la monnaie locale à Montpellier. Elle rencontre des membres de « La Cagette », un supermarché associatif et collaboratif qui vend uniquement des produits de circuit court. Ils discutent sur la possibilité d’intégrer ou non « La Graine » dans ce projet.
Même si les deux structures ont une idéologie et une démarche alter-mondialiste très similaire, quelques individus de « La Cagette » expriment leur critique : Un monsieur est gêné par le sentiment d’être obligé par « La Graine » d’acheter dans certains secteurs ou magasins. Un autre intervient, disant qu’il aimerait payer chez son épicier chinois du coin en « Graines », et se demande comment rester ouverts au monde et à d’autres cultures avec de la monnaie locale, au lieu de se refermer sur soi-même.
Ils étaient aussi déçus d’entendre qu’un grand magasin bio, le Biocoop, qui est beaucoup payé avec des « Graines », les échange en Euros. Ça sert à quoi ? Miriam Douls explique que pour l’instant le Biocoop n’a pas assez de fournisseurs qui acceptent la monnaie locale pour dépenser à nouveau l’argent en tant que « Graines ». Cela doit encore se développer. Elle ajoute : « L’ennemi numéro un sont les fausses représentations que les gens ont de ‘La Graine’. On a besoin de dialogue. »
Ça fonctionne en parallèle de l’Euro.
Chantal Mazurek, 60 ans, membre à « La Graine » ainsi qu’à « La Cagette », rappelle : « C’est de l’argent complémentaire. Il n’y a pas d’obligation à utiliser ‘La Graine’. Ça fonctionne en parallèle de l’euro. »
Des monnaies locales partout en France
En France il y a déjà une multitude de monnaies locales, complémentaires : Par exemple « Le-Krôcô » à Nîmes ou « L’Eusko » à Bayonne, avec chacune son propre visuel. Sur « La Graine » on trouve des dessins d’abeilles, de rouges-gorges, de papillons…
Marie-Hélène Jacquet, ancienne puéricultrice, connaît l’association de monnaie locale depuis ses débuts. Elle dit : « Des solutions apparaissent contre un monde qui pense majoritairement au profit. C’est un rêve de jeunesse qui se réalise quand j’ai 73 ans. Je trouve ça très bien !»