Philippe Saurel : « Ce n’est pas une République libre »
Mardi 10 février, Philippe Saurel donnait une conférence de presse à La Panacée pour aborder avec les journalistes la politique de la ville en matière de culture pour l’année à venir. Il était accompagné de son adjoint délégué à la culture Cédric de Saint Jouan, du directeur de Montpellier Danse Jean-Paul Montanari et d’Anaïs Danon, directrice de La Panacée.
Avant même le début de la conférence de presse, il était évident que le fait qu’elle ait lieu à La Panacée était un moyen pour la mairie d’affirmer sa volonté de garder ce lieu d’exposition ouvert, malgré les rumeurs d’une éventuelle fermeture au cours des derniers mois. Cela avait donné lieu à une pétition qui avait mobilisé nombre d’internautes de la ville et d’ailleurs.
En effet, cette conférence a été l’occasion pour le maire de Montpellier de démonter des rumeurs, de donner sa version des faits. Ce qu’il a fait, entrecoupant les annonces des événements à venir pour l’année de la sorte. Il a profité de la présence des journalistes venus en nombre pour spécifier que Montpellier Métropole allait prendre de plus en plus de place dans les années à venir, même en matière de culture.
La réaffirmation des lieux d’exposition de la ville
« Je n’ai pas du tout l’intention de modifier la trajectoire de ce lieu. » Voilà, c’est dit. La Panacée garde l’axe qu’elle a actuellement. Philippe Saurel ne fait pas dans la langue de bois. Il a d’ailleurs rappelé que ce centre était un lieu municipal et que, par conséquent, « ce n’est pas une République libre » malgré que Franck Bochart, le directeur artistique, ait toute latitude. Du fait que c’est un lieu municipal, le maire trouve donc normal d’insérer des œuvres d’artistes montpelliérains à La Panacée qui a une « dynamique nationale et internationale en matière d’arts numériques ». Il n’est d’ailleurs pas exclu que le label Frenchtech y trouve une place.
D’autre part, Philippe Saurel a réaffirmé sa confiance en Gilles Mora, directeur du Pavillon Populaire, et a ajouté un petit mot au sujet de l’exposition en cours sur Aaron Siskind : « J’y suis retourné il y a peu et c’était plein. » De son côté, l’Espace Bagouet accueillera des artistes montpelliérains très prochainement. Concernant le Carré Sainte-Anne, c’est Cédric de Saint Jouan qui s’est exprimé, annonçant seulement deux expositions pour l’année à venir car des travaux commenceront en novembre-décembre.
Les autres événements à venir
Venu pour parler de Montpellier Danse, Jean-Paul Montanari était aussi présent pour la ZAT qui aura lieu les 5 et 6 avril prochains dans le quartier des Grisettes. Il est en charge d’organiser l’événement et a déjà pris connaissance des lieux mais semblait l’avoir découvert à cette occasion : « Il y a des immeubles, des ruines, c’est agricole, c’est étrange et rigolo. » Cette ZAT sera un exemple d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. C’est prévu comme tel. Devançant toute contestation face à son rôle de pilote pour la ZAT, Jean-Paul Montanari a rappelé que Montpellier Danse avait fait venir Maurice Béjart sur la Place de la Comédie en 1994. Et même si c’était il y a plus de vingt ans, le directeur de Montpellier Danse semble assez sûr de lui et a expliqué comment se rendre dans le quartier des Grisettes à l’assemblée.
L’affiche de la Comédie du Livre, qui se tiendra du 29 au 31 mai, a par ailleurs été dévoilée. Le maire a nié toute ressemblance avec son affiche de campagne, et ce non sans humour : « On ne va pas changer la couleur de la mer, du ciel ou des arbres. » Quant au Cinemed qui avait fait tant parler de lui à sa précédente clôture : « Je n’ai pas du tout l’intention de le stopper » a déclaré Philippe Saurel. Ce qui était encore plus clair, c’est ce qui a suivi : « Ceux qui ne veulent pas travailler avec moi, ils s’en vont ! » Et ce sans citer de nom…
En conclusion ?
En conclusion, rien de bien nouveau dans la ville où le soleil ne se couchait jamais. Ce qui est annoncé, c’est surtout une reprise des événements déjà mis en place par les précédentes mandatures. Il semble s’agir pour Philippe Saurel d’affirmer le pouvoir de la mairie avant toute chose, avant d’apporter des innovations. Car pour le musée du souvenir initialement prévu, transformé en Centre d’art contemporain, cela ne sera pas avant 2016 voire 2017. Les architectes planchent de nouveau.
Ce qu’il y a à retenir de cette conférence pour les lieux d’exposition de la ville, c’est donc la volonté de la part de la mairie d’utiliser au mieux les lieux qu’elle a en main, tout en maintenant la gratuité. Le maire s’étant « interdit de toucher à la culture populaire ». Un positionnement que Cédric de Saint Jouan nous avait déjà exposés en novembre dernier.
Pour le reste, on retiendra que Philippe Saurel compte bien garder les cordons de la bourse serrés quand ce n’est pas validé par lui-même. Il n’a laissé aucun doute là-dessus : « La ville de Montpellier n’est pas une tirelire. » Cela tombe bien, les Montpelliérains non plus.
(Photo de Une : Anaïs Danon, Cédric de Saint Jouan, Philippe Saurel, Jean-Paul Montanari)
(Crédit : © Audrey Villate)