Réfugié, un long voyage jusqu’à Montpellier

Cortège de « La marche pour la justice et la dignité ” le 19 mars 2017 à Montpellier. © Fessoil Abdou
Trouver refuge en France ? C’est le combat d’Amin*, un migrant de 27 ans originaire du Sud Soudan, qui après de nombreuses épreuves est parvenu jusqu’à la ville de Montpellier. Après avoir vécu la guerre, la prison, la torture et un périlleux voyage, Amin tente aujourd’hui d’obtenir le statut de réfugié.
En 2003, une guerre organisée par l’État, engageant des miliciens dans le Darfour, éclate au Sud Soudan. Les miliciens détruisent tout dans son village natal, brûlent les maisons, tuent 25 personnes dont des bébés et des personnes âgées, incapables de fuir. Car la fuite est alors la seule solution pour éviter les violences, les viols et la mort. Pendant trois mois les habitants du village sont restés dans une vallée, sans rien. Pris ensuite en charge par des associations humanitaires telles que Unicef, World food parganem ou Save children… Ils ont pu retrouver des conditions de vie relativement décentes dans un camp. Ceci permit à Amin d’ouvrir une épicerie, afin d’aider sa famille financièrement. Malheureusement un jour, un groupe d’opposition vole une voiture militaire et après les avoir poursuivi jusqu’au camp, les gardiens d’Etat les capturent. Suite à quoi, ils accusent tout le monde d’une collaboration douteuse. Il est alors injustement arrêté, avec dix autres personnes innocentes.
L’interrogatoire d’Amin dure dix mois. Dix mois de torture psychologique et physique. Mais Amin, innocent, n’a rien à leur apprendre, il ne peut leur donner aucune information concernant le groupe d’opposition. Ce silence accroit la violence des gardiens, Amin parle de « vrais malades sadiques ».
Dix mois plus tard, Amin est enfin libéré, sous condition d’une assignation à domicile. Mais quelques temps plus tard, à cause d’un mal d’estomac, on le transporte aux urgences. C’est un de ses cousins qui viendra lui dire qu’il est recherché par la police. Il lui conseille de fuir car il risque la prison à nouveau ou la mort. Amin a très peur et décide de partir en caravane, pour un monde qu’il espère meilleur.
Il a beaucoup de difficultés à atteindre la Libye où il travaille quelques mois à Tripoli, mais effrayé par l’insécurité politique là-bas, il préfère partir en voyage par la méditerranée, pour rejoindre l’Europe et y trouver « la sécurité et les droits de l’homme ». Arrivé en Italie, on lui prend ses empreintes de force et on lui dit, à lui et aux autres migrants, qu’il peut partir là où il veut. « Moi j’ai choisi la France » dit Amin. Il rejoint Paris avec beaucoup de difficultés et est ensuite envoyé à Montpellier.

Passage de “La marche pour la justice et la dignité” sur la rue Foch. © Al Sticking
Le 15 mars 2017, après un voyage éprouvant, de longues procédures administratives, Amin voit sa demande d’asile refusée. Aujourd’hui, alors que ses droits ont été plusieurs fois bafoués, Amin n’a pas le droit d’être réfugié en France et n’a pas le droit de rester à Montpellier.
Son cas est supporté par le collectif migrants bienvenue 34, comme celui de nombreux autres migrants habitant au CAO de Montpellier. Le 19 mars, lors de la marche pour la dignité et la justice à Montpellier, à l’initiative du collectif migrants bienvenue 34, Amin et trois autres migrants du CAO sont présents pour montrer leur détermination.
Début de la #marche19mars à #Montpellier #MarcheDignité pic.twitter.com/G8UsLMEIgm
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 19 mars 2017
Les associations présentes (dont migrants bienvenue 34, la Cimade 34, Amnesty International, RESF) revendiquent le droit d’Amin et des autres migrants de rester à Montpellier. L’antenne Jeune d’Amnesty International soutien l’accueil de réfugiés comme Amin à Montpellier. Les montpelliérains soutiennent également l’accueil des migrants. En effet, suite à l’appel au parrainage du collectif Migrants Bienvenue 34, une centaine de personnes se sont portées volontaires pour aider les migrants dans leurs démarches administratives et pour leur apporter un soutien moral. De ce fait, le collectif Migrants Bienvenue 34 à envoyer une lettre à destination du préfet pour discuter des conditions d’accueil des migrants. Cette volonté des habitants de Montpellier demande à être portée par les pouvoirs publics.
*Amin n’est pas le véritable prénom de la personne en question, qui préfère rester anonyme.
Maëlys Barbot, membre de l’antenne jeune d’Amnesty International