Journée Internationale des Droits des Femmes : La Women’s March avec Justicia, tribunal féministe

Rassemblement de la Women’s March, le 8 mars, devant les grilles du Palais de Justice. © Lisa Martinez
De nombreux évènements avaient lieu le vendredi 8 mars à Montpellier, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. À travers ces évènements ont été abordés nombre de sujets, afin de dénoncer les nombreuses discriminations dont sont encore victimes les femmes. Tout particulièrement dans le secteur juridique et légal (reconnaissance des crimes sexuels, protection des femmes dans la sphère privée et publique)…
Depuis 1945, l’accent a été mis sur les questions sexuelles (harcèlement, viol…) ou liées à la maternité (planning familial, liberté d’avoir ou non des enfants, protection de la femme enceinte,..) ou encore à l’emploi… Mais en ce début d’année, selon l’INSEE, entre le 1er janvier et le 3 mars 2019, 30 femmes ont été tuées en France par leur compagnon ou ex-compagnon.
La Women’s March Montpellier était bien présente en ce 8 mars, pour dénoncer les crimes à l’encontre des femmes. Le mouvement a ouvert les manifestations à 12h, devant les grilles du Palais de Justice de Montpellier avec : Justicia, le tribunal féministe. Pour une brève présentation, la Women’s March est un mouvement qui s’adresse à toute personne, sans distinction d’origine, d’âge ou de sexe.
Les femmes qui le représente sont féministes et humanistes. Le féminisme, c’est un ensemble d’idées (philosophiques, politiques ou sociales) ayant pour but d’atteindre l’égalité avec les hommes tant sur le plan juridique que social. Elles défendent toutes celles et ceux à qui l’égalité est refusée, que l’on punit, maltraite ou discrimine pour ce qu’elles/ils sont.
Elles revendiquent également plusieurs principes d’unité, afin de « créer une société dans laquelle toutes les femmes sont libres et capables de soigner ou de nourrir sa famille, dans des environnements sains et sans obstacles ». Des principes tels que : la fin de la violence, les droits reproductifs, les droits des travailleurs et travailleuses, droits civiques, droits des handicapé(e)s, droits des immigrant(e)s, la justice environnementale…
Ce jury populaire et “loufoque” s’est rassemblé pour jouer à ordonner des peines que vivent les femmes, et autres condamnations alternatives à la prison et aux amendes, avec pour seule arme l’humour. Pour représenter un jury digne de ce nom, les deux femmes le représentant, Jade et Anais, ont décidé de se vêtir pour les circonstances. Une habillée en juge et l’autre en Thémis, déesse de la justice, accompagnée de ses attributs (le bandeau, la balance, le genou dénudé…).

La représentante du mouvement, accompagnée de Thémis, déesse de la Justice et de Mme La Juge. © Lisa Martinez
Lutter contre des décisions de justice, souvent injustes face aux violences faites aux femmes
Pour la Journée Internationale des Droits des Femmes, elles ont choisi des cas emblématiques de l’actualité, témoins selon elles d’un système défaillant. Elle ont proposés des peines délirantes, comme : une condamnation à des années de règles accompagnées d’endométriose sévère, une épisiotomie ratée, un taser à couilles intégré, perpétuité à faire infuser les tampons de son thé, tâches ingrates pour les hommes comme prendre perpétuité à la vaisselle et au balai…
Cette manifestation avait pour but de signifier la perplexité de ces femmes, face aux décisions de justice concernant les violences sexistes et sexuelles. Elles considèrent que les peines sont souvent bien trop légères et que la difficulté de mise en oeuvre d’un simple dépôt de plainte est inadmissible. Sachant qu’aujourd’hui en France, une femme sur trois subissent des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie.
Elle ont émis les revendications suivantes contre le Manterrupting (hommes qui coupent la parole à une femme et qui monopolisent en général plus de 75% de la parole en réunion) ; les nombreux politiques dénoncés de cyber harcèlement ou d’harcèlement sexuel, et dont la haute fonction est une circonstance aggravante… Elles évoquent également l’insécurité des femmes dans les transports publics ; la mise en sourdine de l’affaire Weinstein, le danger de la composition des tampons (présence de produits dangereux pouvant provoquer une endométriose, voire des fausses couches…).

Des militantes, présentes à la manifestation, brandissant les panneaux de la Women’s March. © Lisa Martinez
Un combat ancestral pour le droit des femmes, encore loin d’être achevé…
Elles rappellent également plusieurs chiffres : sur 264 viols et tentatives de viols seulement 1% sont condamnés ; 26% des françaises ont déjà été suivies dans la rue ; 1 femme tous les 3 jours meurt sous les coups d’un homme (crime qu’elles appellent « féminicides »), soit un total de 130 victimes par an, sans compter les 150 tentatives d’homicides au sein des couples.
Selon elles, le système judiciaire et policier a encore trop tendance à blâmer les victimes avec de la culpabilisation et des jugements. Elles rappellent tout de même que, depuis le mouvement #metoo (connu également en France sous le nom de #balancetonporc) lancé en 2017, la parole a commencé à se libérer et le nombre de dépôt de plainte a augmenté de 20%. Elles souhaitent vivement que cela continue. Cette manifestation non-traditionnelle, montre bien le chemin parcouru depuis la première manifestation féministe officielle organisée en France, en 1881, par Hubertine Auclert.
L’association organise des maraudes avec une distribution de produits féminins de premières nécessité, aux femmes qui en ont le plus besoin. Sachant, qu’on estime à plus de 10 000€ le coût de revient des produits féminins, dans toute la vie d’une femme. Elles se rassemblaient également plus tard dans la journée, sur les marches de l’Opéra de Montpellier, pour continuer à manifester pour les droits des femmes.
Enfin, nous pouvons dire aujourd’hui que les grandes avancées historiques telles que : le droit de vote (1945) ; légalisation de la contraception et de l’avortement (1967 et 75) ; l’égalité civil et le droit à l’éducation avec l’ouverture des professions réservées aux hommes (1972)… Tous ces changement ont participé à un relatif éclatement du courant féministe, de sorte qu’il n’existe plus aujourd’hui en France de véritable mouvement collectif coordonné.
Pour se renseigner sur la diversité du mouvement féministe aujourd’hui