Une marche contre les récents événements survenus à Gaza
Samedi 19 mai dernier, près de 200 personnes se sont mobilisées en solidarité aux manifestations tenues la semaine dernière à Gaza. Une marche montpelliéraine organisée par le comité BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) 34 afin de dénoncer l’usage disproportionné de la force par l’armée israélienne face à ces manifestations.
Depuis le 30 mars, les palestiniens manifestent tous les vendredis à la frontière israélo-palestinienne dans la Bande de Gaza. La « Marche du Retour » est une manifestation annuelle pour commémorer la Nakba, l’exode de la population arabo-palestinienne qui avait vu en 1948, la création de l’Etat d’Israël. Lors de cette première guerre Israélo-Arabe, 700 000 palestiniens ont été contraints à l’exode. On estime actuellement leur nombre à 5 millions de réfugiés, incluant les descendants de la première génération d’exilés palestiniens.
Une décision politique, des conséquences dramatiques
Pour le 70ème anniversaire de cet exode, le monde a les yeux rivés sur le Proche Orient depuis que le Président américain, Donald Trump a annoncé vouloir reconnaître Jérusalem comme capitale israélienne. Une promesse de campagne du controversé Président américain qui a été tenue le lundi 14 mai dernier avec l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem, anciennement située à Tel-Aviv. En présence de la fille devenue conseillère de l’ancien homme d’affaire, Ivanka Trump et du chef d’état israélien, Benyamin Netanyahou, Jérusalem est devenue officiellement le centre des relations diplomatiques israélo-américaines.
C’est ce même jour que des manifestations, en opposition à cette décision, ont eu des conséquences dramatiques dans la Bande de Gaza. Un usage de la force par l’état israélien motivé par la volonté de protéger ses frontières contre le Hamas, classé sur les listes d’organisations terroristes. Les soldats israéliens tirant à balles réelles sur les manifestants, le bilan faisant état de 61 morts et près de 2400 blessés.
Parallèlement en France, le Comité BDS France 34 s’était engagé dès le début de la « Grande Marche du Retour », le 30 mars dernier, à se réunir tous les samedis sur la Place de la Comédie pour soutenir les manifestations en Palestine. En conséquence aux événements survenus le 14 mai dernier, les montpelliérains se sont déplacés pour apporter leur soutien à la cause palestinienne, puisque près de 200 personnes ont défilé dans les rues de Montpellier.
D’abord rassemblé Place de la Comédie, le Comité BDS France 34 a eu, « comme à son habitude » selon José Luis Moragues (porte parole de la Campagne BDS France 34) le droit à un procès verbal adressé par la Police Municipale. « Systématiquement, la Police Nationale et Municipale refusent de nous voir dénoncer Israël sur la Place de la Comédie » indique-t-il. Un refus commandité par les hautes sphères de la ville selon le militant pro-palestinien : « On en est au huitième PV […] il y a un ciblage de la Campagne BDS Montpellier par la mairie et par le préfet, ils ne veulent pas que l’on dénonce Israël ».
C’est aux alentours de 15h30 que l’ensemble des personnes dénonçant les crimes contre Gaza décident de partir en manifestation. Le cortège essaye de rameuter le plus de monde possible. Le parcours de la manifestation les mènent par hasard devant une brûlerie arborant en vitrine, une affiche du festival Montpellier Danse, que le comité BDS France 34 appelle à boycotter. Déjà plus tôt dans la semaine, le mouvement pro palestinien avait mené une action coup de poing contre le festival. Un boycott justifié selon eux : « Il faut engager des actions contre ce festival parce qu’il y a notamment deux spectacles sponsorisés qui s’inscrivent dans la saison France-Israël ». La commerçante, qui n’avait apparemment pas connaissance de cela, a finalement retiré l’affiche de sa vitrine, un geste applaudi par l’ensemble des manifestants.
#BDS la manifestation du @COMITEBDSFR34 en direction de la rue du Faubourg Courreau #Montpellier pic.twitter.com/GK3IvsrGxV
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 19 mai 2018
Mais ce n’est pas le seul arrêt du cortège. Celui-ci décide de faire une halte à Plan Cabanes pour dénoncer publiquement la consommation de dattes Mejhool, variété importée d’Israël et mise en vente par certains commerçants du quartier. « Notre objectif est de montrer aux gens que la campagne de boycott est le seul moyen pour lutter contre la scandaleuse impunité d’Israël » nous explique José Luis Moragues.
Si un certain nombre de montpelliérains ont répondu présent à cette mobilisation, le Comité BDS France 34 n’en est pas le seul artisan. Des étudiants présents à l’Assemblée Générale de la Fac des Sciences mercredi 16 mai dernier, avaient appelé à la convergence des luttes en faveur du mouvement pro-palestinien. Des mouvements politiques étaient également présents lors de la manifestation, notamment le NPA et la France Insoumise. « Ce qu’il s’est passé à Gaza est absolument inacceptable […] la réaction de la France me paraît assez légère tout de même » nous expliquait Gérard, militant de la France Insoumise. Il est vrai qu’Emmanuel Macron a condamné des « actes odieux » mais dans le même temps, le Président français a condamné « avec beaucoup de fermeté tous les propos tenus par le Hamas et l’ensemble des mouvements qui ont mis en danger la sécurité d’Israël ».
Des réactions hétéroclites à Gaza
D’autres réactions ont fusé dans l’Hexagone suite aux événements de lundi dernier, notamment les propos d’Arno Klarsfeld, célèbre avocat franco-israélien, qui ont fait réagir sur la toile : « Le Hamas est une organisation terroriste […] En Israël, ils entrent dans les maisons et égorgent les nouveaux-nés. Donc Israël est obligé de se défendre. ». Dans le reste du monde, les réactions à ces événements sont divisées. En Europe, les gouvernements britannique, allemand et irlandais ont réclamé l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’affaire menée par l’ONU. Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi a, quant à lui, pris la décision importante d’ouvrir pour la première fois depuis 2013, la frontière commune entre l’Égypte et la Bande de Gaza. Une ouverture exceptionnelle d’un mois à l’occasion du ramadan pour « alléger les souffrances » des gazaouis.
De son côté, les États-Unis ont bloqué lundi dernier l’adoption d’un communiqué du Conseil de Sécurité de l’ONU appelant à une enquête indépendante. Des américains étaient d’ailleurs présents dans le cortège montpelliérain, à travers l’association « Americans for Peace and Justice ». « On veut montrer que nous aussi, les américains, nous ne sommes pas d’accord avec ça. Et d’ailleurs, il y a en ce moment des manifestations de la communauté juive aux États Unis pour protester contre l’occupation de la Palestine » nous affirme un des membres de l’association.

Des membres de l’association Americans for Peace & Justice étaient dans le cortège pour soutenir Gaza. © Viziondakour
Certaines ONG comme Reporters Sans Frontières ont également appelé la Cour Pénale Internationale à enquêter sur des « crimes de guerre commis par l’armée israélienne contre des journalistes palestiniens » lors des événements survenus le 14 mai dernier. Les prochaines semaines nous diront si les récentes actions passées à Gaza auront des répercussions politiques et diplomatiques sur l’État hébreux.
En attendant, le Comité BDS France 34 continue de vouloir rassembler chaque semaine les montpelliérains sur la question palestinienne. Une action, indéterminée pour le moment, aura lieu la semaine prochaine. Pour rappel, depuis le début de la « Grande Marche du Retour », commencé le 30 Mars dernier, 114 palestiniens sont morts sous le feu des balles israéliennes.
#Montpellier environ 200 personnes à la manifestation du @COMITEBDSFR34 suite aux événements liés à #Gaza et au déplacement de l’ambassade américaine à #Jérusalem pic.twitter.com/AWEQqmNSy9
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 19 mai 2018