Humans of Montpellier n°54
Je m’appelle Myriam Garcia Marienstras, j’ai 26 ans et je suis en troisième année de licence de Lettres Modernes à Paul Valery. J’ai réalisé un film : “L’amour se vit à deux”. Un court-métrage, sur le thème de la banalisation du viol chez les 15-20 ans. Ce film a été diffusé au festival Paul Va au Cinéma lors de la journée de lutte pour les droits des femmes.
“Je me sens beaucoup mieux à Montpellier qu’à Paris”
Je suis parisienne à la base et je n’en pouvais plus de cette ville. Des amis m’ont conseillé de venir les voir à Montpellier. Au final, j’y suis restée. Je me sens bien dans cette petite ville. Enfin, plus petite que Paris. Au début, j’étais réticente. Je ne savais pas trop ce que je voulais, mais au final, je pense que je peux me trouver dans cette ville. Savoir qui je suis, puisque j’ai énormément changé de parcours, j’ai fait du droit, du théâtre pendant 10 ans… Je ne savais pas si j’allais être bien ici. Mais au final, c’est beaucoup plus agréable. C’était exactement ce que je cherchais ! On croise les mêmes gens et surtout on peut se balader dans toute la ville à pied. Rien que pour ça j’aime Montpellier.
Pour sortir, j’aime beaucoup traîner dans certains bars. La Panacée, le Barricade… mais j’aime aussi l’architecture de la ville. Tout le centre médiéval, Saint-Roch, l’ouest du Peyrou et la Place Ravy. 20% des scènes du premier film ont été tournées à Montpellier. Et 100% pour le second film. On peut voir la rue Jeanne d’Arc, la place de la Canourgue et le quartier de Saint-Cléophas, mais de nuit et vu d’un appartement. Il faut dire aussi que le climat est beaucoup plus sain qu’à Paris. On risque moins d’avoir de la pluie pendant un tournage. J’aimerais bien rester dans la région pour tourner mes futurs créations. Je n’ai aucune envie de retourner à Paris, la capitale ne me manque pas.
“Mon prochain film restera dans le thème”
Mon film parle d’une soirée étudiante comme il en existe tant. Des amis s’amusent, boivent beaucoup. C’est à moitié inconsciente que la protagoniste se trouve confrontée au viol par un des garçons de la soirée. Elle n’arrive même pas à trouver du réconfort auprès de ses amis, qui ne la croient pas, parce qu’elle semblait s’être plus que bien amusée lors de la soirée. Je suis très sensible à ces histoires. J’ai eu l’idée de ce film quand des amies m’ont raconté leurs histoires personnelles. Elles avaient été violées et tout le monde s’en foutait. Cette scène, beaucoup l’ont vécu. Je me suis demandée “Pourquoi les hommes ne recherchent pas le consentement des autres ?”
Beaucoup de gens ont réagi lors de la diffusion du film. En bien ou en mal, la preuve que les droits des femmes et la reconnaissance du viol ont encore beaucoup de chemin à faire. Une dame était très indignée du film et surtout par les mots “banalisation du viol” que j’ai utilisés. On m’a aussi reproché un manque de message à passer. Ce n’était pas le but. Je voulais montrer un moment précis du temps. Je voulais exprimer ce qui est invisible pour les hommes, mais terrible pour les femmes.
Vendredi 9 mars, j’ai présenté un projet de film devant toute une équipe de professionnels, dont des producteurs. Trois d’entre eux étaient intéressés par ce que je faisais. Ce film, c’était “Oui, mais non.” dont nous avons fini le tournage la semaine dernière dans Montpellier. C’est un film comique. Avec un humour noir, léger. Il restera dans le thème du premier puisqu’il parlera du viol consenti. Le film se doit d’être drôle pour cette même raison. Tout le comique va créer une pression et un clivage autour des personnages et des spectateurs. Comment parler d’un viol quand le violeur ne comprend pas qu’il est violeur et que la société ne considère pas sa façon d’agir comme celle d’un violeur ?