Humans Of Montpellier: Safir MEBANI
Je m’appelle Safir Mebani, j’ai 31 ans, je suis né à Poitiers et je vis à Montpellier depuis que j’ai 3/4 ans. Mon métier est plutôt original, créatif, très technique et pas très démocratisé en France, car je suis cake designer.
Pour moi le marché du Lez, c’est très parisien
J’aime énormément Montpellier, c’est une très belle ville. On a de la chance de vivre dans cette ville où il fait soleil presque tout le temps. Je suis supporter du MHSC depuis toujours. J’ai grandi dans le quartier du Petit Bard, puis Croix D’Argent et aujourd’hui je vis à Port Marianne avec ma femme et mes quatre enfants. C’est un confort de vivre dans cette-ville, à côté de chez moi il y a deux grands parcs où je vais très souvent avec mes enfants. Pour aller au centre-ville, le tramway nous y emmène, on peut même y aller à pied depuis chez nous. On peut aller à la gare, à l’aéroport, faire les courses, on peut tout faire. Quand j’étais petit j’allais tous les mercredis, samedis et dimanches à la ludothèque Frédérico Fellini et Emile Zola avec mon frère et des amis. On consultait des livres, écoutait de la musique, regardait des films… En sport je pratiquais le football, le jiu-jitsu brésilien et chaque week-end pendant les vacances scolaires j’allais à la piscine avec mes amis. J’aime beaucoup le marché du Lez. Ce marché a un esprit Paris mais à Montpellier. C’est plein de verrières, c’est très bohème, c’est très parisien.
A partir de là, on a commencé à faire des cupcakes, puis on a commencé à faire du cake design.
A cette époque, mon travail n’avait aucun lien avec les gâteaux. J’avais validé un BEP Comptabilité. J’étais chargé clients au sein d’un grand groupe français. J’étais téléconseiller, je travaillais 35h par semaine… Plutôt à l’aise à mon poste, j’avais envie d’évoluer et j’ai donc décidé de passer des diplômes en candidat libre. J’obtiens mon BAC, puis mon BAC +2 Manager Technico-Commercial. Une fois ce précieux sésame obtenu, je tombe dans un chômage profond. Plus d’un an sans travailler, sans être reçu une seule fois en entretien. Une année de galère à m’occuper de mes enfants.
Pendant ce temps, je faisais des gâteaux à la maison, je faisais pleins de petits gâteaux. Une fois mon fils avait mangé un de mes gâteaux en me le redemandant plusieurs fois. C’était le kiffe, c’était genre « Ouais je fais plaisir à mon enfant !» C’est une sensation fantastique ! Le deuxième déclics, c’était la seconde grossesse de ma femme. En pleine nuit, elle me demande des cupcakes. Une mission impossible. En trouver dans les épiceries, c’est impossible. Nous sommes donc allés au Quick. Ils faisaient des muffins. On leurs a dit « Sur un muffin mettez de la glace » et comme par hasard il n’en avait plus. Le lendemain on s’est mis à faire des cupcakes… qui étaient très mauvais. Ma femme en a commandé en Avignon, on les a goûté et on s’est dit « Ah ouais c’est bon ! C’est facile en fait ! »
A partir de là, on a commencé à faire des cupcakes, puis du cake design.
Il y avait une série qui passait sur la chaîne Vivolta. ça s’appelait « Cake Boss » et c’ était une famille italienne à New York et ils faisaient que des gâteaux de fous, genre des gâteaux hauts de 4 mètres, larges de 15 mètres . Et je me suis dit «On peut faire tout ça avec des gâteaux ?! »
Et là, avec ma femme, on s’est mis et après moi j’en ai fait mon métier. J’ai donc passé mon CAP pâtissier en candidat libre, puis une formation hygiène HACCP, et enfin un stage de préparation à l’installation. Pour me former et me perfectionner, j’ai au départ cherché comme toujours sur internet des formations vidéos afin de m’entraîner à la maison et progresser à mon rythme. Puis je découvre Nina Couto. Je la contacte et m’inscris pour des ateliers privés. Plusieurs jours à ses côtés m’ont permis de m’améliorer notamment en Wedding-Cake et d’ajuster mes finitions, je découvre la dentelle alimentaire, le glaçage royal, l’aérographe et j’élargis à nouveau ma vision du Cake Design. J’affine mon sens de l’inventivité. Elle me sensibilise sur mes faiblesses, me corrige. Bref… Je deviens clairement meilleur !
Safir Mebani: Il fallait trouver une solution. Soit arrêter soit réajuster le tir.
Pour moi la famille de par mes valeurs, mes origines et ma religion, c’est sacré. Mon entreprise de cake designer se nomme “SingulierS” c’est aussi une façon d’adapter mon métier par rapport à ma vie de famille.
Avant je vendais surtout des gâteaux de cake designer, le problème c’est que je passais beaucoup trop de temps en cuisine et trop peu de temps avec ma famille. C’était un gros problème pour moi. Il fallait trouver la recette pour que je puisse continuer à exercer ma passion et aussi accorder un peu plus de temps à ma famille. L’idée de me concentrer sur de la formation vient d’un coup de pied mental quand mes enfants me disaient « Ah, mais tu pars toujours travailler ! » C’était vraiment très dur pour moi.
Dans les métiers d’artisan, on ne devient pas riche comme ça. Pour être riche il faut faire énormément de gâteaux et physiquement c’était impossible d’en faire plus que ce que je produisais déjà. La contrepartie c’est que je ne pouvais pas prendre de vacances. Donc voilà, il fallait trouver une solution. Arrêter ou réajuster le tir. Créer une boutique en centre-ville et proposer autres choses ou élargir la gamme mais financièrement je ne pouvais pas. En parallèle, je proposais des formations, j’avais de bons retours, de bons avis et je prenais beaucoup de plaisir. je me suis dit : GO, c’est ce qu’il faut faire !
J’ai mis plus d’un an à ouvrir SingulierS parce que j’avais peur, peur de me rater, de mal faire les choses, de ne pas avoir assez d’argent pour payer mon loyer, pour rembourser l’emprunt.
Le nom SingulierS prouve bien qu’on ne cherche pas à faire quelque chose de commun.
J’organise différents ateliers, pendant une demi-journée, par exemple pour faire des cupcakes ou des macarons. Ça peut être une formation d’un mois, durant laquelle les gens vont approfondir le métier de cake designer. Donc là on va apprendre toutes les bases du métier et découvrir pleins de choses. Et au milieu de tout ça, j’ai des formations sur 1, 2 ou 3 jours sur les bases du cake design, des modelages, des techniques de fleurs… et également des formations de préparation au CAP pâtissier pour toutes les personnes qui veulent se former en candidat libre.
C’est ouvert à tout le monde, ça va du touriste qui voit de la lumière, qui entre et qui veut faire de la pâtisserie, au gourmand qui veut essayer, à la mamie qui veut faire plaisir à ses petits-enfants… ou bien pour le professionnel qui veut apprendre des choses qu’il ne connaît pas et aussi par exemple un restaurant qui veut élargir sa carte de desserts. Moi je serais là en tant que consultant et je vais auditer l’entreprise pour voir un peu comment ça fonctionne, puis trouver des solutions pour optimiser le temps de travail. Être plus rapide, plus productif et surtout pour proposer de la nouveauté. Très souvent, les mêmes desserts reviennent sur toutes les cartes.
Mon rêve serait d’ouvrir une pâtisserie, un endroit dans le centre-ville, avec du passage. Ce serait quelque chose à thème, ça ne serait pas une pâtisserie classique comme on peut croiser partout, j’ai vraiment pleins d’idées, de concept en tête. J’aimerais faire un salon de thé chic avec les valeurs de la ville. Pour les ingrédients je veux du circuit court. Prendre local à 100 %. Pas de carte définitive, je veux des desserts du jour. Pas de routine où tu fais tout le temps de la tarte aux pommes, de la tarte aux citrons, de la tarte aux abricots…
Le nom SingulierS prouve bien qu’on ne cherche pas à faire quelque chose de commun. Il faut que ça soit original, différent. C’est vraiment le maître mot. No LIMIT !
Très bel article qui nous permet de découvrir de véritables talents locaux. Je ne connaissais pas et à la suite de la lecture de cet article, je n’ai qu’une envie, aller goûter les douceurs de ce Monsieur. Merci pour la découverte.