Une marche pour un accès réel à l’égalité des personnes handicapées

Gabrielle Henry au micro durant la handi-parade pour l’accès à l’égalité des personnes en situation de handicap. © Fessoil Abdou
Une première handi-parade pour l’accès à l’égalité des droits des personnes handicapées a eu lieu samedi 29 septembre. Le cortège qui a déambulé du Peyrou jusqu’à la Comédie avait pour revendications l’accès à l’égalité effective et le retrait de l’article 18 de la loi ELAN.
Le mot d’ordre est lancé avant la marche : « Les handicapés ne veulent plus être à part, mais avec, ensemble, être associés à part entière dans tous les domaines de la société » déclare les organisateurs de cette manifestation. Au cours de cette mobilisation pour l’égalité des droits des personnes en situation de handicap, plus de 400 personnes ont répondu présent selon Gabrielle Henry, vice-présidente déléguée au handicap du département de l’Hérault, qui est à l’initiative de cet événement.
#Montpellier début de la marche pour l’égalité des droits des personnes en situation de #handicap pic.twitter.com/m7Rtw9n3ug
— LeNouveauMontpellier (@LeNouveauMtp) 29 septembre 2018
Une démarche qui se veut être citoyenne, précise l’élue, afin de dénoncer les discriminations que vivent les personnes en situation de handicap dans leur quotidien. Selon le rapport d’activité 2017 du défenseur des droits, le critère du handicap est devenu la première cause de discrimination. Il représente le premier motif de saisine auprès de cette autorité publique (21,8% en 2017 contre 19% en 2016) devant l’origine (17,6% contre 21,3% en 2016). Un phénomène alarmant pour lequel Gabrielle Henry souhaite alerter, à travers cette manifestation, sur « la réalité quant à la situation des personnes handicapées, comment elles sont mises de côté, comment les enfants handicapés ont du mal à trouver une place à l’école ».
La loi Elan au cœur de la protestation
Ainsi cette marche, qui a débuté au Parc du Peyrou, a fait différentes haltes vers le Palais de justice, la préfecture et devant la statue de la place Jean Jaurès. Des arrêts prévus pour relater, devant l’auditoire, les situations dramatiques voire illégales que subissent les personnes en situation de handicap. L’un des récits narrés fut un homme en fauteuil roulant voyageant à Nîmes, ayant reçu des refus successifs par les conducteurs de bus d’accéder à bord, bien qu’ils étaient équipés pour transporter des personnes à mobilité réduite. Des prises de paroles complétées par la lecture d’extrait de la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées notamment de son article 9 lié à l’accessibilité.

Prise de parole des organisateurs de la marche devant la statue de la place Jean Jaurès. © Fessoil Abdou
Un domaine dont souffre particulièrement les personnes en situation de handicap et pour lequel elles se sont principalement mobilisées durant ce samedi après-midi. Car le sujet qui a provoqué la grogne des personnes en situation de handicap depuis quelques mois concerne la loi ELAN (Évolution du Logement et Aménagement Numérique). L’article 18 de ce projet de loi prévoit le passage de 100% de logements neufs accessibles aux personnes handicapées, à 10%. Le reste devant être « évolutifs » c’est-à-dire, rendus accessibles à l’issue de « simples travaux » par exemple des cloisons amovibles ou de changement de douche. Finalement, une commission mixte paritaire de 14 sénateurs et députés s’est réunie le 19 septembre dernier pour retenir un quota de 20%.
Atteindre les gens qui font des lois discriminantes
Une augmentation du seuil, certes, mais un dispositif qui remet tout de même en cause le principe d’accessibilité universelle posé par la loi du 11 février 2005 sur le handicap. Un argument repris par ailleurs par le défenseur des droits, Jacques Toubon, dans un avis rendu en mai dernier indiquant que l’article 18 de la loi ELAN est « de nature à porter atteinte aux droits des personnes handicapées ».
Pour Gabrielle Henry, cette mesure a été un choc pour les personnes en situation de handicap « se loger va devenir très difficile » explique-t-elle. En se basant sur les calculs de l’Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés, elle estime qu’il y aura réellement 4% de logements construits qui seront accessibles après l’adoption de la loi ELAN. Un autre sentiment d’injustice qui les a menés à protester dans la rue pour « atteindre les gens qui font des lois discriminantes » ajoute sans détour Gabrielle Henry.
#Montpellier passage festive sur la rue de la loge de la marche pour l’égalité des droits en faveur des personnes en situation de #Handicap pic.twitter.com/sMMtqazgA8
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Une manifestation au ton grave mais à l’ambiance festive, accompagnée par une fanfare composée de jeunes musiciens issus du Conservatoire de Montpellier. Une marche qui s’est clôturée devant l’Opéra Comédie par un spectacle de Mozaik Danses, constitué de danseurs « valides » et en situation de handicap, ayant ravi le public malgré les dysfonctionnements du matériel de sonorisation. Une déambulation pour montrer que le handicap n’est pas quelque chose de triste et que l’inclusion sociale des personnes handicapées est possible, à condition que l’accès à l’égalité des droits soit effectif.