Humans Of Montpellier n°39
Je m’appelle StDsgn (ça signifie Street Design), je suis né à Montpellier, j’ai grandi ici et j’ai profité de ma ville dans des environnements différents de la culture urbaine, que ça soit dans le skate-board, le street art ou la vie nocturne.
Ça fait 5-6 ans que je performe en street art à Montpellier. Mes spécificités sont d’utiliser pas mal de matières différentes, d’aller vers de nouveaux chemins de traverse. Ça m’amène à découvrir quotidiennement des techniques et à nourrir mes idées de création.
Je nous vois comme des « journalistes artistiques »
Mon principe c’est de redécorer la ville pour trouver des endroits qui semblent pas très accueillants et apporter une modification graphique ou une idée qui redonne vie à un lieu. Je trouve aussi amusant de coller ou d’aller peindre les murs dans les squats, d’aller dans des camps de roms pour aller proposer des peintures et égayer des espaces oubliés.
Je nous vois comme des « journalistes artistiques » c’est-à-dire qu’on écoute, on regarde, on digère et ensuite on propose une vision de l’actualité pour donner un regard différent. Pour ma part je ne m’auto-censure pas, mon regard est tel qu’il est et l’expression de mon art est une façon de prendre la parole dans l’espace ou le débat public.
Pour avoir exercé mon travail à Londres ou à Paris, la réactivité des gens dans la rue est beaucoup plus importante là-bas. Si on regarde les villes autour de Montpellier, on est bien loti. Mais concernant nos activités artistiques, ça reste un village où les gens sont assez peu intéressés par ce que l’on peut proposer dans la rue, malgré que le street-art soit plus à la mode en ce moment.
J’essaye de faire réfléchir les gens ou d’améliorer la rue graphiquement
Dans le même temps, les pouvoirs publics utilisent l’image des street artistes de Montpellier pour redorer le blason de la ville. Mais au final, le fait que de nombreuses sociétés de nettoyage soient engagées pour enlever tout ce que l’on produit est un peu paradoxal. Ce que je trouve étrange c’est que les collectivités locales se réservent le droit de ce qui doit rester sur les murs ou pas. Ça n’a pas trop de sens que ça soit eux qui jugent notre travail dans la rue, ils ont une politique artistique à leur goût !
Moi je pars du principe que la rue est polluée par la publicité où des messages en permanence nous sont envoyés et on a pas un droit de regard sur ce que l’on nous propose en publicité. Alors en effet, j’envahis l’espace public mais j’essaye de faire réfléchir les gens ou d’améliorer la rue graphiquement.