Les Hivernales, un atout économique pour la Comédie ?
Pendant un mois, du 29 novembre au 29 décembre, les Hivernales prennent place sur l’Esplanade Charles de Gaulle. Pas moins de 50 chalets tenteront d’attirer le chaland en cette période de Noël, propice à quelques folies dépensières. L’occasion de se demander si ce « marché de Noël du sud » demeure un « élément d’attractivité supplémentaire pour le centre-ville », comme l’affirme le site de Montpellier Agglomération.
En général, la Comédie porte assez mal son nom pendant les dimanches d’hiver. Mais, lors des Hivernales, la plus grande place de Montpellier sort de sa torpeur et retrouve sa vivacité des soirs d’été. Outre le marché de Noël, tous les commerçants de la rue Jean Moulin, de la rue de la Loge et du Polygone se sont donné le mot et ont ouvert boutique pour contenter les acheteurs du dimanche. Sur l’Esplanade, les promeneurs vont de stand en stand, à la recherche d’une idée de cadeau originale. Partout ailleurs, les terrasses sont combles malgré une température peu avenante.
Chaud le cappucino, chaud !
Comme lors des soldes, les achats doivent donner faim et les frénétiques de la carte bleue ont tôt fait de se retrouver au chaud, dans un des nombreux restaurants de la Comédie. Le McDonald’s, par exemple, est bondé. Sa directrice-gérante, Béatrice Deschacht, explique : « les Hivernales, c’est 50 à 70 000 euros de plus de chiffre d’affaires sur le mois de décembre ». En particulier le dimanche : « on a surtout des familles, alors que d’habitude notre clientèle est plutôt étudiante. Les gens viennent beaucoup pour des boissons chaudes, on multiplie par deux nos ventes de cappuccinos, chocolats chauds et cafés ». Un confrère restaurateur confirme : « notre café est à 1 euro. Je ne sais pas si le bouche à oreille fonctionne mais on en vend plus que d’habitude en tout cas ». Et pour cause, contrairement au vin chaud, difficile de trouver du café sur les Hivernales. Parmi les 50 stands du marché, seuls 3 stands en proposent avec des prix allant de 1 euro à 1,30 euro. Chocolats chauds et autres cappuccinos, eux, sont clairement plus chers : jusqu’à 2,50 euros pour un « vrai chocolat authentique ». Pendant que le Banania du Mcdo se vend 1,70 euro.

Le marché de Noël un dimanche après-midi. Le soleil est au rendez-vous, les promeneurs aussi. (Crédit photo : © Wally Bordas)
Mais les promeneurs du marché de Noël viennent aussi manger. Le restaurant Vert Tomate, à l’entrée de l’Esplanade, observe une augmentation de 20% de sa clientèle durant cette période. Fabrice Berthier, le directeur, affirme : « le dimanche et le samedi sont de bonnes journées. On reçoit beaucoup de familles, avec beaucoup de poussettes, ça change de d’habitude ». En revanche, difficile de parler d’une clientèle touristique venant « de tous horizons », comme l’affirme le site de Montpellier Agglomération : « Y a pas vraiment de touristes lors des Hivernales, c’est plutôt l’été, avec les Estivales, où là on peut atteindre une augmentation de 60% du chiffre d’affaires », explique le patron de Vert Tomate.
Le « blocus complet » des Hivernales
Si le Café Riche, le Mcdonald’s, le Café des 3 Grâces ou la Piazza Papa affichent salle comble, les réjouissances ne sont pas partout les mêmes. Au Grand Café de l’Esplanade, par exemple, Gérard Benezeth témoigne, dans un restaurant quasiment vide : « on ne voit pas vraiment de différence de ventes avec les Hivernales ». Pour sa femme, l’explication est claire : « les chalets nous tournent le dos ! Du coup, les gens ne nous voient pas. Donc ils ne viennent pas. Et encore, c’est mieux que l’an passé parce qu’ils ont espacé les chalets. L’an passé, tout était collé et ça faisait un blocus complet ». Un sentiment partagé aussi chez Foot Locker où une des vendeuses se plaint : « quand le Marché de Noël avait lieu sur la Com‘ [ndlr : en 2011], les chalets nous tournaient le dos et les gens nous voyaient plus. Déjà qu’on est coincé entre le Mcdo et le Café Riche, ça n’aidait pas ! ». Et aujourd’hui ? « Pas de différences au niveau des ventes », estime le directeur, Cyril Ramahandriarivelo. Pour les exposants du marché quotidien, le long de la ligne de tramway sur la Comédie, il ne suffit pas d’être visible. Françoise Barbera, qui tient un stand de vêtements chauds, déplore : « les gens ne sont pas acheteurs, on ne fait pas de meilleures ventes, même si le marché de Noël est juste en face ». Des retombées économiques en demi-teinte, pour elle.