La 32ème Comédie du livre : honneur à la Méditerranée
Du 19 au 21 mai, la Comédie du livre s’est installée sur la place de la comédie pour une 32ème édition dédiée à la méditerranée, et plus particulièrement à la littérature grecque. Un événement qui a souhaité attirer de nouveaux spectateurs avec la présence d’Alain Mabanckou (parrain de cette édition) et la mise en avant de la bande dessinée pour élargir son audience vers les jeunes lecteurs. Retour sur une édition aux accents multiples et variés.
Les rideaux de la 32ème Comédie du livre sont tombés dimanche dernier sur la place de la Comédie. Durant les trois jours, la ville de Montpellier est devenue le cœur de la littérature de la région, réunissant des auteurs de divers horizons et une grande diversité de professionnels du livre.
La littérature grecque mise en évidence
Pour cette 32ème édition, avec comme parrain le célèbre écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, la programmation a porté sur les littératures de la Méditerranée et de la Grèce. Cela a permis aux amoureux du livre – qui ont pris d’assaut les stands dès l’ouverture des portes – de la région et des alentours de découvrir de talentueux écrivains issus des deux rives de la Méditerranée. Par ailleurs, une attention particulière a été portée sur la littérature grecque contemporaine au travers de ses huit meilleurs écrivains : Christos Chryssoupoulos, Dimitris Dimitriadis, Rhéa Galanaki, Christos Ikonomou, Petros Markaris, Ersi Sotiropoulos, Thanassis Valtinos et Zyranna Zateli.
Les habitués de cet événement, devenu incontournable désormais dans le paysage culturel de la Métropole, ont grandement apprécié la formule de cette 32ème édition, en témoigne les propos de M. Guy Dugas ancien Professeur émérite de l’université Paul-Valéry : « J’en apprécie le site, l’organisation très riche et conviviale à la fois, la diversité avec depuis quelques années cette « préférence méditerranéenne » que l’on est en droit d’attendre d’une ville comme la nôtre ».
Cette année également comme les années précédentes, les professionnels du livre n’ont pas manqué le rendez-vous. La jeune maison d’édition lilloise, La Contre Allée a été mise à l’honneur grâce à la diversité de son catalogue et de sa ligne éditoriale.
Pour cette 32ème Comédie du livre, les organisateurs ont accordé une place de choix au 9e art. En effet, pendant les trois jours de la manifestation, une trentaine d’auteurs et d’illustrateurs de bande dessinée ont été présents, parmi lesquels Jori A.Mhaya, Oriol, Clement Oubrerie ou Guy Deliste. Pour Nicole Liza, Conseillère municipale et Déléguée au livre et aux littératures, « Nous souhaitons attirer les populations les plus jeunes » en accordant une place privilégiée à la bande dessinée, à la jeunesse et à la petite enfance. Le souhait des organisateurs fut pour le moins exaucé puisque les jeunes ont massivement afflué vers les stands.
La programmation du 19 mai a été riche en manifestations, parmi lesquelles il convient de citer le Petit-déjeuner littéraire avec Eric Deschodt, les Rencontres autour des auteurs, les Entretiens littéraires avec Ersi Sotiropoulos et ceux de Radio Campus Montpellier. Cette journée a également été marquée par les discussions de Rhea Galanaki, Dimitris Dimitriadis et Ono-dit-Biot autour de l’héritage des mythes de la Grèce antique, auquel la littérature contemporaine grecque doit faire face. Ce débat sur l’héritage littéraire s’est poursuivi au niveau de l’Auditorium du Musée Fabre, mais cette fois-ci, sur les Nouvelles voix de la littérature égyptienne avec Mansoura Ez-Eldin et Youssef Rakha.
La deuxième journée de cette 32ème édition a été autant intense et animée que la première. Trois manifestations ont particulièrement attiré l’attention : les « Petit-déjeuner » avec Kaoutar Harchi et et Roopa Farooki, « La Méditerranée et la Grèce dans la littérature de jeunesse » et « Héroïnes et fortes têtes : trois femmes puissantes ». Il a été question respectivement de découvrir les œuvres de Kaoutar Harchi : « L’Ampleur du saccage » et « À l’origine notre père obscur » publiées aux éditions Actes Sud, ainsi que son essai « Je n’ai qu’une langue, Ce n’est pas la mienne » chez Fayard et celles de Roopa Farooki. La question de la condition féminine et les différentes étapes de son évolution ont été au cœur de la rencontre intitulée « Héroïnes et fortes têtes : trois femmes puissantes » la tunisienne Fawzia Zouari, l’iranienne Negar Djavadi et l’argentine Sara Rosenberg.
Une “carte blanche” remarquée d’Alain Mabanckou
La dernière journée de cette 32ème Comédie du livre a été « Une journée particulière avec Alain Mabanckou » autour de trois rencontres. Animées par A. Mabanckou, les deux premières avaient réuni respectivement Yasmina Khadra et Kaoutar Harchi, Serge Joncour et Yahia Belaskri.

La rencontre avec Alain Mabanckou, Yahia Belaskri et Serge Joncour sur le thème “Les vies minuscules en littérature”. © Ndiaye Kane Sarr
Des sujets tels que le devenir de la langue française et le rapport que les auteurs francophones entretiennent avec elle ou la capacité de la littérature a porté les grandes interrogations de notre époque ont été évoqués. Cette journée s’est clôturée par le « Grand entretien de clôture » dans lequel A. Mabanckou s’est livré avec beaucoup d’humour aux questions de Jean-Antoine Loiseau, en revenant sur son extraordinaire parcours.
Guy Dugas, qui fréquente la Comédie du livre depuis 1995, revient sur la carte blanche accordée au parrain de l’événement : « De cette 32ème manifestation, je n’ai suivi que la journée du dimanche, et, de manière très assidue, la « carte blanche » donnée à Alain Mabanckou. Je trouve cette idée de « carte blanche » très intéressante, et Mabanckou a su s’en saisir avec beaucoup de compétence et d’à-propos : vous aurez noté que, lui, l’Africain, il a mis l’accent dans tous les débats qu’il a animé sur l’aire méditerranéenne et uniquement sur elle, sans s’empêcher du reste de jeter des ponts, de tenter des comparaisons, ni de parler de sa propre expérience d’écrivain francophone ».
Cette 32ème Comédie du livre « a été une réussite. Il y a eu beaucoup de monde, les libraires, les éditeurs, et les auteurs sont tous contents de l’organisation », confie La Conseillère municipale, Déléguées au livre et aux littératures et aux archives municipale.