Le Salon de l’Écologie : L’ode à la pensée verte

Les différents stands présent lors de la journée “Écolo’Job” du salon de l’écologie. © Mathis Cugniere
Comme chaque année, le Master IEGB organise le Salon de l’écologie à la faculté des Sciences de Montpellier qui s’est déroulé du 2 au 5 novembre 2016. Dans un monde où la question écologique est devenue une thématique nécessaire au progrès social, ces jeunes étudiants ont décidé de partager leurs connaissances, leur amour de l’écologie, mais aussi de sensibiliser le plus grand nombre de personnes à la morale verte. Afin d’atteindre leurs objectifs, les étudiants ont travaillé sur trois journées et deux soirées. Comme pour chaque édition, le thème abordé change. Cette année c’était celle de la « Biodiversité : L’art de vivre ensemble ». Retour sur cet événement audacieux.
Une organisation méticuleuse
Inaugurée à l’occasion du début de la saison 2016/2017 de l’Agora des Savoirs, cette huitième édition du Salon de l’écologie propose de retrouver le lien entre l’Homme et la Nature grâce à des rencontres avec des étudiants, des professionnels (entreprises publiques ou privées) ainsi qu’avec le grand public à travers différents thèmes divisés sur plusieurs journées. La journée « Ecolo’Tech » est organisée autour d’un congrès scientifique concernant les innovations technologiques et méthodologiques dans le domaine de l’écologie. Un temps fort qui s’adressait avant tout à un public plus averti, plus expert. Preuve que le Salon se veut rassembleur, en étant capable de réunir tout un panel de personnes venant de milieux professionnels et sociaux différents.
La journée « Ecolo’Job », où les étudiants montpelliérains ont rencontré des intervenants, des employeurs travaillant dans le secteur écologique. Ce que les étudiants ont baptisé les « Festi’Versité » se déroulant, en parallèle, sur les trois jours du Salon. Un festival pour « petits et grands » rassemblant différentes activités comme le Street’Art, la photographie ou l’Eco responsabilité. Les étudiants proposaient enfin deux soirées en lien avec le Salon. Le jeudi, au cinéma Le Diagonale, était projeté le film La guerre des Graines suivi d’un débat animé par de multiples acteurs (Associations, agents de la ville…). Le vendredi était, quant à lui, consacré à l’Art et la Biodiversité au rythme de représentations musicales (Le mal coiffée ; Blue Jack Gemini), dansées (par Romain Sordello), théâtrales (par le TAUST, troupe de théâtre de l’Université de Montpellier) ainsi qu’un concours photo et la projection du court-métrage Les pêcheurs du Tam de Pascal Gaubert.
Une jeunesse investie
Maude Khalil-Lortie, Présidente du Salon et Julien Larivière, le Vice-Président, nous en disent un peu plus sur l’organisation de cet événement. L’ensemble des élèves (40 étudiants) de la promotion se sont partagés les tâches afin d’optimiser les chances de réussite. Les étudiants ont donc tous un rôle particulier à entreprendre pour le Salon. La communication, la logistique, la trésorerie… La classe s’est transformée en véritable “entreprise”. Les élèves accompagnés par Lucie Merle (qui travaille en Service Civique) et du directeur du Master, Oliver Thaler sont aussi membres de l’Association du Salon de l’écologie qui met en œuvre la réalisation du projet. “La jeunesse ne sait rien faire ? La jeunesse est feignante ?” Voilà la preuve que la jeunesse montpelliéraine est remplie d’idées, d’innovations et d’audace. La route a été longue comme nous l’explique les deux chefs de projets, il a fallu avancer avec certaines limites. Des limites diverses liées à cette organisation d’envergure, allant aussi bien de la nourriture aux normes de sécurité, en passant par la mise en place du chapiteau en lien avec la journée Ecolo’Job. Néanmoins, même si la réussite a un prix, nul doute que les étudiants peuvent être fiers de ce qu’ils ont réussi à entreprendre.
« il y a une prise de conscience » – Julien, Vice-Président du Salon de l’écologie
Les deux jeunes passionnés nous livrent leurs impressions sur la relation particulière qu’ils ont avec l’écologie. Pour eux, la vision écologique ne passe pas par une vision politique mais par une vision citoyenne, jugeant que le mouvement politique vert n’est pas assez important en France et qu’il ne représente pas assez de voix. Pour Julien : « les agriculteurs ne sont pas assez entendus ». Le cliché selon lequel ils seraient de gros pollueurs est faux, « il y a une prise de conscience ». Il reconnaît même être optimiste pour les échéances prochaines : « Les cours d’eau sont moins pollués, les nouvelles normes dans les usines permettent d’éviter les conneries etc… ». À l’inverse, Maude est plus pessimiste : « J’ai super peur des chiffres et ça va aller de pire en pire ». La jeune étudiante de 21 ans dit s’engager pour éveiller les esprits ainsi que pour réduire, à son niveau, le mal qui a déjà été fait. Elle trouve néanmoins intéressant certains projets alternatifs tels que le Réseau Semences Paysannes, réseau regroupant plus de 70 organisations engagées dans « des initiatives de promotion et de défense de la biodiversité cultivée et des savoir-faire associés » (Source : http://www.semencespaysannes.org/ ) ; « Cela peut faire changer les choses » poursuit-elle.

Le journaliste de France Inter était présent au Salon le vendredi 4. (Crédit photo : Twitter de Denis Cheissoux : @cheissoux)
Une lutte de plus en plus nécessaire
Denis Cheissoux, journaliste reconnu dans le milieu écologique et animateur de l’emission « CO2 mon Amour » sur France Inter, était présent le vendredi pour remettre et animer la remise du prix « Environnement » de la Fondation Banque Populaire du Sud. Il nous explique que le monde actuel représente un fardeau pour les jeunes générations car ce sont eux qui devront vivre avec un monde pollué par leurs aînés mais qui devront aussi trouver des solutions afin de rendre notre planète plus verte. Pour le journaliste, la tâche ne sera pas aisée et il va même jusqu’à comparer le mouvement écologique à « un sport de combat ». « Le lien qui unie l’Humain avec la Nature est un lien éthique, c’est une manière d’être, une façon de fabriquer la paix ». Effectivement, peu importe notre nationalité ou notre place au sein de la société, nous sommes tous tributaires de la planète sur laquelle nous vivons. Comme nous le confie Denis Cheissoux, il faut voir l’Homme et la Nature comme un ensemble homogène, le problème étant que « l’impact de l’Homme a une force destructrice, à cause des intérêts financiers ». Le mouvement écologiste se devait de devenir une vraie lutte politique même si les représentants de celle-ci ne font pas rêver les jeunes selon lui. Pour le reporter, la première nécessité est d’assurer l’avenir en donnant envie aux jeunes de s’investir dans cette lutte. Pour cela, il faut avoir un plan écologique à une échelle autonome sans rentrer dans le jeu des alliances, où le parti est obligé de participer pour avoir une plus grande visibilité : « Le mouvement écologiste ne sert à rien dans un esprit d’alliance, l’écologie ne doit pas être mis de côté mais il faut qu’il soit complètement intégré au moule ».
« L’écologie n’a de sens que s’il est social ». Denis Cheissoux
L’écologie ne doit pas être optionnelle, c’est une lutte mondialisée. « L’écologie n’a de sens que s’il est social. Nous avons un lien avec la Nature, elle nous le rappellera de gré ou de force » indique l’animateur en mettant notamment en avant la question de la pollution des océans. En effet, ces derniers produisent au moins 40% de l’oxygène présent dans notre atmosphère. En somme, en polluant nos océans, nous nous polluons nous-mêmes. Notre planète a supporté plus de 200 ans de production et de pollution intensive mais elle semble atteindre ses limites, Denis Cheissoux décrit la Grande Bleue comme : « une pompe qui sature ». La jeunesse d’aujourd’hui a donc pour mission de réparer les erreurs du passé, sans cela – si nous continuons sur cette voie – l’atmosphère verra sa température monter de pas moins de 4°C. Le progrès écologique, comme tous les progrès sociaux, nécessite néanmoins une mobilisation conséquente, « une paix avec notre planète nécessite une paix avec nos voisins » poursuit le chroniqueur de France Inter.
Nous vivons dans une société dépourvue de sens moral où le chacun pour soi est devenu maître. Au sein de notre territoire particulièrement ravissant, n’est-il pas paradoxal d’avoir d’aussi beaux paysages – tels les paysages camarguais ou cévenoles – et de vivre dans un Etat qui est huitième au classement des nations les plus polluantes au monde (selon une étude menée par les chercheurs de l’Université de Concordia) ?
Vous pouvez soutenir l’organisation en faisant un don sur le site officiel du Salon de l’écologie. Vous pouvez également voir, jusqu’à la fin du mois, l’exposition du Salon au Zoo de Lunaret à Montpellier.