Ciné-Campus : une programmation étudiante au cinéma Utopia

Affiche Ciné-Campus de L’Avocat de la terreur. © DR
Le lundi 5 décembre aura lieu à 20h30, au cinéma Utopia, la prochaine séance Ciné-Campus organisée par les étudiants de la filière cinéma de l’Université Paul Valéry autour du film L’Avocat de la terreur de Barbet Schroeder. Revenons sur l’une des figures les plus controversées que le barreau français ait connue : Jacques Vergès.
Le Ciné-Campus : un ciné-débat ouvert à tous à des prix attractifs
Ciné-Campus, ce n’est pas seulement une programmation faite par les étudiants mais aussi, et surtout, des ciné-débats animés autour des films qui sont projetés. Cette année, avec sept séances, c’est le Tabou et ses déclinaisons qui sont à l’honneur pour un cycle “sans interdits” : autant d’occasions de s’attaquer à la morale et à la bienséance en regardant des films qui interrogent et bousculent notre société. L’occasion de parler, de débattre et de faire vivre les films après leur projection.
Ces séances se tiennent au cinéma Utopia et bénéficient d’un tarif très attractif : 2 euros pour les étudiants. Arnaud Clappier, le gérant du cinéma Utopia, justifie ce prix exceptionnel, qu’il ne pratique pas d’ordinaire.
“Ce prix s’explique par le partenariat avec le Centre Culturel de l’Université Paul-Valéry. C’est une particularité de Ciné-Campus ; ce n’est pas celle du cinéma Utopia. Je ne pratique pas les tarifs réduits. Je préfère l’égalité tarifaire, c’est à dire que tout le monde paie un tarif normal de 6,50 €.”
La première soirée “sans foi ni loi”, il y a deux semaines de cela, a exhumé le sulfureux Marquis de Sade, célèbre embastillé dont les écrits firent frissonner Paris à l’aube de la révolution française, et a ainsi permis d’abattre la bienséance avec le film Marquis de Henri Xhonneux.
Jacques Vergès, “avocat de la terreur”
Ce lundi 5 décembre, c’est au tour de Jacques Vergès de tenir l’affiche, dans le documentaire L’Avocat de la terreur, pour une soirée “sans défense”. Vergès ? – c’est l’homme qui a défendu le nazi Klaus Barbie, le terroriste Carlos, la militante du FLN Djamila Bouhired. Avocat des causes perdues, il s’est distingué « par une stratégie de l’offensive, communément appelée défense du rupture où c’est l’accusé qui se fait accusateur », rappelle Mathieu Ocio, l’un des organisateurs de la soirée. Par exemple, lorsque Jacques Vergès défend la militante du FLN Djamila Bouhired, il accuse en retour l’État français d’être également responsable de crimes dans ses colonies. Sans cesse il revient sur le passé colonial de la France et l’exhorte à répondre des crimes commis au nom de la colonisation. Romain Gimenes, lui aussi organisateur de cette soirée, ajoute d’ailleurs « mais Vergès, c’est un enfant de colonisé : sa mère est née en Indochine française. Vergès, c’est aussi un résistant : il a combattu aux côtés de De Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale ».
Figure polémique et ambiguë, Vergès met la France face à ses contradictions : patrie des droits de l’homme mais pays colonisateur.
Le passé tumultueux de Vergès
« Barbet Schroeder est le cinéaste des extrêmes. Plus que tout, il s’intéresse aux individus radicaux » insiste Mathieu. En 1974, Barbet Schroeder a déjà réalisé un documentaire sur une figure controversée : le général Idi Amin Dada, le sanglant dictateur ougandais.
C’est tout un travail d’investigation qu’opère Schroeder dans ce film, et comme le précise Romain
Barbet Schroeder “dévoile les contradictions de Jacques Vergès, mais il explore aussi les faces cachées de l’histoire et les relations les plus improbables. Par exemple, saviez-vous que c’est le nazi suisse François Genoud qui a demandé à Vergès de défendre le nazi allemand Klaus Barbie ?”
A l’issue de la séance, un débat aura lieu en présence de M. Eric De Mari, professeur en l’histoire du droit à l’UM1 et spécialiste du droit colonial.
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