Une manifestation en solidarité avec le peuple Rohingya

La manifestation en soutien aux Rohingya à la rue de la Loge en direction de la Comédie. © Fessoil Abdou
Une semaine après un rassemblement en faveur des Rohingya, un collectif d’associations a organisé samedi 16 septembre une manifestation pour dénoncer l’oppression que vit cette minorité musulmane en Birmanie.
Une belle journée ensoleillée a déferlé sur Montpellier en ce samedi 16 septembre ! Pourtant, le thème mis en lumière par les manifestants qui ont investi la place de la Comédie durant cet après midi est loin d’être un sujet radieux. En effet, une centaine de personnes ont manifesté en faveur des Rohingya, un peuple opprimé qui vit dans la région de Rakhine (appelée également Arakan) située à l’ouest de la Birmanie. Co-organisée par le BDS 34, le FUIQP 34 et l’EMF, cette manifestation intervient une semaine après le rassemblement pour les Rohingya initié par l’Union des Musulmans de l’Hérault qui a mobilisé plus de 100 personnes sur cette même place.
Une répression birmane qui vire au génocide des Rohingya
Cette marche qui s’est déroulée de la place de la Comédie vers la préfecture pour revenir sur ses pas à la Comédie, avait pour but de dénoncer le nettoyage ethnique que subit la population musulmane des Rohingya par le régime birman. Une répression de l’armée birmane qui s’abat particulièrement sur les rebelles de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), qui dit vouloir défendre les droits bafoués de cette minorité musulmane, mais également sur les civils musulmans.
#Montpellier une manifestation a lieu en faveur des #Rohingya, une ethnie persécutée en #Birmanie pic.twitter.com/D8DWy2DknI
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 16 septembre 2017
Depuis la fin du mois d’août, une centaine de maisons de villages musulmans ont été incendiées et au moins 500 morts (en majorité des Rohingya) ont été recensés. Les civils rohingya fuient les violences dans leur région depuis que l’armée birmane a lancé une vaste opération à la suite d’attaques le 25 août dernier sur des postes de police par les rebelles de l’ARSA qui ont fait une centaine de morts (dont une dizaine de policiers).
Selon les derniers chiffres du Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), près de 380 000 Rohingya se sont réfugiés vers le pays voisin du Bangladesh pour éviter les troubles et les exactions commises par les forces de sécurité birmanes contre les Rohingya dont le HCR qualifie d’ « exemple classique de nettoyage ethnique » . Avant les attaques du 25 août dernier, on recensait 800 000 Rohingya en Birmanie, considérés par les moines bouddhistes radicaux comme une menace pour ce pays peuplé de 51 millions de personnes dont près de 90% des habitants pratiquent le bouddhisme.
Une crise humanitaire que condamnent les organisateurs de la manifestation, déterminés à faire prendre conscience de la discrimination et du génocide dont est victime de longue date les Rohingya. Un peuple qui a été privé de la nationalité birmane depuis une loi de 1982, que l’on a interdit de travailler en dehors de leurs villages, de se marier sans l’autorisation préalable des autorités, d’avoir accès aux soins de santé, à l’éducation et au vote depuis les élections générales de novembre 2015.
La communauté internationale nous montre une fois de plus leur incompétence
Manu, militant du BDS 34 et l’un des principaux animateurs de la manifestation, en appelle au boycott des produits birmans vendus dans les centres commerciaux, mais également au boycott touristique de la Birmanie, une destination de plus en plus prisée ces dernières années. Un moyen de pression citoyen présenté comme une alternative à l’inertie de la communauté internationale reprochée par les manifestants, notamment par Sami du FUIQP 34.
Une pluie de critiques sur Aung San Suu Kyi
Ce dernier estime que la situation déplorable que vivent les Rohingya illustre le fait que la communauté internationale « nous montre une fois de plus son incompétence ». « C’est un épouvantail » ajoute t-il pour affirmer l’impuissance sur le drame que les Rohingya subissent malgré la récente injonction de l’ONU adressée à la Birmanie de faire cesser les violences.
#Montpellier une centaine de personnes dénoncent le génocide perpétré contre les #Rohingya en #Birmanie pic.twitter.com/BJefBlKENo
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 16 septembre 2017
Une réaction tardive pour Sami qui attend que la justice internationale traduise la lauréate du prix nobel de la paix en 1991 et actuelle cheffe du gouvernement de Birmanie, Aung San Suu Kyi, pour crime contre l’humanité. Très critiquée parmi les manifestants, Aung San Suu Kyi est décriée pour sa passivité et son déni sur le cas des Rohingya, notamment depuis ses dernières déclarations où elle s’est offusquée d’un « iceberg de désinformation » concernant cette communauté musulmane.
Même son de cloche pour Imane Diani, ex-candidate de la France Insoumise dans la 9ème circonscription de l’Hérault lors des dernières élections législatives, qui se dit réservée sur l’efficacité des missions de certains organismes internationaux. Elle déclare « si on remonte sur le fil de l’AFP en rapport à ce sujet, cela fait 4 ans que l’on voit se dérouler ce drame et personne ne met la pression sur le prix nobel de la paix ?! ».
Seule personne présente issue du personnel politique local durant cette manifestation, elle en appelle à tous les politiques « d’avoir le courage nécessaire pour faire pression sur la Birmanie et de supprimer en premier lieu le statut d’apatride des Rohingya (…) face à cette situation qui est inacceptable ! ».
En attendant de voir une pression internationale s’exercer sur le régime birman, ce collectif associatif a l’ambition de préserver la mobilisation citoyenne pour les Rohingya tant que la répression du régime birman perdure. Le prochain rendez-vous donné aux manifestants aura lieu samedi prochain pour débaptiser la rue Aug San Suu Kyi, dans le quartier Port-Marianne et la renommer symboliquement « Rue des Rohingyas ».